“Il y a peut-être dans cette manière de faire de la politique un souvenir de vengeance au travail”, explique l’historien Benjamin Stora.

Après la mort de Jean-Marie Le Pen, l’historien Benjamin Stora, auteur de « L’Algérie en guerre », revient sur les relations entre la carrière de l’homme politique et la période complexe de la guerre d’Algérie.

Publié le 01/08/2025 12:41

Temps de lecture : 2min

Benjamin Stora, historien spécialiste de l’Algérie. (RADIO-)

« Toute la mémoire politique [de Jean-Marie Le Pen] c’est celui de la nostalgie, d’une grande France d’empire, qui selon lui aurait été trahi et abandonné par les différents responsables politiques français »explique Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie et de l’histoire de la colonisation, au lendemain de la mort de Jean-Marie Le Pen, mardi 7 janvier.

L’histoire de cette période croise celles de Jean-Marie Le Pen et du Front National, selon le spécialiste : «Jean-Marie Le Pen est fondamentalement un homme de la IVe République, et c’est le moment où l’empire colonial vacille.»décrit l’historien. « Arrivé trop tard » pour la guerre d’Indochine, “il compte se rattraper en Algérie”dit-il.

Cependant, la guerre d’Algérie reste un point noir notoire dans l’histoire de France, en raison de la pratique de la torture et des exécutions sommaires qui y ont été pratiquées. Si Jean-Marie Le Pen avait reconnu en 1962 avoir pratiqué la torture avant de se rétracter, “La preuve est celle des témoignages recueillis par une journaliste du , Florence Beaugé”, qui ont été jugés “assez irréfutable”indique l’historien.

Ces témoignages d’Algériens ont également permis à la justice de trancher, lorsque Jean-Marie Le Pen a porté plainte contre cette enquête qui l’a mis en cause lors de la bataille d’Alger en 1957. « Mais ce que j’ai précisé, et qui a fait l’objet d’une discussion, ajoute cependant l’historien, c’est que Jean-Marie Le Pen n’était qu’un interprète, il n’était pas un décideur. Les décideurs sont ceux qui étaient au pouvoir, c’est à dire Robert Lacoste [responsable de la SFIO] and François Mitterrand [alors ministre de la Justice] en particulier”rappelle-t-il, deux figures de la gauche socialiste, précise-t-il.

Le succès de Jean-Marie Le Pen se révèle ensuite dans les années 1980, et cela s’explique par l’expansion de l’immigration algérienne, “sur lequel il s’est concentré”, décrit Benjamin Stora. Le cofondateur du Front national a alors concentré la plupart de ses discours contre les Algériens, raconte l’historien, avec cette question : « Vous vouliez l’indépendance de l’Algérie, alors pourquoi cette poursuite de l’immigration algérienne en France ? suivi « toute une série de discours prononcés dans les années 80, 90, 2000, décrit le spécialiste, sur cette invasion algérienne en France, qui a en fait fait appel au printemps de la mémoire de l’Algérie française perdue », « un souvenir de vengeance ».

 
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