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Avec LUNA, l’Europe est « à bord pour le retour sur la Lune », affirme Thomas Pesquet

Ludovic MARIN

L’Europe est “à bord pour le retour sur la Lune” avec LUNA, son installation simulant la surface de notre satellite, se félicite dans un entretien à l’AFP l’astronaute Thomas Pesquet, pour qui participer à une mission lunaire serait “un rêve”.

Le Français a testé mercredi au Centre aérospatial allemand (DLR) de Cologne cette installation “unique au monde”, qui reproduit l’environnement lunaire et doit permettre de former des astronautes et de tester les équipements qui iront un jour sur la Lune.

QUESTION : Comment s’est passée votre première « sortie » ?

RÉPONSE : Avec Matthias (Maurer, un autre astronaute de l’Agence spatiale européenne, ndlr), nous avons répété à quoi ressemblerait un voyage à la surface de la Lune dans des combinaisons spatiales de 25 kg avec des équipements pour la géologie, la communication, pour déployer des antennes, analyser des roches. …

Ce qui m’a surpris, c’est la lumière rasante qui sera sur la Lune, notamment au pôle Sud. On a beaucoup de mal à évaluer le relief, avec ce régolithe (l’épaisse couche de poussière qui recouvre la surface lunaire, ndlr), où l’on s’enfonce. Dès que nous quittions le sentier, trouver où poser les pieds était une autre histoire.

Ce qui frappe, c’est aussi la lenteur. Nous ne sommes pas sur Terre, nous sommes beaucoup moins compétents. Cela m’a rappelé mes sorties dans l’espace sur la Station spatiale internationale (ISS).

Q : Que représente l’inauguration de LUNA pour les ambitions européennes ?

R : C’est un peu un moment charnière pour l’Europe car nous nous lançons réellement dans l’exploration lunaire. Nous avons déjà pris des engagements avec la NASA sur pas mal de fournitures d’éléments et d’équipements pour Artemis (le programme américain de retour sur la Lune, ndlr). Mais LUNA est bien la première marque très visible du fait que, ça y est, nous sommes embarqués pour le retour sur la Lune.

Nous le prouvons en investissant dans des choses qui dureront à long terme. Nous allons ouvrir cette installation à d’autres agences spatiales, à des chercheurs et, nous l’espérons aussi, à des entreprises privées.

Q : LUNA peut-elle renforcer les chances que les Européens fassent partie de ceux qui mettront réellement le pied sur la Lune ?

PAR PAU

R : Notre participation au programme américain Artemis – essentiellement le module de service de la capsule Orion qui permettra aux astronautes de se rendre sur la Lune – nous donne trois places sur les trois premières missions. Mais ce sont des missions autour de la Lune. La NASA nous dit +pour descendre sur la Lune, il faut proposer quelque chose qui puisse se faire en surface+. Les Japonais ont un rover pressurisé et nous avons un atterrisseur que nous espérons utiliser pour avoir notre mot à dire. LUNA n’est pas quelque chose de contractuel, mais cela nous permet d’afficher notre volonté.

Q : La Lune est-elle un objectif personnel pour vous ?

R : Oui. Dans ma génération d’astronautes, recrutés en 2009, nous avons tous fait une ou deux missions vers l’ISS, nous sommes tous restés entre 100 et 400 jours dans l’espace. Maintenant on veut aller plus loin, c’est normal. Ce serait le rêve et l’aboutissement d’une carrière. La Lune est encore 1 000 fois plus éloignée que l’ISS. Quand vous allez à l’ISS, vous avez l’impression de faire quelque chose d’inhabituel. Mais aller sur la Lune est encore un autre niveau d’aventure.

Q : Pour un astronaute de votre génération, né après les dernières missions Apollo, que représentait la Lune ?

R : Ce n’était probablement pas aussi fort pour nous que pour les générations précédentes. Ce qui est libérateur, car nous n’avons pas commencé notre carrière en nous disant « de toute façon, nous ne ferons jamais aussi bien ». Nous avons seulement regardé vers l’avenir. Et les missions ISS demandent beaucoup de travail ! Pendant presque 10 ans, j’avais la tête dans le guidon et quand j’ai commencé à souffler en 2022-2023, les missions lunaires sont arrivées. C’est une opportunité phénoménale.

Q : Vous entraînez-vous déjà pour cela ?

R : Nous nous entraînons, mais c’est un objectif à la fois assez lointain et diffus. Nous ne savons pas exactement ce que nous ferons. Sommes-nous en train de nous entraîner pour être aux commandes du vaisseau Orion ou pour descendre à la surface ? Ce sont des missions complètement différentes. Il nous manque aussi beaucoup d’éléments matériels pour pouvoir nous entraîner. Nous sommes donc prêts.

 
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