Élu en 2021 à la tête de la fédération sénégalaise de kickboxing, Yakhya Diop fils est aujourd’hui vu comme le précurseur de la popularisation rapide de cet art martial au Sénégal. Aujourd’hui avec cette discipline qui combine boxe anglaise, coups de pied et mains, le Sénégal compte des champions d’Afrique et du Monde. La fédération sénégalaise de kickboxing a été reçue en audience par le Chef de l’Etat. Dans une interview avec Wiwsport dans son nouveau fief, “le club du président” une salle de sport et du Kickboxing, Yakhya Diop nous donne un aperçu de ce sport et de ses perspectives.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire du Kickboxing au Sénégal ?
Cela a commencé en 1998, il y a presque 30 ans, c’était une association créée par nos aînés dont mon père. Ils pratiquent la savate boxe et lancent le kickboxing, popularisant beaucoup la discipline. Nous avons commencé très jeunes, que ce soit le DTN ou les coachs, c’étaient des champions de Kickboxing, mes maîtres et moi-même.
Quelle est la cartographie de cette discipline dans ce pays ?
Nous avons eu 10 voire 15 nouveaux clubs affiliés (ce qui porte le nombre à 60). Sur la carte, nous avons des clubs partout (nord, sud et centre). Dakar compte la plus grande concentration, Thiès, Mbour, Fatick, Louga et une ligue à Saint-Louis et Ziguinchor. Quand on parle d’une cinquantaine, ce sont vraiment des clubs qui ne font que ça. Ce que nous avons réussi dans notre développement, c’est aussi d’accroître notre vulgarisation dans d’autres clubs de fitness autres que les arts martiaux. Nous allons parler des clubs qui font de la zumba et nous ajoutons le Kickboxing. Cela signifie que nos bases de membres atteignent 4 000. Ce qui nous permet d’implanter nos bases sur le territoire national.
Pouvez-vous revenir sur le tweet du chef de l’Etat qui vous a apparemment motivé à vous battre davantage en finale ?
Pour une première, le Président de la République a écrit bonne chance aux Lions du Kickboxing. Quand on a vu le tweet, j’ai dit à Tafsir, c’est une occasion unique d’avoir les encouragements du chef de l’Etat et encore mieux quand il nous félicite. Donnez tout ce que vous avez et revenez avec cette médaille d’or. Et ils ont tout donné ! Tafsir a commencé comme un perdant car il jouait avec le triple champion du monde qui est toujours numéro 1 mondial. Ce sacre nous a permis de prouver la montée en puissance de notre travail. Parce que nous avons été plusieurs fois champions d’Afrique, médaille de bronze puis médaille d’argent la même année puis d’or.
Qu’en est-il de la rencontre avec Son Excellence Bassirou Diomaye Faye ?
Je suis le plus jeune président de la fédération et lui est le plus jeune président de la république, c’est une jolie coïncidence. Selon moi, il s’agissait pour le président de la république, la plus haute autorité du pays, en plus d’être un praticien (vietvodao), d’envoyer un signal fort. Il s’agit d’élever ces champions au rang de Chevalier de l’Ordre National du Mérite afin d’honorer les arts martiaux. Il l’a dit ! Ils (les arts martiaux) hissent le drapeau national au plus haut niveau. Et cela tout le temps car nous sommes en compétition toute l’année. Le football a lieu une fois par an ou tous les deux ans tandis que les arts martiaux ont lieu tout le temps. Il a pris le temps de tout écrire, de trouver les mots justes et de nous dire qu’il sait parce qu’il est pratiquant. Il nous a même raconté quelques réalités des sports de combat que j’avais moi-même oubliées. “Vous arrivez à l’aéroport, il n’y a personne pour vous accueillir alors que si c’était du football, l’aéroport serait plein”.
Le Kickboxer vit-il actuellement de son art ?
Le per diem de l’athlète est de 10 000 FCFA par jour, il n’y a aucune récompense. C’est ce que le nouveau gouvernement a trouvé ici. Il y a des réformes qui vont bientôt voir le jour, comme le code du sport, qui vont contribuer à changer les choses. Mais pour l’instant, la réalité est qu’on ne peut pas vivre de cet art. Moi, le président, je suis bénévole et les dépenses sortent d’abord de mes poches.
Quels sont vos reproches aujourd’hui de continuer à briller sur la scène internationale ?
Nous sommes dans le top 10 mondial dans plusieurs catégories et nous avons les moyens d’y être plusieurs années. J’y crois et j’ai cette ambition. Pour préparer Tafsir Ba qui est Champion du Monde, il faut une préparation stricte qui n’existe peut-être pas au Sénégal. Car les conditions ne sont le plus souvent pas réunies. C’est paradoxal et absurde. Nous devons avoir nos propres infrastructures sportives, des centres multidisciplinaires pour mettre nos athlètes dans de meilleures conditions. Il y a aussi le soutien des sportifs et le changement de perception des sports de combat au Sénégal. Si on est bien accompagné par l’Etat, les organismes proches de l’Etat ou la diplomatie sportive car on peut aussi chercher des fonds ailleurs. Nous sommes sûrs de rapporter beaucoup plus de médailles au Sénégal.
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