Quatorze cantons souhaitent mieux collaborer afin d’aider les personnes adoptées à retrouver leurs parents biologiques. Tout ne s’est pas toujours bien passé dans le passé, le consentement écrit des parents biologiques faisant souvent défaut.
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15 janvier 2025 – 11h00
En Suisse, avec l’amélioration des conditions économiques et sociales – notamment pour les mères célibataires – il n’y avait plus beaucoup d’enfants à adopter. Certains couples suisses ont donc cherché des enfants à l’étranger. À partir des années 1960, on assiste à une vague d’adoptions en provenance des pays asiatiques, puis d’Amérique du Sud et d’Afrique et, à partir de 1989, d’Europe de l’Est.
L’absence d’enfants non désirés n’en était pas toujours la cause. Certains couples suisses considèrent également l’adoption comme un « acte humanitaire ». Pour des raisons sociales ou religieuses, ils voulaient libérer les enfants de la pauvreté et leur offrir une vie meilleure avec des opportunités d’éducation.
Les raisons de ce « boom » sont différentes selon les pays d’origine. La Corée du Sud, par exemple, a « économisé » en établissant un système de protection sociale pour les mères célibataires et les familles pauvres et s’est appuyée sur des adoptions à grande échelle à l’étranger jusque dans les années 1980.
Un policier met un bébé en sécurité au Sri Lanka. Un couple danois voulait emmener illégalement l’enfant en 2007.
EPA/MAPUSHPA KUMARA
Une industrie s’est développée au Sri Lanka : avocats, travailleurs sociaux, sages-femmes, chauffeurs et hôtels gagnaient de l’argent grâce aux adoptions internationales.
En Inde, une grossesse illégitime – surtout si la mère et le père appartiennent à des castes ou à des religions différentes – constitue un énorme stigmate. Les femmes enceintes ne recevaient souvent de l’aide que si elles étaient prêtes à abandonner leurs enfants en échange.
Cependant, les adoptions ne se sont pas toujours déroulées sans heurts. Le consentement écrit des parents biologiques faisait souvent défaut.
Sarah Ramani Ineichen, présidente de l’association Back to the Roots, qui s’engage en faveur des personnes adoptées du Sri Lanka en Suisse et pour réparer les injustices commises.
Clé de voûte / Ennio Leanza
Explications pour les adoptions irrégulières en Suisse
Le stigmate de la mère célibataire en Inde et le stigmate du mariage sans enfant en Suisse formaient un champ d’offre et de demande dans lequel il était possible de gagner de l’argent.
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D’après l’étude « Mère inconnue. Adoptions d’Inde dans les cantons de Zurich et de Thurgovie, 1973-2002», un couple suisse a dû débourser entre 6’000 et 20’000 francs pour le placement d’un enfant indien. En Suisse et dans d’autres pays industrialisés occidentaux, les couples de la classe moyenne pouvaient se le permettre.
Les réseaux ont également joué un rôle : de nombreuses adoptions en Inde ont eu lieu via des institutions catholiques telles que les nombreux foyers de Mère Teresa. En Suisse, la Convention de La Haye, censée empêcher les adoptions irrégulières et même le trafic d’enfants, est entrée en vigueur assez tard par rapport à d’autres pays.
Une statue de Mère Teresa à Chennai, en Inde. Le nom du prix Nobel de la paix 1979 a inspiré confiance aux parents souhaitant adopter en Suisse.
AP Photo/Desikan Krishnan
La situation des adoptions aujourd’hui
En 2003, la Suisse a mis en vigueur la Convention de La Haye sur l’adoption. Cette convention soulève les obstacles à l’adoption à l’étranger. Les enfants ne peuvent être placés à l’étranger que si aucun parent adoptif n’est trouvé dans leur pays d’origine. Depuis, les adoptions internationales en Suisse ont fortement diminué. Aujourd’hui, ce sont les enfants du conjoint qui sont le plus souvent adoptés ; on parle alors d’adoption par le gendre ou la belle-fille. En revanche, les adoptions internationales sont très rares.
Selon les experts, la Convention de La Haye a contribué à lutter contre la traite des enfants, mais elle existe toujours aujourd’hui. La question de savoir s’il faut en principe renoncer à l’adoption internationale est donc débattue. Plusieurs organisations ont demandé au Conseil fédéral d’envisager un moratoire. Le Conseil fédéral devrait prendre une décision à la fin du mois.
Traduit de l’allemand par RTSinfo.ch/sj