Certains verront le verre à moitié plein, avec une population en croissance constante, une espérance de vie qui augmente et des mariages plus nombreux. D’autres le verront à moitié vide, avec un taux de natalité en baisse et une courbe de mortalité à nouveau en hausse. Le bilan démographique 2024 de la France a été publié mardi 14 janvier par l’Institut national de la statistique (Insee), dressant le portrait d’un pays vieillissant et essoufflé, qui reste malgré tout l’un des plus dynamiques d’Europe. . Franceinfo vous présente, en cinq graphiques, les principaux enseignements de cette étude.
La population française continue de croître
Au 1er janvier 2025, la France compte environ 68,6 millions d’habitants, dont 66,4 millions en France et en Corse et 2,3 millions (à l’arrondi près) dans les départements d’outre-mer, selon une estimation de l’Insee. En un an, le pays a vu sa population augmenter de 0,25%, avec un gain de 169.000 personnes, soit la plus faible augmentation de ces dernières années.
La quasi-totalité de cette croissance s’explique par le solde migratoire, qui mesure l’écart entre le nombre de personnes s’installant en France et le nombre de départs à l’étranger (+152 000 habitants). La France reste le deuxième pays le plus peuplé de l’Union européenne, derrière l’Allemagne.
Les décès sont presque aussi nombreux que les naissances
Il y a 60 ans, la France, en plein boom démographique, enregistrait chaque année près de deux fois plus de naissances que de décès. Les temps ont changé. En 2024, les courbes n’ont jamais été aussi proches du croisement : 663 000 bébés sont nés, tandis que 646 000 personnes sont décédées, soit une différence minime de 17 000. Cet équilibre naturel a ainsi atteint « son niveau le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale »souligne l’Insee.
Ce rapprochement inédit des deux courbes s’explique d’une part par un taux de natalité au plus bas depuis l’après-guerre, avec une baisse de 2,2% des naissances en un an. Cette baisse est presque deux fois plus rapide que la moyenne des années 2010, mais reste inférieure à la chute observée en 2023 (-6,6 %). En revanche, la mortalité a rebondi de 1,1% en 2024, selon les estimations de l’Insee. Cette augmentation, parfaitement prévisible, s’explique par «le vieillissement de la population»avec l’arrivée « à des âges de forte mortalité » générations nées entre 1946 et 1974.
La fécondité à son plus bas niveau depuis plus d’un siècle
En France, le nombre de femmes âgées de 20 à 40 ans a légèrement augmenté depuis 2016. Si les naissances diminuent, c’est parce qu’elles ont de moins en moins d’enfants. En 2024, avec 1,62 enfant par femme, l’indicateur synthétique de fécondité a continué de baisser pour atteindre un niveau jamais vu depuis 1919 et la fin de la Première Guerre mondiale. Les 30-34 ans ont le taux de fécondité le plus élevé, devant les 25-29 ans, détrônés depuis une quinzaine d’années déjà.
En comparaison avec d’autres pays de l’Union européenne, les Françaises restent les championnes du « réarmement démographique » cher à Emmanuel Macron. Selon les dernières données, ils devancent les Roumains, les Bulgares et les Tchèques en 2022, tandis que les Maltais ferment la marche, derrière les Espagnols et les Italiens. Cette situation permet à la France de conserver l’une des plus grandes proportions de moins de 15 ans en Europe (17,3% en 2023)derrière l’Irlande et la Suède.
L’espérance de vie des hommes passe pour la première fois à 80 ans
Après une hausse notable en 2023, l’espérance de vie des Français se stabilise en 2024 «à un niveau historiquement élevé»souligne l’Insee. Les femmes restent à 85,6 ans, tandis que les hommes continuent de rattraper leur retard et atteignent pour la première fois le seuil des 80 ans d’espérance de vie à la naissance. « L’espérance de vie des femmes est l’une des plus élevées du monde. l’UE”derrière l’Espagne, tandis que “celle des hommes est en 11ème position”loin derrière le champion, Malte, mais au-dessus de la moyenne européenne, note l’Insee à partir de données comparatives de 2023.
Les mariages progressent, les pacs sont en déclin
Pour la quatrième année consécutive, le nombre de mariages célébrés a augmenté de 2% en 2024, pour atteindre un total jamais atteint depuis près de quinze ans (247 000 couples mariés, dont 7 000 de même sexe). Les pactes civils de solidarité (pacs), après avoir atteint un niveau record en 2022, ont baissé de 3 % en 2023 (204 000 syndicats, dont 10 600 entre personnes de même sexe). A ce stade, les données pour 2024 restent inconnues.