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Demandeurs d’asile et CPE | L’affaire sera entendue devant la Cour suprême

(Ottawa et Québec) La Cour suprême du Canada se prononcera sur le cas du gouvernement du Québec, qui souhaite empêcher les enfants de demandeurs d’asile d’avoir accès à des garderies subventionnées. Du côté de la CSN, le gouvernement caquiste est accusé de « harcèlement judiciaire envers les demandeurs d’asile ».


Publié à 10h09

Mis à jour à 17h28

Ce que vous devez savoir

  • La Cour suprême décidera si les demandeurs d’asile peuvent bénéficier des services de garde subventionnés du Québec.
  • Le gouvernement Legault a porté cette cause en appel devant le plus haut tribunal du pays, dans l’espoir de casser le jugement de la Cour d’appel du Québec qui lui était défavorable.
  • Jusqu’au verdict final, les parents demandeurs d’asile peuvent continuer d’envoyer leurs enfants en garderie et obtenir une subvention de l’État québécois.

Le plus haut tribunal du pays a annoncé sa décision jeudi, ce qui signifie que l’affaire sera entendue dans les mois à venir.

Le procureur général du Québec a annoncé l’intention du gouvernement du Québec de s’adresser à la Cour suprême dans une requête déposée en février dernier devant la Cour d’appel du Québec.

Il a demandé au tribunal de suspendre l’exécution de son jugement qui a donné raison aux demandeurs d’asile et leur a donné accès aux centres de la petite enfance (CPE).

La Cour d’appel a conclu que l’exclusion des demandeurs d’asile du programme d’accès aux services de garde subventionnés contrevenait à la Charte canadienne des droits et libertés de la personne.

Plus précisément, le tribunal y a vu une mesure discriminatoire à l’égard des femmes, violant le droit constitutionnel à l’égalité.

La ministre québécoise de la Famille, Suzanne Roy, était en désaccord avec cette lecture.

« Nous sommes profondément en désaccord avec l’interprétation des juges selon laquelle il s’agit d’une discrimination fondée sur le sexe », a-t-elle déclaré l’hiver dernier.

Soulagement au Québec

Jeudi, la ministre Suzanne Roy a salué la décision de la Cour suprême.

Le gouvernement fédéral « doit vraiment intervenir », selon elle, compte tenu du « poids énorme » pour le Québec de la décision de la Cour d’appel rendue en février dernier.

Puisqu’il était « exécutoire », c’est-à-dire qu’il obligeait le gouvernement à agir immédiatement.

Pour répondre à cela, quelque 7 000 places en crèches subventionnées doivent donc être créées dans la province pour accueillir les demandeurs d’asile âgés de 0 à 4 ans.

“Cela veut dire 88 CPE, donc environ 300 millions pour les infrastructures, 120 millions par an pour les subventions, mais au-delà de tout ça, 900 éducateurs qu’il faudrait avoir pour remplir ces CPE”, a énuméré le ministre. .

« Nous sommes en pleine pénurie de main d’œuvre, nous travaillons déjà pour compléter le réseau […]on a du mal à avoir des éducateurs dans les nouveaux CPE que l’on développe, et là, on rajoute une pression supplémentaire», a-t-elle déploré.

Son collègue à la Justice, Simon Jolin-Barrette, a soutenu que le dossier du Québec était solide.

« Les juges nous entendront de manière neutre et impartiale. Nous plaiderons nos arguments, puis nous considérerons que nous avons de bons arguments », a-t-il déclaré.

« Acharnement judiciaire »

Sans nier le problème du manque d’éducateurs, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) estime que le gouvernement de François Legault se trompe de coupable.

« Ce dont nous avons besoin, c’est de plus de places dans les CPE et dans les services de garde éducatifs à l’enfance en milieu familial », a déclaré Caroline Senneville, présidente de l’organisation syndicale, dans un communiqué.

« Cela fait longtemps que nous tirons la sonnette d’alarme. Toutefois, les solutions sont connues, a-t-elle ajouté. Et cibler les demandeurs d’asile n’en fait pas partie. »

Un changement au Québec à l’origine de la cause

L’affaire remonte à 2018, lorsque Québec a réinterprété un article selon lequel une personne est admissible à une garderie subventionnée si elle « reste au Québec principalement pour y travailler ».

La Cour supérieure a rendu un premier jugement le 25 mai 2022, statuant en faveur de la demanderesse, Bijou Kanyinda.

Cette décision a été immédiatement portée en appel par le gouvernement. La Cour d’appel s’est alors prononcée, le 7 février, en faveur de Mme.moi Kanyinda.

“Nous aurions aimé que cela s’arrête là, mais plaider notre cause devant la Cour suprême n’est pas forcément quelque chose de négatif”, a déclaré son avocate, Mme.e Sibel Ataogul.

Ce qui est positif, c’est qu’en attendant le verdict, qui pourrait prendre plusieurs mois, la décision de la Cour d’appel continue de s’appliquer, a-t-elle souligné.

Bref, les parents peuvent continuer de bénéficier de leur subvention et envoyer leurs enfants à la garderie, note Me Ataog.

Ce n’est plus un problème pour sa cliente, une Congolaise d’origine arrivée au Québec via Roxham Road en octobre 2018 : elle a depuis obtenu son statut de réfugiée.

« Pour elle, ça n’a plus vraiment d’impact. Elle continue le dossier pour les autres, explique son avocat. Et je le fais par conviction. Nous allons aller au bout de notre système judiciaire. »

Avec Charles Lecavalier, Hugo Pilon-Larose et Suzanne Colpron, La presse

 
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