Dommages causés par les chasse-neige

Les dégâts causés par les opérations de déneigement à Montréal ont coûté très cher aux contribuables, en plus de détruire plusieurs plates-bandes. En six ans, la Ville a dépensé plus de 700 000 $ pour indemniser les résidents dont les propriétés avaient été endommagées par ses employés.

C’est ce que révèlent les données de la Ville de Montréal obtenues par La presse.

Début décembre, des citoyens de Rosemont–La Petite-Patrie ont dénoncé dans La presse les opérations de déneigement « agressives » qui rasent leurs terre-pleins depuis l’hiver dernier1. Plusieurs membres du quartier avaient déjà porté plainte auprès de la Ville, sans succès.

Ces résidents sont loin d’être seuls. Entre 2018 et 2023, pas moins de 5 573 personnes ont demandé réparation pour des dommages causés à leur propriété suite au passage de chasse-neige. Bon an mal an, Montréal verse environ cent mille dollars en compensation pour cette raison.

Les dommages lors des opérations de déneigement sont causés à la fois par les employés de la Ville et par les entrepreneurs privés à qui elle accorde des contrats. Toutefois, la Ville ne paie que lorsque ses employés sont impliqués.

Si les dégâts ont été causés par un entrepreneur privé, celui-ci ne pourra être tenu responsable. «Un entrepreneur en déneigement est également tenu responsable des dommages qu’il cause à des tiers», précise toutefois Gonzalo Nuñez, agent des relations publiques au Service des affaires publiques et du protocole de la Ville de Montréal.

En 2023, il y a eu 1 316 demandes d’indemnisation à Montréal. L’indemnisation totale s’élève à 146 601 $, un montant qui équivaut approximativement au salaire annuel de trois travailleurs de l’Équipe mobile de médiation et d’intervention sociale (EMMIS) déployée par la Ville.

Être indemnisé, un chemin de croix

Pour ceux dont la propriété a été endommagée par un entrepreneur, le chemin vers l’indemnisation peut être long.

La réalité est que c’est tellement compliqué que c’est souvent le citoyen qui en assume la responsabilité.

Julie*, employée de la Ville de Montréal dont le code d’éthique l’empêche de témoigner ouvertement

Julie*, propriétaire d’un immeuble locatif dans Hochelaga-Maisonneuve, l’a elle-même vécu, après que le camion de déneigement d’un entrepreneur privé a percuté son escalier en janvier 2024. « J’ai vu passer le chasse-neige, il roulait super vite, rapporte-t-elle. Au moment où je suis sorti, il était déjà à l’autre bout de la rue. »

PHOTO FOURNIE PAR JULIE*

Escaliers de Julie*, une employée de la Ville de Montréal, heurtée par le camion de déneigement d’un entrepreneur privé

Julie est allée porter plainte au poste de police de son quartier et a découvert elle-même le nom de l’entrepreneur en déneigement qui avait endommagé son escalier. Après des mois de recherche, elle a trouvé en juillet un soudeur capable de réparer son escalier en fer forgé.

Les travaux, qu’elle a payés de sa poche, lui ont coûté environ 2 000 dollars. « Pour me faire rembourser, il aurait fallu que j’ouvre un dossier de petites créances, ce qui m’aurait pris encore un an ou deux », poursuit-elle. Cela n’avait tout simplement aucun sens, alors j’ai laissé tomber. »

Le propriétaire déplore que la Ville n’aide pas davantage les personnes dont la propriété a été endommagée par les entrepreneurs en déneigement à qui elle accorde des contrats. « La Ville ne facilite pas du tout. Elle dit simplement qu’elle n’est pas responsable, sans même donner le nom de l’entrepreneur, alors que c’est elle qui les embauche », s’indigne-t-elle.

*Prénom fictif

1. Lire l’article « Déneigement dans Rosemont : des opérations « agressives » ravagent des kilomètres de terre-pleins »

 
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