La réforme judiciaire plonge l'économie du pays dans l'incertitude – Mon blog
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La réforme judiciaire plonge l'économie du pays dans l'incertitude – Mon blog

Vue aérienne de la Bourse du Mexique le 5 août 2024 (Rodrigo Oropeza)

L'économie mexicaine est plongée dans l'incertitude après la promulgation dimanche d'une réforme judiciaire controversée qui fait du Mexique le premier pays au monde à élire tous ses juges au suffrage universel.

La réforme constitutionnelle affaiblira la 12e économie mondiale en « érodant » l’équilibre des pouvoirs et ses institutions, avertissent les investisseurs et les agences de notation telles que Moody’s.

Le président sortant de gauche nationaliste, Andrés Manuel Lopez Obrador, n'a pas tardé à rejeter ces avertissements comme étant de la « pure fiction », citant des « chiffres records » en matière d'investissements étrangers sous son gouvernement en 2023.

Quels risques ce changement constitutionnel représente-t-il pour l’économie mexicaine ?

– Quels impacts sur l’investissement ? –

La principale préoccupation des investisseurs est l'affaiblissement du pouvoir judiciaire face aux pouvoirs exécutif et législatif, selon l'agence de notation Moody's.

« La nouvelle loi pourrait politiser les décisions de la Cour fédérale et de la Cour suprême de justice de la nation (CSJN), en plus de compromettre l'indépendance du système », a déclaré l'agence dans un récent rapport.

L'agence maintient la note Baa2 du Mexique en catégorie d'investissement, avec une perspective stable, mais souligne que la réforme a un « impact négatif élevé » sur sa note de dette souveraine.

Moody's estime qu'un « choc de confiance prolongé » pourrait « ralentir l'investissement privé ».

Les investissements directs étrangers (IDE) au Mexique ont battu des records en 2023 (36 milliards de dollars), soit 27 % de plus qu'en 2022, a déclaré le gouvernement Lopez Obrador.

La nervosité des investisseurs avant l'approbation de cette mesure a porté préjudice aux actifs financiers mexicains. Le peso est tombé à son plus bas niveau depuis près de deux ans face au dollar, une situation qui pourrait perdurer.

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– Comment cela affecte-t-il le commerce et le nearshoring ? –

« Le gouvernement mexicain envoie un signal inquiétant sur la fragilité institutionnelle du Mexique, mettant en danger les relations avec nos partenaires commerciaux, les flux de capitaux et la croissance économique », a déclaré mardi la Confédération patronale mexicaine (Coparmex).

En 2023, le Mexique est devenu le premier partenaire commercial des États-Unis, destination de 80 % de leurs exportations.

La réforme menace les relations commerciales avec les États-Unis et le Canada, ses partenaires de l’Accord de libre-échange nord-américain (T-MEC, plus de 750 milliards d’échanges en 2023).

« Il existe des inquiétudes quant au fait que les décisions des juges ne prennent pas nécessairement en compte la loi mexicaine et les accords juridiques que le Mexique a conclus avec les États-Unis et le Canada », a déclaré Jason Marczak, vice-président du Centre Adrienne Arsht pour l'Amérique latine au sein du groupe de réflexion américain Atlantic Council.

La reconfiguration du système judiciaire mexicain sera également prise en compte dans une future révision du T-MEC, prévue pour 2026.

« C'était déjà une révision très controversée, mais si nous ajoutons cette énorme réforme (…) cela rendra le Mexique beaucoup plus vulnérable », a déclaré Carlos Ramirez, associé du cabinet de conseil Integralia.

Les inquiétudes concernent également l’impact de la délocalisation au Mexique d’entreprises situées en Asie (« nearshoring »), une tendance qui s’est accélérée depuis la pandémie de Covid afin d’améliorer les conditions d’approvisionnement du marché américain.

La réforme « fera réfléchir à deux fois les entreprises soucieuses de la sécurité juridique et économique à long terme de leurs investissements », a déclaré M. Marczak.

– Les réformes peuvent-elles ralentir la croissance ? –

« Il est très possible (…) que l’économie mexicaine tombe dans une longue période de stagnation », a déclaré sur X Gabriela Siller, responsable de l’analyse économique de la banque BASE, qui n’exclut pas la probabilité d’une « récession ».

Le cabinet de conseil Oxford Economics a déclaré que même si la réforme « ne représente pas une menace immédiate pour l'économie dans son ensemble », l'incertitude freinera l'investissement, qui pourrait chuter de 12 % par rapport aux prévisions, a indiqué le cabinet.

Avant même que les législateurs n'approuvent la réforme, la banque centrale du Mexique avait réduit ses prévisions de croissance pour cette année de 2,4% à 1,5%.

dr-jla/fr/st/tmt

 
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