“C’est une guerre menée par le régime algérien”

“C’est une guerre menée par le régime algérien”
“C’est une guerre menée par le régime algérien”

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a publié plusieurs de vos tweets pour illustrer qu’il entendait « ne rien laisser passer », après les appels à la violence diffusés par deux influenceurs algériens, à Brest et Échirolles. Est-ce que c’est vous qui avez tiré la sonnette d’alarme pour ces deux dossiers ?

Oui. Ce sont mes réseaux en Algérie et en qui m’ont moi-même alerté. Pour Youcef A, alias ZazouYoucef, j’ai été prévenu dimanche, et j’ai très vite fait un signalement via la plateforme Pharos, comme je l’avais déjà dit à Télégramme. Quand j’ai vu qu’il récidivait dans une autre vidéo publiée sur TikTok, et que rien ne se passait toujours, j’ai décidé de publier des extraits de sa première intervention, sous-titré en français, pour alerter via les réseaux sociaux. C’est cette vidéo qui est devenue virale et aurait contribué à l’arrestation rapide de son auteur. Pour le second, Imad Tintin, un autre influenceur vivant à Grenoble, j’ai également été alerté par des connaissances. Cet homme a soutenu ZazouYoucef et s’est montré encore plus virulent. Cette fois, j’ai moi-même été pris pour cible et menacé. La vidéo a été visionnée plus de 850 000 fois et a généré plus de 6 000 commentaires, dont de nombreuses menaces. Je suis allé porter plainte. Et cet individu a également été arrêté à Échirolles.

Vous vous présentez comme « un militant algérien réfugié en France ». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ma nationalité est algérienne. Je suis arrivée en France en 2012 pour poursuivre mes études. Aujourd’hui je suis traductrice-interprète à Lyon. Mes critiques et prises de position contre le régime militaire en place dans mon pays m’ont valu de nombreuses pressions et également plusieurs condamnations par contumace, pour « atteinte au moral de l’armée » et aux « intérêts de l’État ou à la stabilité de ses institutions ». . La France m’a accordé l’asile en décembre 2023.

Deux influenceurs algériens qui appellent coup sur coup à la violence en France contre ceux qui souhaitent manifester contre le régime algérien : est-ce une simple coïncidence ?

Pour moi, c’est tout sauf une coïncidence. Depuis vendredi, j’ai signalé deux autres cas ! Et je ne signale que ceux qui me paraissent les plus dangereux ou les plus influents. Tout cela est organisé. C’est un pack qui a été lâché. Il s’agit d’une guerre hybride menée par le régime algérien pour déstabiliser la France. Et ajouter aux menaces des propos antisémites n’est pas anodin. C’est délibéré. La question est très sensible en France. Le but est de souffler sur les braises et de semer le chaos.

Semer le chaos en France ? Pour quelle raison ?

Les tensions entre les deux pays ne cessent de se dégrader depuis plusieurs années. Mais c’est la reconnaissance, par Emmanuel Macron, en octobre dernier, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, également contestée par le Front Polisario soutenu par l’Algérie, qui a véritablement provoqué une rupture. Cette question est la kryptonite du régime algérien, le sujet qu’il ne faut absolument pas aborder ! Puis, il y a eu aussi l’incarcération, en Algérie, à la mi-novembre, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, fervent défenseur des libertés fondamentales. Depuis octobre, il ne se passe pas un jour sans que le gouvernement algérien et les médias officiels ne remettent en cause la France, qu’ils qualifient désormais de « macronito-sioniste ».

Les services du ministre de l’Intérieur vous ont-ils contacté ? Bénéficiez-vous d’une protection ?

Non. Mais je dois admettre que tout cela a pris une ampleur phénoménale, qui me bouleverse et m’inquiète énormément. Je vois que le ministre de l’Intérieur prend tout cela au sérieux et réagit rapidement et fermement. Et c’est une très bonne chose.

France

 
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