Mark Carney s’est officiellement lancé jeudi à Edmonton dans la course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) dans l’espoir de succéder au premier ministre Justin Trudeau, dont il a quelque peu pris ses distances.
Ancien gouverneur des banques du Canada et d’Angleterre, il se positionne comme un candidat centriste dont l’objectif principal sera de relancer l’économie
du pays.
Je suis ici pour demander votre soutien afin de gagner votre confiance et mener ce combat. Je suis de retour chez moi, à Edmonton, pour déclarer ma candidature au poste de chef du Parti libéral et premier ministre du Canada.
S’il y a une chose à retenir de mon discours d’aujourd’hui, c’est que je serai entièrement concentré sur la nécessité de remettre notre économie sur les rails.
» a-t-il annoncé dans un discours mêlant anglais et français quelque peu hésitant.
Si vous vous demandez pourquoi j’ai pu réussir là où d’autres ne le peuvent pas, rappelez-vous que j’ai dû gérer de nombreuses crises et contribué à sauver les économies de deux pays.
a-t-il ajouté, faisant référence à ses rôles au Canada et au Royaume-Uni.
J’ai appris à être responsable et juste, à rester humble […] et de ne jamais abandonner.
Le rapport de Laurence Martin
Originaire de Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest, Mark Carney, 59 ans, a grandi en Alberta. Il fait partie des libéraux les plus éminents qui ont officiellement annoncé leur candidature à la direction du parti. API suite à l’annonce de la démission du premier ministre Justin Trudeau début janvier.
Après avoir étudié à la prestigieuse université américaine Harvard puis à l’université d’Oxford au Royaume-Uni, M. Carney a débuté sa carrière comme banquier d’investissement chez Goldman Sachs à New York, avant de revenir au Canada pour occuper un poste de haut fonctionnaire dans le Ministère fédéral des Finances.
En 2008, contre toute attente, il a été choisi pour diriger la Banque du Canada en tant que gouverneur à un moment où le pays traversait une grave récession économique.
M. Carney a ensuite été gouverneur de la Banque d’Angleterre entre 2013 et 2020, alors que le Royaume-Uni traversait une période économique tumultueuse après la sortie du pays de l’Union européenne, connue sous le nom de Brexit.
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Pendant la course à la direction APIMark Carney devra probablement affronter l’ancienne vice-Première ministre Chrystia Freeland, qui doit annoncer sa candidature dimanche, selon une source proche de son entourage.
D’autres candidats, dont la leader parlementaire du gouvernement, Karina Gould, devraient annoncer leur intention de briguer la direction du parti d’ici le 23 janvier, date limite de dépôt des candidatures.
Des flèches contre Poilievre… et Trudeau
M. Carney a voulu se démarquer des autres candidats en soulignant qu’il est un outsider
c’est-à-dire qu’il n’est pas issu des milieux politiques.
Je sais que je ne suis pas le modèle habituel en matière de politique, mais ce n’est pas le moment de faire de la politique comme d’habitude
a-t-il déclaré avant de lancer des flèches contre le chef conservateur Pierre Poilievre, qualifiant ses politiques naïf et dangereux
.
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Mark Carney répondant aux questions des journalistes et entouré de plusieurs députés libéraux.
Photo : La Presse Canadienne / JASON FRANSON
Si vous me choisissez comme chef, nous offrirons aux Canadiens un choix clair lors des prochaines élections : c’est l’expérience contre l’incompétence, les plans contre les slogans, le calme contre le chaos.
» a en outre déclaré M. Carney.
L’aspirant chef libéral n’a d’ailleurs pas hésité à critiquer le gouvernement de Justin Trudeau, l’accusant d’avoir dépenser trop en investissant très peu
.
Je sais que je ne suis pas le seul libéral au Canada à penser que le premier ministre et son équipe ont peut-être trop souvent oublié l’économie.
Négocier avec Donald Trump
Il a également dressé un mauvais portrait de l’économie canadienne, affirmant que le pays il va déjà mal même sans les menaces
du président américain élu Donald Trump, qui évoque le spectre de tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada.
Notre croissance est trop lente, les salaires sont trop bas, les produits essentiels comme l’épicerie et le loyer sont trop chers pour beaucoup. […] Les impôts qui pèsent sur la classe moyenne sont trop élevés
» énuméra M. Carney.
Il a déclaré avoir eu des réunions avec M. Trump au cours du premier mandat de ce dernier, décrivant le président élu comme un négociateur
.
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Le premier ministre Justin Trudeau et les premiers ministres provinciaux se sont rencontrés pour discuter des mesures de représailles prévues contre les menaces tarifaires du président élu américain Donald Trump. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Pour faire face aux tarifs douaniers, il estime qu’il est important de faire preuve d’un front uni contre les Américains. Il s’est également réjoui de constater que la majorité des provinces et des territoires se sont ralliés au gouvernement fédéral pour n’exclure aucune mesure de représailles aux menaces de M. Trump, notamment l’imposition d’une taxe sur les exportations d’énergie. L’Alberta est la seule province à avoir refusé de signer la déclaration conjointe finale pour protester contre cette réponse.
[Imaginez] envoyer Pierre Poilievre négocier avec [Donald] Atout. C’est la pire idée possible.
Un futur plan climat
Finalement, en ce qui concerne la taxe sur le carbone, M. Carney s’est montré ouvert à l’idée d’abolir ou de modifier cette mesure qui était au cœur du plan du gouvernement libéral pour la lutte aux changements climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Il a toutefois indiqué que si cette mesure devait être supprimée, elle devrait être remplacée par un autre outil plus efficace
. Un plan global est nécessaire
» a-t-il déclaré, promettant de dévoiler sa vision dans les prochains jours.
Sa rivale libérale, Chrystia Freeland, envisagerait d’abandonner une partie de cette mesure, notamment celle qui touche les particuliers.
Le nom de la personne qui succédera à Justin Trudeau à la tête du API sera connu le 9 mars.
Compte tenu de la prorogation du Parlement jusqu’au 24 mars, le candidat choisi comme chef libéral deviendra premier ministre du Canada. Ce règne devrait toutefois être bref puisque les partis d’opposition ont tous fait savoir qu’ils comptaient faire tomber le gouvernement libéral minoritaire à la première occasion, dès leur retour au Parlement.