Partager les gymnases des écoles | Les municipalités indignées de payer le prix de coupes de 9 millions

Québec économisera 9,1 millions en cessant de rembourser les frais des écoles qui ouvrent leurs installations sportives aux citoyens en dehors des heures de classe, une décision qui touche principalement l’île de Montréal et Laval, mais aussi les villes de la banlieue métropolitaine et de l’Estrie.

Les élus municipaux ont dénoncé cette « décision déconnectée de la réalité », qui « prend les citoyens en otage », lors d’une conférence de presse jeudi à Verdun.

Par exemple, certaines activités offertes par l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro dans les écoles de son secteur pourraient être annulées à la fin janvier, a indiqué le maire de l’arrondissement, Jim Beis.

« Si nous devons payer la location des gymnases scolaires, cela pourrait monter jusqu’à 700 000 $, ce qui est impossible pour nous. Un jeune qui paie 50 $ pour s’inscrire au basketball pendant l’hiver pourrait avoir à payer quatre fois plus », a-t-il déploré. « Ces écoles ont été financées par les contribuables, elles appartiennent aux citoyens. Ils devraient pouvoir les utiliser en dehors des heures de classe.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

La mairesse de l’arrondissement LaSalle Nancy Blanchet, la mairesse de Montréal Valérie Plante et le maire de l’arrondissement Pierrefonds-Roxboro Jim Beis

Pierrefonds-Roxboro avait des ententes avec deux commissions scolaires sur le partage des installations scolaires. Le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys a accepté de maintenir l’accès à ses écoles jusqu’en mai, mais la Commission scolaire Lester-B.-Pearson a décidé de mettre fin aux activités municipales à la fin janvier, puisque son budget ne lui permet pas d’assumer les dépenses liées à l’ouverture de ses installations le week-end, rapporte M. Beis.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, ainsi que le président de l’Union des municipalités du Québec, Martin Damphousse, et les maires de Verdun, Marie-Andrée Mauger, et de LaSalle, Nancy Blanchet, ont également demandé au ministère de l’Éducation du Québec ( MEQ) de revenir sur sa décision, lors de la conférence de presse.

C’est aux municipalités de payer, dit le ministre

Onze centres de services scolaires au Québec, sur 72, ont demandé au ministère le remboursement de leurs frais liés à l’ouverture de leurs locaux le soir et la fin de semaine, afin que tous les citoyens y aient accès. Outre les cinq centres situés sur l’île de Montréal, il s’agit du CSS de Laval, du CSS des Affluents, à Repentigny, du CSS des Patriotes, à St-Bruno, du CSS des Grandes-Seigneuries, à La Prairie, de le CSS des Sommets, à Magog, et le CSS des Hauts-Cantons, à East Angus.

Cette mesure coûte au MEQ 9,1 millions par année.

« La grande majorité des CSS du Québec ont des ententes avec les municipalités de leur territoire sans que le gouvernement ne les compense financièrement. Nous pensons que les quelques CSS touchés peuvent le faire à leur tour», a commenté le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, sur les réseaux X et Facebook. «Nous appelons également les communes à discuter avec leur CSS afin de parvenir à une entente comme cela se fait ailleurs. »

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Depuis que la Ville de Montréal a dénoncé cette décision lundi en conseil municipal, le MEQ n’avait pas précisé quelles régions étaient touchées et quel montant était en jeu. La nouvelle a donc semé la panique parmi les fédérations de sport amateur, qui craignaient que leurs partisans partout au Québec doivent payer beaucoup plus cher pour leurs activités.

Lire Accès aux installations sportives scolaires : le sport amateur compromis

Face à la perspective de devoir payer la note, les élus municipaux dénoncent l’accumulation de nouvelles dépenses que leur impose le gouvernement du Québec.

Valérie Plante a donné l’exemple de l’itinérance, où des investissements insuffisants du ministère de la Santé et des Services sociaux obligent les villes à développer des services.

Mais surtout, elle a fait valoir que, depuis 2020, les municipalités ont dû débourser des millions de dollars pour fournir des terrains aux futures écoles. « C’étaient les Montréalais qui payaient le terrain avec leurs impôts, et puis on leur demandait de payer pour l’accès au gymnase de cette école ? Cela n’a aucun sens», a déclaré le maire.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Le président de l’Union des municipalités du Québec, Martin Damphousse

Les municipalités et les districts n’ont pas l’intention d’empêcher les élèves d’utiliser les installations municipales pendant les heures de classe, comme les arénas, les bibliothèques ou les terrains de sport. “Mais en nous faisant adopter un nouveau projet de loi, ce sont les communes qui auront l’odieux de dire aux citoyens qu’ils doivent payer des frais supplémentaires”, a déploré Martin Damphousse.

À LaSalle, les employés municipaux recherchent des endroits pour relocaliser certaines activités, a expliqué la mairesse de l’arrondissement, Nancy Blanchet. “Mais c’est compliqué de discuter des prix pour chaque usage, ça prend beaucoup de temps pour tout renégocier”, dit-elle. Le discours politique du gouvernement prône l’optimisation et la rigueur budgétaire, mais la nouvelle donne va obliger les villes et les centres de services scolaires à se facturer, ce qui demande plus de temps et plus d’employés. »

«Nous ferons tout pour assurer ces services», a assuré Valérie Plante. Mais il est de notre responsabilité de dénoncer cette décision irresponsable du gouvernement qui prend en otage les familles et les villes, en nous disant qu’il faut assumer la facture. »

 
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