Les autorités sanitaires américaines ont confirmé que le patient hospitalisé en Louisiane pour une forme grave de grippe aviaire H5N1 présentait des mutations génétiques du virus. Ces changements, observés dans une partie du virus prélevé dans la gorge du patient, pourraient indiquer une « liaison accrue » avec certains récepteurs cellulaires des voies respiratoires humaines, ont déclaré jeudi les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC).
Ces mutations, survenant probablement lors de la réplication du virus dans l’organisme du patient, marquent une étape importante dans l’adaptation potentielle du H5N1 à l’homme. Cependant, le CDC a souligné qu’aucune transmission interhumaine n’a été identifiée et que ces changements n’ont pas été détectés chez les oiseaux infectés, y compris ceux se trouvant dans l’environnement de ce patient.
Quelles sont les implications ?
Selon Angela Rasmussen, virologue à l’Université de Saskatchewan au Canada, la mutation identifiée pourrait permettre au virus de pénétrer plus facilement dans les cellules des voies respiratoires supérieures. “C’est une étape nécessaire pour qu’un virus devienne plus contagieux, mais j’insiste sur le fait que ce n’est pas la seule”, a-t-elle précisé. Des tests supplémentaires sur des modèles animaux seront nécessaires pour confirmer ces observations.
Les experts restent prudents quant aux implications de ces changements. Thijs Kuiken, spécialiste du centre médical universitaire Erasmus aux Pays-Bas, estime que ces mutations pourraient conduire à des infections moins graves. « Le virus est plus susceptible d’infecter les voies respiratoires supérieures, provoquant un écoulement nasal ou des maux de gorge, plutôt que les voies respiratoires inférieures », a-t-il expliqué. Cela pourrait réduire le risque de complications graves telles que la pneumonie.
Le monde au bord d’une pandémie ?
Angela Rasmussen a insisté sur le fait que ces observations ne signifient pas que le monde est au bord d’une pandémie. “Ce n’est pas un signe que nous nous rapprochons de cette éventualité”, a-t-elle déclaré. Depuis le début de l’année, 65 cas bénins de grippe aviaire ont été détectés aux Etats-Unis, en plus du cas grave en Louisiane.
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Le CDC estime cependant que certains cas sont peut-être passés inaperçus. Bien que le H5N1 soit apparu pour la première fois en 1996, une augmentation significative des foyers d’infection est observée depuis 2020, touchant de plus en plus de mammifères. La situation reste sous étroite surveillance et des analyses sont en cours pour mieux comprendre l’impact potentiel des mutations génétiques observées.