La neuvième édition de la Biennale Images Vevey se tiendra du 7 au 29 septembre. Le thème de l’affiche 2024, « (dés)connecté », propose des expériences visuelles traitant du fossé créé par les technologies numériques entre passé, présent et futur.
Biennale d'arts visuels la plus importante de Suisse, la manifestation culturelle autour de la photographie reste fidèle à son concept : des expositions et installations photographiques sur-mesure, en extérieur comme en intérieur, à découvrir gratuitement dans toute la ville de Vevey (VD) durant trois semaines, du 7 au 29 septembre.
Plus de cinquante artistes de vingt-deux pays différents sont invités cette année. Ecologie, géopolitique, économie, arts, éducation et loisirs : tous les secteurs de la société sont concernés par cette révolution des nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle (IA). La cinquantaine de projets présentés « créeront des liens entre nostalgie du passé et curiosité pour un avenir incertain », résument les responsables de la Biennale Images Vevey.
« Les propositions artistiques joueront sur le sentiment de connexion et de déconnexion entre la réalité tangible et la fantaisie numérique », expliquent-ils. Le public sera donc parfois confronté au doute face aux images exposées afin de déterminer, par exemple, l’origine humaine ou numérique d’une œuvre.
Paul Graham emmène les passants de New York à Vevey
Après un détour par New York en mai dernier, la série « Sightless » du photographe britannique Paul Graham, tournée il y a vingt ans à Times Square, se déconnecte de la foule new-yorkaise et s’installe dans les rues de Vevey. Avec cette installation artistique, Images Vevey s’était en effet exportée pendant une semaine dans la Grosse Pomme ce printemps au milieu des écrans publicitaires géants de la célèbre place.
Avec « Sightless », Paul Graham a immortalisé les passants les yeux fermés, absorbés dans leurs pensées, au début des années 2000, bien avant que les AirPods et les smartphones ne monopolisent toute l'attention.
Autre œuvre phare de cette neuvième édition, également signée par un Britannique, l’installation monumentale et expérimentale d’Oliver Frank Chanarin, qui confronte la photographie analogique et les systèmes robotiques de pointe, la pratique photographique manuelle et l’automatisation, « mettant en évidence les tensions croissantes entre l’humain et la machine, les technologies passées et futures ».
Plus près de chez nous, le photographe suisse Vincent Jendly rend hommage aux bateaux « Belle Epoque » de la Compagnie Générale de Navigation sur le lac Léman (CGN). Pièce la plus grande de la Biennale avec ses 1000 m2, son image représentant « La Suisse », le vaisseau amiral de la CGN, est visible sur l’une des façades du siège de Nestlé, au bord du lac.
Ukraine et immigration
Ouverts au public pour la première fois de leur histoire, les jardins entièrement repensés de la multinationale Nestlé exposeront le travail de Vincent Jendly ainsi que celui de la photographe japonaise Chino Otsuka. Voyageant dans le temps, elle insère des portraits d'elle-même adulte dans des photographies de son enfance grâce à Photoshop.
La guerre en Ukraine est également présente. Installé à Kiev, Sasha Kurmaz la vit au quotidien. Pour faire face à cette situation et dénoncer l’invasion russe, l’artiste crée un journal sous forme de collages en collectant de nombreux matériaux dans les décombres. « Red Horse » transforme ainsi « son témoignage personnel en un acte universel de résistance ».
A découvrir également, le travail du chinois Guanyu Xu. « Resident Aliens » met en lumière la perméabilité des habitations des immigrés en attente de régularisation de leur statut de résident et leur difficulté à faire de leur domicile un lieu intime. Une œuvre engagée, entre Chine et Etats-Unis.
Masques rituels et « Poltergeist »
L’artiste angolais Edson Chagas réinterprète, à travers des photographies d’identité, des masques africains, utilisés dans un contexte rituel et spirituel historique, dans la banalité présente et quotidienne. Un peu similaire, mais en Inde, Gauri Gill collabore avec des fabricants de masques réalisés pour les performances rituelles d’un festival de la communauté Adivasi et des peuples indigènes, entre mythologie et réalité précaire.
Un autre regard et dans ce cas un « commentaire acerbe » sur la surconsommation et la dépendance technologique : le projet de la photographe des Émirats arabes unis basée à New York, Farah Al Qasimi. Revisitant le film « Poltergeist » (1982), elle critique l’omniprésence des systèmes connectés ou des appareils intelligents qui prennent le contrôle de notre quotidien et envahissent l’espace privé.
ats/odeur
Neuvième édition de la Biennale Images Vevey, du 7 au 29 septembre 2024.
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