De plus en plus de provinces canadiennes, dont le Québec, semblent ouvertes à l’idée d’imposer des tarifs douaniers sur les exportations d’énergie vers les États-Unis si le président élu américain Donald Trump met à exécution ses menaces tarifaires contre le Canada. Sans surprise, l’Alberta se montre encore réticente face à cette mesure, la qualifiant de « destructrice ».
Cinq jours avant l’investiture de Donald Trump, le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a rencontré ses homologues des 13 provinces et territoires à Ottawa.
Objectif principal : examiner les différents scénarios de représailles possibles au cas où la future administration américaine mettrait à exécution ses menaces d’imposer des droits de douane de 25 % sur les importations en provenance du Canada.
M. Trump a déjà laissé entendre qu’il pourrait signer un décret à cet effet dès le premier jour de sa présidence, le 20 janvier.
Avant le début de la rencontre pancanadienne, à laquelle participaient les ministres des Finances et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, ainsi que des Affaires étrangères, Mélanie Joly, plusieurs dirigeants provinciaux ont affirmé qu’aucune mesure de représailles ne devait être exclue, même celle qui consisterait de taxer les exportations d’énergie vers les États-Unis.
Le premier ministre du Québec, François Legault, et celui de la Saskatchewan, Scott Moe, ont eu l’occasion de discuter lors de la rencontre.
Photo : La Presse Canadienne / Justin Tang
C’est notamment le cas du premier ministre du Québec, François Legault, qui, pour la première fois, s’est montré ouvert à cette idée, sachant que le Québec est l’un des principaux fournisseurs d’hydroélectricité de Washington.
Pour l’instant, nous n’excluons rien. Plusieurs scénarios sont envisagés, mais rien n’est exclu.
Il a répété ce message à la sortie de la réunion, précisant que énergie et électricité
pourrait faire l’objet de mesures de représailles si M. Trump mettait à exécution ses menaces.
Il existe plusieurs manières de mettre en œuvre des mesures de rétorsion, a-t-il expliqué. Nous avons discuté des différentes mesures, mais ce que nous avons convenu, c’est que nous n’excluons rien.
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Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford (à gauche de Justin Trudeau, au centre de l’image), a prononcé le discours d’ouverture de la réunion.
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Dans une lettre ouverte publiée le matin même dans les médias américains La CollineM. Legault a écrit directement aux Américains pour les avertir que l’imposition de tarifs sur les produits québécois pourrait se retourner contre eux.
Il a souligné que le Québec exporte de l’aluminium vers les États-Unis ainsi que des équipements pour l’aviation militaire américaine, des produits que ce pays ne sera pas en mesure de produire lui-même à court et moyen terme, a-t-il souligné. dit.
Donc, avec les tarifs douaniers, les Américains finiront par payer plus cher pour obtenir ces produits, selon M. Legault.
C’est sans compter les 100 000 emplois au Québec qui pourraient être mis en péril par les tarifs américains, a-t-il estimé en entrevue avec Patrice Roy mercredi soir.
De son côté, le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, s’est montré plus ouvert à l’idée d’imposer des tarifs sur les exportations d’énergie vers les États-Unis en représailles aux mesures prévues par M. Trump.
S’adressant aux journalistes à Ottawa peu avant le début de la réunion, Furey a déclaré que l’énergie représente désormais l’argument le plus précieux des provinces canadiennes contre les menaces tarifaires du président élu américain.
L’énergie canadienne exportée vers les États-Unis est notre reine dans ce match d’échecs.
Les joueurs d’échecs savent qu’il ne faut pas faire sortir votre reine trop tôt, mais cela ne veut pas dire que vous ne devriez pas l’utiliser.
suggéra M. Furey.
Jusqu’à présent, le premier ministre s’était opposé à l’idée de couper les exportations d’électricité vers les États-Unis, une stratégie défendue par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford. standard.
« Le Canada n’est pas à vendre »
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Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, porte une casquette sur laquelle on peut lire « Le Canada n’est pas à vendre » en anglais.
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Ce dernier, qui préside cette année le Conseil de la fédération, est arrivé à Ottawa avec une casquette sur laquelle était inscrite en anglais la phrase « Le Canada n’est pas à vendre » (« Le Canada n’est pas à vendre »), un message clairement adressé à Donald Trump, qui a évoqué à plusieurs reprises l’idée de faire du Canada le « 51e État » américain.
Le président Trump veut dévaster le Canada avec ses tarifs douaniers. […] Nous devons garder tous les outils à notre disposition, qu’il s’agisse de l’énergie ou d’autres matières premières.
Au-delà des tarifs énergétiques, M. Ford a déjà déclaré qu’il envisageait sérieusement de suspendre les exportations d’énergie vers les États-Unis si le président élu Trump mettait à exécution ses menaces.
Le Michigan, New York et le Wisconsin seraient les États américains les plus touchés par la réponse de l’Ontario si elle se concrétisait.
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Scott Moe, premier ministre de la Saskatchewan
Photo : La Presse Canadienne / Justin Tang
M. Ford a également souligné à plusieurs reprises la nécessité de maintenir un front uni partout au Canada pour faire face aux problèmes posés par les tarifs promis par M. Trump, tout en affirmant comprendre
LE préoccupations
de certains de ses homologues, notamment dans l’ouest du pays.
Une mesure qui « divise », selon la Saskatchewan
La Saskatchewan et l’Alberta sont parmi les provinces les plus opposées à l’idée d’imposer des tarifs sur les exportations d’énergie.
Mercredi, le premier ministre de la Saskatchewan a ajouté aux propos de son voisin de l’Alberta qui prévenait que cette mesure pourrait déclencher une crise de l’unité nationale
. Les tarifs d’exportation constitueraient le le débat le plus controversé que ce pays ait jamais connu
a résumé le Saskatchewanais Scott Moe à son arrivée à la rencontre.
M. Moe a préconisé l’imposition de tarifs de rétorsion sur des produits spécifiques, un peu comme ce qui a été fait ces dernières années avec l’acier. Cela aurait un impact plus ciblé sur décideurs politiques spécifiques à travers les États-Unis
il a insisté.
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La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, et le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby (cachés sur cette image), ont assisté à la réunion par vidéoconférence.
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Les deux tiers des exportations de la Saskatchewan sont destinées aux États-Unis et la province a exporté pour plus de 100 milliards de dollars de produits et services vers les États-Unis en 2022-2023.
Une politique « destructrice », selon l’Alberta
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui s’est récemment rendue en Floride pour rencontrer le président élu Trump, a participé virtuellement à la réunion pancanadienne, tout comme son homologue de la Colombie-Britannique, David Eby.
Elle est la seule dirigeante à ne pas avoir signé la déclaration commune entre le gouvernement fédéral et le Conseil de la fédération qui a été publiée à l’issue de cette rencontre.
Sur X, la première ministre de l’Alberta a exprimé son désaccord avec l’idée de suspendre ou de taxer les exportations de pétrole du Canada vers les États-Unis.
Tant que ces menaces ne cesseront pas, l’Alberta ne pourra pas soutenir pleinement le plan du gouvernement fédéral pour faire face aux menaces tarifaires.
a-t-elle ajouté. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour protéger les moyens de subsistance des Albertains contre des politiques fédérales aussi destructrices.
«Tout est sur la table», insiste Justin Trudeau
Lors d’une conférence de presse suivant la rencontre, M. Trudeau n’a pas écarté l’idée que son gouvernement impose des tarifs sur le pétrole canadien, même si cela va à l’encontre de la volonté de certaines provinces comme l’Alberta ou la Saskatchewan. Tout est sur la table
répéta-t-il.
Il a toutefois affirmé qu’il ne cherchait pas à déclencher une bataille de compétences
entre le gouvernement fédéral et les provinces.
Ce sur quoi nous sommes convenus, c’est que nous devons relever les défis auxquels nous sommes confrontés, mais nous devons veiller à ce que le fardeau soit partagé dans tout le pays. Nous ne pouvons pas punir une région ou une autre car cela aurait davantage d’impact sur les États-Unis.
Nous allons être justes, mais nous savons aussi que nous allons être sans équivoque, a-t-il ajouté. Nous voulons tous réagir fermement au cas où les Américains imposeraient des tarifs douaniers.
Il a également assuré qu’aucune mesure de représailles ne sera adoptée par le Canada tant que M. Trump ne mettra pas à exécution ses menaces.
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Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, avant le début de la réunion des premiers ministres des provinces et territoires, à Ottawa.
Photo : La Presse Canadienne / Justin Tang
Avant la réunion des premiers ministres canadiens, deux sources gouvernementales ont affirmé à - que la réponse du gouvernement fédéral se mettra en place progressivement. Les grandes lignes de ce plan ont été présentées aux dirigeants des provinces et territoires, mais aucune liste détaillant les contre-tarifs ne circule actuellement.
Plus tard dans la journée, un responsable canadien présent à la réunion a déclaré à - que la classe politique canadienne ne voulait pas provoquer une escalade avec l’administration du président élu.
Selon cette source, la question des exportations d’énergie a été évoquée : il ne s’agirait pas forcément de fermer le robinet mais plutôt d’influencer le prix payé par les Américains.
Toutefois, selon ce responsable, les craintes du premier ministre de l’Alberta pourraient être justifiées puisque les Canadiens risquent d’être perdants en fin de compte : une forte proportion du pétrole canadien est raffiné aux États-Unis avant d’être revendu du côté nord de la frontière.
Toutefois, l’effet dissuasif d’une taxe sur les exportations d’énergie vers les Etats-Unis ne devrait pas être négligé, toujours selon cette source.
With information from Louis Blouin, Fannie Olivier, Christian Noël, François-Alexis Favreau and La La Presse Canadienne
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