6 mois de prison avec sursis requis contre Sébastien Delogu, député LFI de Marseille

6 mois de prison avec sursis requis contre Sébastien Delogu, député LFI de Marseille
6 mois de prison avec sursis requis contre Sébastien Delogu, député LFI de Marseille

Une forêt de jambes filmée par une caméra au lycée Saint-Exupéry (15e), dans les quartiers nord de Marseille. Soudain, devant le portail, confus, «trois petits coups de pied” sont “administré discrètement» à deux chevilles différentes, observe le procureur à la loupe. Le haut du corps des différents protagonistes est invisible par un bandage noir destiné à protéger l’espace public. Elle n’a techniquement pas pu être effacée malgré les demandes de la défense de Sébastien Delogu.C’est une preuve de notre bonne foi. Nous n’aurions pas fait cette demande si nous avions pensé que les images ainsi restituées permettraient de l’identifier comme l’auteur.», souligne l’avocat du député, Me Taguelmint. “On voit que des coups de feu sont tirés depuis une personne portant un pantalon et des chaussures de la même couleur que ceux de M. Delogu.», scrute Me Darmon, le représentant des parties civiles.

Dans une salle d’audience bondée, le public et les magistrats ont donc dû se contenter, mardi 7 janvier après-midi, de cette vidéo qui ne dit pas grand-chose, ou très peu, pour tenter de se forger une conviction sur une scène datée du 10 mars 2023. a valu au tonitruant élu insoumis, qui n’écarte pas l’idée d’être candidat à la mairie de Marseille en 2026, un renvoi embarrassant devant le tribunal correctionnel pour «violence aggravée« .

A l’époque, le mouvement contre l’impopulaire réforme des retraites mettait le pays dans la tourmente. Une poignée de lycéens de « Saint-Ex » avaient décidé de bloquer leur établissement. Ayant entendu parler de leur projet, le proviseur, son adjoint et le conseiller principal d’éducation (CPE), qui n’était pas censé travailler ce jour-là, se sont présentés pour empêcher les jeunes manifestants de bloquer l’entrée avec des poubelles.

Lors de l’action, un leader était solidement encerclé par le proviseur, accompagné de policiers. Ce matin-là, Sébastien Delogu se trouvait à quelques dizaines de mètres, soutenant les salariés CGT d’une entreprise en grève. Arrivé devant le lycée, entouré d’une vingtaine de salariés et d’enseignants, le député reconnaît avoir « élevé le ton » mais seulement après avoir « constaté » queun enfant a été ceinturé et jeté à terre ». Dans une autre vidéo, on l’entend perdre son sang-froid, exaspéré : «J’ai le foulard ! C’est moi qui fais les lois !», crie-t-il.

« Le ton de Mélenchon »

Il était très virulent. Il a parlé sur le même ton que Mélenchon à la télé», maudit David R., le directeur adjoint. Selon ce dernier, le député ne s’est pas contenté de propos : «Il s’est tenu devant moi et alors qu’il parlait avec un policier, il m’a donné un coup de pied. Je suppose qu’il espérait une réaction de ma part pour légitimer la violence qu’il essayait d’inciter.r», estime le responsable. L’unité médico-judiciaire a constaté une contusion d’un centimètre, et lui a accordé un jour d’interruption temporaire de travail. “En 20 ans, je n’avais jamais été attaqué. J’ai donc été stupéfait d’être frappé, pour la première fois, par un élu de la République au foulard bleu, blanc et rouge.il tempête.

Également au cœur de «boxe», Élise L., la CPE, dit avoir voulu « s’interposer » au milieu d’une vingtaine de personnes. “C’est à ce moment-là que j’ai reçu mon premier coup de pied. Je ne peux pas dire de qui. Puis une seconde. Je peux clairement dire que c’était M. Delogu», assure le plaignant. Même si, “en toute sincérité, concède-t-elle, je ne pense pas que ça m’était adressé.» Son ITT a également été évalué à une journée. Des violences âprement contestées par le député : «Je n’admets absolument pas avoir frappé qui que ce soit. J’entends parler de Mélenchon. Je me demande si aujourd’hui je ne suis pas là parce que je suis un représentant politique», éclair-t-il.

Dans la version ? “Ce jour-là, j’ai vu un directeur arriver comme un salaud, avec des gants, et agresser un élève. Oui, j’étais ennuyé. Mais j’ai joué mon rôle de député. J’étais là pour trouver un consensus. Pour permettre aux étudiants manifestants de pouvoir remorquer devant l’école, sans se faire pousser, et à ceux qui voulaient rentrer, comme ma petite-nièce, de pouvoir le faire. Seulement, on m’a attrapé par le bras et on m’a dit de sortir. Tout cela a été mis en place pour noyer les poissons dans l’eau car c’est très grave de toucher un élève.» En accord avec son avocat, il constate qu’aucun des témoins interrogés par les enquêteurs, enseignants, policiers ou personnels, n’a témoigné de coups de sa part. L’élu de 37 ans, au casier vierge, a lui-même été attaqué en justice. Sa plainte a été classée.

« Député à tuer »

Pas de quoi faire tressaillir le procureur Alain Berthomieu : « La démocratie n’a rien à gagner de ce genre d’attitude. Un élu doit donner l’exemple», sermonne le magistrat, exigeant six mois de prison avec sursis et 1 000 euros d’amende. “On a le sentiment qu’il y a une volonté de voir M. Delogu condamné » dans cette affaire « éminemment politique »» qui a fait l’objet, quelques heures après les faits, rappelle Me Taguelmint, d’un tweet indigné du ministère de l’Éducation du gouvernement du Borne.

 
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