la mère reconnaît pour la première fois « des actes de torture et de barbarie » sur sa fille – Libération

la mère reconnaît pour la première fois « des actes de torture et de barbarie » sur sa fille – Libération
la mère reconnaît pour la première fois « des actes de torture et de barbarie » sur sa fille – Libération

Avertissement

Cet article comprend des descriptions d’abus et peut être choquant.

Confessions inédites. Accusée d’avoir laissé mourir de faim Amandine, une adolescente de 13 ans, sa mère a pour la première fois reconnu les faits ce mardi 21 janvier, au deuxième jour de son procès devant les assises de l’Hérault. Le 6 août 2020, jour de son décès des suites d’un arrêt cardiaque au domicile familial à Montblanc, près de Béziers, la collégienne ne pesait que 28 kg pour 1,55 m, victime de « actes de torture ou de barbarie » pour lequel sa mère, Sandrine P., 54 ans, est jugée depuis lundi. Des faits qu’elle a finalement reconnu, après quatre ans de niage. Elle risque la réclusion à perpétuité, dans un verdict attendu ce vendredi au plus tard.

C’est la diffusion d’un enregistrement audio qui a provoqué un tel revirement. Avant de suspendre l’audience ce mardi soir, le président du tribunal, Eric Emmanuelidis, a diffusé un son, enregistré en 2019 par des voisins. On distingue la voix de Sandrine P. et les cris, larmes et sanglots d’Amandine : “Aïe, aïe, arrête, pas ça, j’ai mal…”. S’ensuit alors un échange entre le président et l’accusé.

– Madame, reconnaissez-vous les violences commises contre Amandine entre 2014 et le 17 mars 2020 ?

– Oui.

– Ainsi que les actes de torture et de barbarie commis entre le 17 mars et le mois d’août, notamment les humiliations de l’avoir enfermée dans une chambre pendant des semaines, de l’avoir affamée ?

– Oui, je l’avoue.

Jusque-là confinée au froid, la mère se met soudain à pleurer. “C’est la première fois que je te vois pleurer.” rapporte alors le magistrat. Dans la foulée, son compagnon, Jean-Michel C., 49 ans, qui risque 30 ans de réclusion pour avoir “privés de soins ou de nourriture” sa belle-fille reconnaît également les faits. «J’éprouve une énorme culpabilité à cause de cela» il admet.

« Totalitarisme familial »

Longuement interrogée comme témoin ce mardi, avant ces soudains aveux, une autre de ses filles, Cassandra, 28 ans, avait raconté les violences et les privations alimentaires subies durant l’enfance. « Un jour, ma mère m’a ouvert la tête avec un manche à balai. » se souvient la jeune femme, qui n’avait jamais osé dénoncer ces faits. “Personne ne pouvait nous sauver, nous ne pouvions qu’attendre d’avoir 18 ans pour prendre la fuite et espérer que ceux qui restaient survivraient.” Ce que tu décris, “c’est un totalitarisme familial”, lui fait remarquer le président du tribunal, évoquant l’ambiance créée par la mère de huit enfants, de trois pères différents, propriétaire d’un salon de manucure.

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Entendu après lui, son frère Jérémy, 29 ans, décrit également les violences qu’il a endurées jusqu’à son départ du foyer, à 18 ans. Pour avoir fait tomber “un grand pot en céramique”, sa mère l’étrangle. Puis, pour le repas, “On m’a servi un flageolet dans mon assiette, c’était humiliant”, dit-il en assurant que sa mère l’avait déjà « menacé de mort ». Une autre fois, lui et Cassandra ont dû s’agenouiller pendant des heures sur une règle en bois, tenant un dictionnaire à bout de bras au-dessus de leur tête. Le jeune homme se tourne alors vers sa mère : « Reconnaissez que vous n’êtes qu’un criminel. Prenez vos responsabilités ! lui demande-t-il, rappelant qu’Amandine était devenue le bouc émissaire de sa mère dès son plus jeune âge.

“Qu’est-ce que tu lui as fait?”

A cette heure de la journée, le quinquagénaire affirmait encore ne pas comprendre “quoi” sa fille est morte. Le président du tribunal diffuse alors des photos. La première date de la rentrée 2019. « C’est votre fille. Elle n’a pas un grand sourire, mais elle a un joli visage. souligne le magistrat. « Et voici le corps d’Amandine tel que nous l’avons retrouvé, au deuxième étage de votre maison. » allongée sur le dos, au sol, extrêmement émaciée. Puis un gros plan de son visage est montré, tuméfié, orbites enfoncées, joues creuses, sang sur le front, cheveux arrachés, dents cassées.

Le magistrat l’interroge.

– Qu’est-ce que tu n’as pas vu ou compris ? Est-ce qu’elle s’est privée de manger ?

– Oui, je pense.

– Que lui as-tu fait ? Il est temps.

En vain. Sandrine P. reste concentrée sur le visage torturé de sa fille et ne dit toujours rien. Huit heures plus tard, après les témoignages de Cassandra et Jérémy et la diffusion de l’enregistrement audio des voisins, elle prend enfin la parole. Une occasion unique de tenter de comprendre pourquoi, et comment, elle a pu en arriver là. Sandrine P. et Jean-Michel C. auront à nouveau l’occasion de s’exprimer avant le verdict, attendu vendredi.

 
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