Les dirigeants africains appellent à la souveraineté face aux propos controversés sur le continent

Défilé des membres des forces de défense tchadiennes lors de la célébration du 64e anniversaire de l’indépendance du pays à N’Djamena, capitale du Tchad, le 11 août 2024. (Xinhua/Arnaud)

Les récents commentaires du président français Emmanuel Macron sur la présence militaire française en Afrique ont suscité de vives réactions de la part des dirigeants africains. C’est dans une ambiance politico-diplomatique compliquée que la fait aujourd’hui face à un continent africain où souffle le vent de la souveraineté.

LOME, 18 janvier (Xinhua) — Les récentes remarques du président français Emmanuel Macron sur la présence militaire française en Afrique ont suscité de vives réactions de la part des dirigeants africains. C’est dans une atmosphère politico-diplomatique compliquée que la France fait aujourd’hui face à un continent africain où souffle le vent de la souveraineté.

“On a oublié de dire merci”, a regretté le chef de l’Etat français lors de la conférence des ambassadeurs tenue à l’Elysée le 6 janvier, estimant que certains dirigeants africains n’avaient pas suffisamment reconnu l’intervention antiterroriste française au Sahel. Selon l’AFP, il a également revendiqué la décision de réduire les effectifs militaires français en Afrique.

Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a exprimé dès le lendemain son indignation face à ces propos qui, selon lui, « frisent le mépris de l’Afrique et des Africains ». “Je pense sincèrement qu’il s’est trompé d’époque”, a-t-il répondu.

« En ce qui concerne le Tchad, la décision de mettre fin à l’accord de coopération militaire avec la France est une décision entièrement souveraine du Tchad. Il n’y a aucune ambiguïté là-dedans», a assuré M. Déby.

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a pour sa part décrit dans son

“Aucune discussion ou négociation n’a eu lieu à ce jour et la décision prise par le Sénégal relève de sa seule volonté, en tant que pays libre, indépendant et souverain”, écrit-il.

De son côté, le président burkinabé Ibrahim Traoré a déclaré que ces propos avaient « offensé tous les Africains ». Il a expliqué que pour rompre avec les « forces impérialistes », il fallait dénoncer les accords de défense coloniale signés depuis l’indépendance.

UN APPEL À LA SOUVERAINETÉ ET À UNE COOPÉRATION MUTUELLEMENT BÉNÉFIQUE

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Selon certains observateurs des affaires africaines, si de tels propos ont du mal à parvenir auprès des interlocuteurs africains, c’est parce qu’ils sont perçus comme condescendants et imprégnés d’une mentalité coloniale, en contradiction avec la montée en puissance des nations africaines. qui revendiquent la souveraineté, l’autonomie et le respect mutuel sur la base du principe gagnant-gagnant.

« L’Afrique se réveille et (estime) que les pays qui l’ont colonisée et pensent pouvoir continuer à opprimer ce continent doivent réévaluer leurs politiques », a noté James Arrey Abangma, professeur de sciences politiques à l’Université de Buea au Cameroun.

Affirmer que les pays africains doivent leur souveraineté à l’intervention militaire occidentale a minimisé les efforts locaux d’indépendance et ignoré l’héritage du colonialisme. Face à cette vision réductrice, le président tchadien a également insisté sur la nécessité de reconnaître la valeur des sacrifices des peuples africains lors des deux guerres mondiales.

La présence militaire française en Afrique, bien qu’elle ait été justifiée par la lutte contre le terrorisme, est souvent considérée comme inefficace et motivée par les intérêts stratégiques français. La France « n’a ni la capacité ni la légitimité pour assurer la sécurité et la souveraineté de l’Afrique », a déclaré le Premier ministre sénégalais.

Ce dont le continent a besoin, ce ne sont pas des troupes européennes, mais une coopération mutuellement bénéfique, selon M. Abangma.

Par ailleurs, ces réactions s’inscrivent dans un contexte plus large de quête d’autonomie des pays africains, qui cherchent à diversifier leurs partenariats internationaux et à établir des relations fondées sur l’égalité et le respect mutuel.

« L’Afrique doit se réveiller. Il faut travailler pour être indépendant », a appelé le président burkinabè, ajoutant qu’il faut « décoloniser les mentalités ».

 
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