le financement illégal de la Libye mis en cause

le financement illégal de la Libye mis en cause
le financement illégal de la Libye mis en cause

Dans ce procès qui durera jusqu’au 10 avril, Nicolas Sarkozy risque 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende.

AFP

Nicolas Sarkozy est arrivé lundi après-midi au tribunal de Paris pour son cinquième procès en cinq ans. Cette fois, l’ancien dirigeant devra répondre, aux côtés de trois anciens ministres, aux accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

Vêtu d’un costume bleu marine, l’ancien chef de l’Etat est entré dans la salle d’audience, en passant devant un mur de caméras, peu avant l’ouverture des débats. Plusieurs des 12 autres prévenus sont également arrivés, dont les ex-ministres Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Woerth, ainsi que Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy, et l’intermédiaire Alexandre Djouhri.

Pour Sarkozy, c’est « une fable »

Assis aux premiers rangs ou debout, les prévenus, pour la plupart en costume-cravate, discutent entre eux ou avec leurs avocats dans le brouhaha d’une salle comble. L’entourage de Nicolas Sarkozy, 69 ans, assure qu’il est « combatif » et « déterminé » à prouver son innocence face à ce qu’il a toujours qualifié de « fable ».

L’ancien président est accusé d’avoir conclu un « pacte de corruption » avec le riche dictateur libyen tombé en 2011 fin 2005, notamment avec l’aide de ses très proches amis Brice Hortefeux et Claude Guéant, afin de « soutenir » financièrement son accession à l’Élysées.

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc inéligibilité) pouvant aller jusqu’à 5 ans. .

L’accusation sera portée par le Parquet national financier (PNF). “Notre travail n’est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquement”, a déclaré lundi matin le procureur financier Jean-François Bohnert sur BFMTV/RMC. “Nous n’avons qu’une seule boussole, c’est la loi.”

Il s’agit du cinquième procès en cinq ans de Nicolas Sarkozy, condamné en première instance et en appel dans l’affaire Bygmalion (sur le financement de sa campagne de 2012, il a fait appel), et dans l’affaire Bismuth.

Retour des Seychelles, sans bracelet

Dans cette dernière affaire, dite des « écoutes », son recours a été rejeté mi-décembre, rendant définitive sa peine à un an de prison sous bracelet électronique, une sanction inédite pour un ancien président. Il ne porte pas encore le bracelet (cela peut prendre plusieurs semaines) qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec son épouse, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille.

Le procès débutera par l’appel des accusés, parties civiles et témoins, avant les questions de procédure, qui devraient occuper le tribunal pendant toute la première semaine.

Les audiences se dérouleront les lundi, mercredi et jeudi après-midi, jusqu’au 10 avril. Selon son entourage, Nicolas Sarkozy sera présent à chaque audience durant le premier mois, consacré aux soupçons de financement. Des aspects supplémentaires seront discutés dans les semaines à venir. « Il combattra la construction artificielle imaginée par le parquet. Il n’y a pas de financement libyen de la campagne», a déclaré son avocat, Me Christophe Ingrain.

Pour l’accusation, le « pacte de corruption » a été conclu à l’automne 2005 à Tripoli, sous la tente de Mouammar Kadhafi, connu pour être très généreux avec ses visiteurs étrangers. Nicolas Sarkozy était alors un ministre de l’Intérieur ambitieux et très médiatisé qui pensait à l’élection présidentielle « pas seulement quand il se rase ». Sa visite en Libye était officiellement consacrée à l’immigration clandestine.

Un « faisceau d’indices »

L’accusation n’a pas été en mesure d’établir le montant total exact du financement allégué. Mais après 10 ans d’enquête, un « faisceau d’indices » a convaincu les juges d’instruction de l’existence de ce soutien financier, qui serait venu par l’intermédiaire de Claude Guéant et Brice Hortefeux, alors garde rapprochée de Nicolas Sarkozy.

Les supposées contreparties ? Une réhabilitation internationale d’abord : Kadhafi sera accueilli en grande pompe par Nicolas Sarkozy, président nouvellement élu, lors d’une visite controversée à Paris, la première depuis trois décennies.

Mais aussi la signature d’importants contrats et un coup de pouce judiciaire à Abdallah Senoussi, directeur des renseignements libyens condamné à perpétuité en son absence en pour son rôle dans l’attaque du DC-10 d’UTA en 1989, qui coûta la vie à 170 personnes. personnes, dont 54 Français. Une vingtaine de proches sont parties civiles au procès.

(AFP)

 
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