Shamsud-Din Jabbar, le suspect décédé dans l’attaque à la voiture-bélier à la Nouvelle-Orléans qui a fait au moins 15 morts mercredi, a été « inspiré » par le groupe État islamique et se serait radicalisé ces dernières années.
Ce citoyen américain de 42 ans né au Texas était agent immobilier et ancien militaire. Il était père de trois enfants et divorcé deux fois.
Le président Joe Biden a expliqué que « quelques heures seulement avant l’attaque », le suspect avait « publié des vidéos sur les réseaux sociaux indiquant qu’il s’inspirait de l’État islamique » et manifestant une « envie de tuer ».
Plusieurs médias américains citant les enquêteurs révèlent que M. Jabbar a enregistré des vidéos, apparemment alors qu’il conduisait la veille de l’attaque.
Le New York Times affirme qu’il « prête allégeance à l’Etat islamique ».
Les enquêteurs ont déclaré à CNN que M. Jabbar avait déclaré qu’il “avait prévu de réunir sa famille avec l’intention de les tuer (…) Mais qu’il avait changé ses plans et rejoint l’Etat islamique”.
Son frère, Abdur Jabbar, qui s’est confié au New York Times, parle de lui comme « d’un amoureux, d’un gars sympa, d’un ami, très intelligent, attentionné ».
Se convertir à l’Islam
Il a indiqué que le suspect s’était converti à l’islam à un jeune âge, soulignant : « Ce qu’il a fait ne représente pas l’Islam. Il s’agit plutôt d’une forme de radicalisation.»
Chris Pousson, un ami d’enfance également contacté par le quotidien new-yorkais, se souvient d’une personne qui n’a pas “créé de problèmes”.
Le soldat à la retraite a déclaré que M. Jabbar « n’avait jamais été menaçant, mais on pouvait voir qu’il était devenu très intense dans sa foi ».
“Il n’était pas un terroriste pour moi”, a déclaré au New York Times une ancienne voisine de Houston, Marilyn Bradford, 70 ans, racontant qu’il lui avait proposé de faire ses courses et lui avait offert des appareils électroménagers.
M. Jabbar a déménagé dans un quartier musulman de Houston il y a un an, selon la presse.
Un agent immobilier
Dwayne Marsh, l’actuel mari de la première épouse de Jabbar, dont il a divorcé en 2012, a déclaré au New York Times que le suspect s’était comporté « de manière erratique » ces derniers mois, « étant complètement fou ».
Le couple a donc interdit aux deux filles âgées de 15 et 20 ans, que Mme Marsh avait eues avec Jabbar, de passer du temps avec lui.
Dans une vidéo datant de 2020, le suspect vend ses services d’agent immobilier avec un accent du sud des Etats-Unis, se affirmant « être un négociateur coriace ».
“Bonne soirée. Je m’appelle Shamsud-Din Jabbar (…). Je suis né et j’ai grandi à Beaumont, au Texas et je vis maintenant à Houston. J’y suis resté toute ma vie, à l’exception de mes déplacements pour l’armée », raconte-t-il fièrement son passé militaire.
Dans cette vidéo, il pose devant un écran sur lequel il est écrit en grosses lettres : « Discipline ».
Ancien militaire
Selon le ministère de la Défense, il a été dans l’armée de 2007 à 2015, y compris un déploiement en Afghanistan de 2009 à 2010. À ce titre, il a reçu la Médaille de la guerre contre le terrorisme créée pour les soldats envoyés en Irak et en Afghanistan après le 11 septembre. 2001.
Dans sa vidéo, Jabbar dit avoir « appris » dans l’armée « ce que signifie être réactif et tout prendre au sérieux (…) pour s’assurer que tout se passe bien ».
Il avait travaillé pour Deloitte et Touche de 2021 à 2024, a confirmé l’entreprise. Selon le Wall Street Journal, dans le profil interne de son entreprise, il cite une sourate du Coran « qui explique comment les musulmans fidèles seront récompensés par Dieu ».
Son casier judiciaire comprend deux chefs d’accusation pour des délits mineurs : vol en 2002 et conduite avec un permis invalide en 2005. Il a également plaidé coupable de conduite en état d’ébriété en 2015.
Il a divorcé en 2022 de sa seconde épouse avec qui il a eu un fils. Selon le New York Times, au cours de la procédure, il a fait état de difficultés financières, affirmant avoir perdu 28 000 dollars dans son agence.
Le Wall Street Journal indique que son épouse, Shaneen Jabbar, avait obtenu une ordonnance de ne pas faire en 2020. “L’ordonnance stipulait qu’il ne pouvait pas lui faire de farces téléphoniques la nuit, ni annuler ses cartes de crédit”, selon le journal.
M. Jabbar avait obtenu un diplôme en informatique à la Georgia State University après y avoir passé deux ans entre 2015 et 2017, a indiqué à l’AFP un porte-parole de l’université.