A 10 jours de son retour à la Maison Blanche, Donald Trump est devenu vendredi le premier président américain à être condamné pénalement, au terme de la peine prononcée à New York dans le cadre de son procès pour fraude commerciale. L’affaire concernait la dissimulation, lors de la campagne présidentielle de 2016, du versement d’une somme d’argent destinée à acheter le silence d’une actrice porno avec laquelle le populiste entretenait une relation adultère.
Dans une décision attendue, le juge Juan Merchan a condamné vendredi matin Donald Trump à une libération inconditionnelle, tout en lui souhaitant « bonne chance » pour son deuxième mandat de président des Etats-Unis. Le républicain doit prêter serment le 20 janvier à Washington.
Il s’agit d’une peine inhabituelle et clémente prononcée par un tribunal de l’État de New York pour ce type d’escroquerie, mais qui cimente malgré tout le statut pénal du prochain occupant de la Maison Blanche.
La semaine dernière, dans une décision de 18 pages, le juge Merchan a ouvert la voie en déclarant que la « libération inconditionnelle » semblait « être la solution la plus viable pour assurer la finalité » de ce procès, compte tenu de la nature singulière des condamnés. Une libération conditionnelle aurait imposé au républicain plusieurs conditions, la liant à son emploi, ou au paiement d’amendes et d’indemnités, un cadre incompatible avec sa prochaine fonction, ont jugé les tribunaux.
Le 30 mai, Donald Trump a été reconnu coupable par un jury composé de citoyens ordinaires de 34 chefs d’accusation de falsification de documents commerciaux dans le but de dissimuler un scandale sexuel impliquant l’actrice porno Stormy Daniels. Une somme de 130 000 $ lui a été versée pour acheter son silence. Le républicain a nié avoir eu une relation avec elle et a nié tous les actes illégaux qui lui étaient reprochés.
“J’ai été traité de manière très, très injuste, et je vous en remercie beaucoup”, a déclaré Donald Trump, qui a comparu vendredi par vidéo devant le tribunal de New York. “C’est une chasse aux sorcières politique… pour nuire à ma réputation, de sorte que je perde les élections, et évidemment cela n’a pas fonctionné”, a-t-il ajouté.
L’homme a réitéré que cette affaire n’aurait jamais dû être portée devant les tribunaux, tout en passant en revue une litanie de personnes, des commentateurs politiques des réseaux câblés et des experts juridiques conservateurs, soutenant son point de vue.
Cour suprême
Jeudi, la Cour suprême des États-Unis a rejeté la dernière tentative du président élu d’éviter cette condamnation. Ses avocats ont demandé à la plus haute juridiction du pays le report de la procédure en raison de l’appel du verdict. L’ordonnance du tribunal, rendue par cinq voix contre quatre, a finalement permis au juge Juan Merchan d’imposer sa peine.
“Nous avons porté cette affaire devant un jury composé de New-Yorkais ordinaires et ils ont rendu un verdict de culpabilité”, a déclaré jeudi après-midi le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, lors d’une conférence de presse. à New York. « Notre travail est de continuer à faire entendre ce verdict et de veiller, comme principe fondamental de l’administration de la justice, à ce que la voix de ce jury ne soit pas effacée. »
Depuis 2014, un tiers des accusés dans des affaires de falsification de documents commerciaux à Manhattan ont été condamnés à des peines de prison de moins d’un an, selon une analyse du New York Times au cours des derniers mois. D’autres ont été condamnés à une peine d’emprisonnement de plus d’un an, à une probation, à une libération conditionnelle, à des travaux d’intérêt général ou à des amendes. Aucun accusé dans ce type d’affaire pénale n’a bénéficié d’une libération inconditionnelle.
Depuis son départ de la Maison Blanche, Donald Trump fait face à plusieurs accusations criminelles, pour avoir tenté de renverser les élections de 2020, en Géorgie comme au Capitole, ou pour un stockage surréaliste de documents secrets dans sa résidence privée de Mar-a-Lago. La dissimulation d’un versement d’argent pour faire taire Stormy Daniels représente la seule affaire aboutie dans un procès.
