Fermeture de sept entrepôts | Amazon met à pied 1 700 employés au Québec

Le géant Amazon cesse la livraison directe aux clients du Québec, qui sera confiée à des sous-traitants. Sept sites seront fermés et 1 700 salariés seront licenciés.


Publié à 8h42

Mis à jour à 12h11

L’entreprise affirme avoir pris la décision d’arrêter la livraison dite du « dernier kilomètre » après mûre réflexion. Après une période de transition de deux mois, les clients québécois seront servis par des fournisseurs tiers. “Rien d’autre ne change pour les clients”, a déclaré un porte-parole de l’entreprise.

Le message officiel de l’entreprise se lit comme suit : « À la suite d’un récent examen de nos opérations au Québec, nous avons jugé bon de revenir à un modèle de livraison par des tiers soutenu par de petites entreprises locales, similaire à celui que nous avions en 2020, fournira le même bon service et voire des économies pour nos clients à long terme. »

Cette décision n’a pas été prise à la légère et nous offrons aux employés concernés une indemnisation comprenant jusqu’à 14 semaines de salaire suite à la fermeture de l’établissement et des avantages transitoires, tels que des ressources externes de relocalisation d’emploi.

Barbara Agrait, porte-parole d’Amazon

Les salariés concernés par cette décision sont les managers, les salariés des centres de livraison et des centres de tri. Des milliers d’entrepreneurs indépendants qui livrent au domicile des clients sont également indirectement concernés par cette décision.

Les sept sites Amazon qui seront fermés sont les deux centres de tri situés à Longueuil et Côteaux-du-Lac, les trois centres de distribution de Laval et Lachine et le centre de livraison d’articles volumineux situé à Longueuil.

Les travailleurs de l’entrepôt d’Amazon à Laval ont récemment obtenu une accréditation syndicale, ce qui pourrait avoir pesé sur la décision de l’entreprise.

Lire « Fermeture des entrepôts Amazon : une décision « regrettable », selon les villes impactées »

Amazon a annoncé des mises à pied sans en aviser au préalable le gouvernement du Québec. «Pour l’instant, nous n’avons pas reçu d’avis de congédiement collectif», a indiqué la ministre de l’Emploi, Kateri Champagne Jourdain, en marge d’une réunion du caucus caquiste à Saint-Sauveur. Elle ajoute que parfois cet avis est envoyé après une annonce de licenciement.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE ARCHIVES

Kateri Champagne Jourdain, ministre de l’Emploi

« Dès que ce sera fait, évidemment, nous mettrons en place […] un comité d’aide à la reclassification où nous accompagnerons les travailleurs qui souhaiteraient se réorienter vers un autre secteur, trouver un emploi ou obtenir une formation. C’est ce que nous faisons habituellement et naturellement mes pensées vont aux travailleurs et à leurs familles qui sont touchés par cette triste nouvelle », a-t-elle déclaré.

Elle ne fait pas de lien de cause à effet entre la syndicalisation d’un entrepôt d’Amazon au Québec et l’annonce de mises à pied. “C’est une décision de réorganisation”, selon elle. « Pour le moment, ce que nous comprenons, c’est que nous revenons aux anciennes habitudes de livraison, c’est-à-dire faire affaire avec des entreprises plus petites. Et c’est ce qui permettra à l’entreprise de réaliser des économies », a-t-elle expliqué.

Le ministre du Travail, Jean Boulet, n’a pas non plus voulu faire un tel lien. «Je ne ferai aucun commentaire sur le bien-fondé de la décision. A ce stade, nous sommes contraints de respecter les décisions qui nous sont communiquées. Pour le reste, vous connaissez l’histoire, et je ne veux pas entrer dans les détails des relations patronales-syndicales», a-t-il déclaré. Il a esquivé les questions lui demandant si le gouvernement remettrait en question ses achats sur Amazon, surtout au lendemain de l’appel du premier ministre François Legault à acheter au Québec. « Nous allons raisonner de manière ordonnée sur la situation », se limite-t-il à dire.

-

Quant à François Legault, il a détourné le sujet. « Premièrement, le Canadien a encore gagné. Et deuxièmement, je n’ai pas bu d’orange ce matin, du jus d’orange», a-t-il déclaré, faisant allusion à ses propos de la veille sur l’importance d’acheter au Québec dans le contexte des menaces tarifaires de Donald Trump.

M. Legault a rectifié le tir quelques heures plus tard. Il a expliqué que ses commentaires n’étaient pas une réponse à la question sur l’annonce d’Amazon et qu’il comptait réagir seulement plus tard lors d’une conférence de presse. “La prochaine fois, je te ferai un sourire”, dit-il.

“Mes pensées vont aux travailleurs et à leurs familles”, a-t-il déclaré. « Nous avons des programmes qui existent, et nous ferons tout pour les remplacer. Mais il n’en demeure pas moins qu’Amazon est une entreprise privée et qu’il s’agit d’une décision commerciale d’une entreprise privée. »






Demande de boycott

Cette sortie a été vivement critiquée par le chef par intérim du Parti libéral, qui accuse François Legault d’ignorer le désarroi des familles des 1 700 travailleurs touchés. «Je ne peux ignorer la réaction complètement déconnectée et insensible de François Legault interrogé ce matin par les journalistes sur cette actualité qui est une catastrophe dans la vie de 1 700 familles québécoises», a-t-il rétorqué.

Il n’hésite pas à faire un lien entre la syndicalisation d’une usine d’Amazon et la décision de fermeture. «Il est clair que c’était probablement un mobile», a-t-il déclaré, en marge du caucus présession de son parti à Orford. M. Tanguay demande à aider les travailleurs à trouver un nouvel emploi. La députée Madwa-Nika Cadet demande pour sa part au gouvernement du Québec de boycotter Amazon à l’avenir. « Le gouvernement doit cesser d’acheter sur Amazon à ce stade », a-t-elle déclaré.

Selon le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, les Québécois touchés par cette annonce « méritent mieux » comme réponse du gouvernement Legault. «On parle de 1 800 emplois touchés et je pense qu’au Québec, on mérite mieux que des blagues sur le hockey et le jus d’orange dans des circonstances comme celles-là», a-t-il déploré en marge d’une réunion de son caucus à Terrebonne.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon, leader of the Parti Québécois

Il n’est pas prêt à faire le lien avec la syndicalisation d’une des installations du géant.

Supposons que ce soit le cas, si notre modèle économique au Québec consiste simplement à faire venir des multinationales en leur offrant des cadeaux, n’espérez pas de loyauté en échange. C’est la conséquence du modèle économique prôné par les libéraux et la CAQ au cours des dernières années.

Paul St-Pierre Plamondon, leader of the Parti Québécois

Paul St-Pierre Plamondon estime que les organismes publics comme les villes et les ministères devraient envisager de cesser tout achat sur la plateforme en ligne.

Avec la collaboration de Charles Lecavalier et Fanny Lévesque, La presse

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV la BEI compte doubler ses investissements dans la défense en 2025
NEXT Chappell Roan partage son top 10 des looks « emblématiques » de 2024