Les produits d’ici sont plus facilement accessibles qu’auparavant pour tous les consommateurs
Faisons une pause au cœur des vacances, entre les restes du réveillon et la préparation des canapés du Nouvel An, pour nous demander : y avait-il plus de produits locaux sur la table cette année ?
C’est tout à fait possible, selon Guillaume Mathieu, co-fondateur d’ilot, un cabinet de conseil qui accompagne les entreprises bioalimentaires locales.
«Quelqu’un qui fait le moindre effort pour chercher le symbole Aliments du Québec peut facilement réaliser un repas des Fêtes 100 % local», affirme-t-il, en commençant par la dinde, en passant par les fruits et légumes des champs ou des serres. avec en prime un vin québécois de qualité.
« Impossible aujourd’hui de ne pas trouver un vin qui plaira à nos convives, explique-t-il, il y en a à tous les prix. » Et pour tous les goûts !
Ceux qui voulaient s’évader du patrimoine culinaire québécois n’avaient pas besoin d’inclure des ingrédients importés puisque certains aliments exotiques poussent désormais ici. Ils sont souvent le fruit de producteurs issus de l’immigration, selon Guillaume Mathieu. « Nous fabriquons du curcuma ou du gingembre », cite-t-il en exemple.
Autrefois, il n’y avait pas de curcuma du Québec dans la purée de pommes de terre. Et pas de curcuma du tout…
« C’est sûr que si on se compare à il y a 50 ans, il y avait beaucoup moins de produits importés sur nos tables, explique Guillaume Mathieu. Nous étions obligés de manger local avec très peu de diversification alimentaire. »
Mais le vent s’est inversé et les aliments québécois se sont multipliés.
Les produits poussent ici
Non seulement ils sont plus nombreux, mais ils sont aussi plus visibles.
«Depuis 20 ans, on identifie mieux les produits locaux, parce qu’il y a une fierté qui s’attache à cela», affirme le chef Stelio Perombelone, professeur à l’Institut du tourisme et de l’hôtellerie du Québec (ITHQ).
“C’est désormais dans nos valeurs d’encourager notre économie”, a-t-il déclaré. Même si on est moins à l’aise financièrement, on a cette fierté de dire que ça vient du Québec. »
Cela n’a pas toujours été le cas.
Stelio Perombelone a connu une époque où c’était tout le contraire : si l’on voulait bien paraître en cuisine, on incluait des produits importés.
« À la fin des années 70, au début des années 80, il y avait cette ouverture sur le monde et cet accès aux produits du monde », raconte le chef.
Cela a apporté de nouveaux aliments ici – certains Québécois se souviennent de l’arrivée des kiwis dans les épiceries qui en a déstabilisé plus d’un.
« Dans la haute gastronomie, il n’y avait aucun problème à faire venir des asperges blanches de Hollande car c’était là qu’elles étaient le mieux produites », se souvient Stelio Perombelone. Alors qu’aujourd’hui on serait un peu timide de l’écrire sur un menu… »
La cerise de terre serait donc le nouveau kiwi.
Le chef confirme. « Ce mouvement a donné des ailes aux producteurs et artisans », dit-il. Ainsi, des produits ont été développés ici pour remplacer les produits importés.
«Le monde du fromage nous a aussi beaucoup aidé», explique Stelio Perombelone. Il y a 20 ans, on disait encore : « Goûtez ça, c’est comme un camembert ! » Aujourd’hui, nous sommes très fiers de dire qu’il y a le Gré des Champs sur la table. »
« Aujourd’hui, on retrouve des produits locaux dans presque toutes les catégories de produits à l’épicerie, précise Guillaume Mathieu.
Une meilleure identification
Il y a une quinzaine d’années, le logo des Aliments du Québec connaissait un premier essor. Les détaillants ont commencé à identifier les aliments québécois sur leurs tablettes.
A cette époque, 7 000 produits étaient exposés.
Cinq ans plus tard, en 2015, nous comptions désormais 20 000 produits. Encore une dizaine d’années, durant lesquelles nous avons fait face à une pandémie, et ce sont maintenant 27 000 produits qui portent aujourd’hui un logo Aliments du Québec ou Aliments préparés au Québec – ou leur version biologique.
Selon Isabelle Roy, directrice générale d’Aliments du Québec, la pandémie a véritablement remis dans les discours le principe de l’autonomie alimentaire.
« Les étagères vides de l’épicerie ont laissé une impression durable », dit-elle. Les gens ont réalisé que nous pouvions dépendre de l’extérieur et qu’il était important d’acheter nos ressources ici, pour développer nos entreprises. »
La pandémie a aussi incité plusieurs personnes à cuisiner davantage et à s’intéresser aux ingrédients québécois pour réaliser leurs recettes.
On peut manger plus local qu’avant. Ce n’est plus une tendance, c’est un mode de vie.
Isabelle Roy, general director of Aliments du Québec
«Il y a des produits disponibles toute l’année», précise Isabelle Roy, qui donne l’exemple classique des légumes-racines. Mais hormis les patates douces et les topinambours, la culture sous serre permet un approvisionnement local en hiver : fraises, tomates, laitues, concombres, etc.
Cela ne va pas sans soulever quelques débats sur l’empreinte énergétique de ces aliments.
«Il ne faut pas installer d’immenses serres sur des terres agricoles de qualité», soulève également Olivier Flamand-Lapointe, analyste en agriculture durable pour Équiterre qui estime que le développement continu de notre alimentation locale passe par l’implantation de nouvelles cultures. .
Si l’on voulait développer une véritable autonomie alimentaire, il faudrait se concentrer davantage sur les protéines végétales destinées à la consommation humaine.
Olivier Flamand-Lapointe, Équiterre
Selon Olivier Flamand-Lapointe, il faut avoir une vision globale de notre alimentation locale, qui comprend plusieurs éléments et qui, idéalement, suit les saisons.
Les saisons qui s’allongent
Au cours des deux dernières décennies, les rendements des productions animales et végétales ont augmenté, les saisons de fruits et légumes se sont allongées et de nouveaux marchés publics sont apparus.
«Les maraîchers commencent leurs activités de plus en plus tôt et les terminent de plus en plus tard», affirme Jean-Nick Trudel, directeur général de l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ) depuis sept ans.
À son arrivée, l’Association comptait environ 116 membres. Il y a désormais près de 150 membres.
La plupart des producteurs qui décident de s’implanter sur un marché sont originaires de la région.
Jean-Nick Trudel estime que les deux tiers des producteurs mettent moins de 45 minutes en voiture pour se rendre à leur kiosque de marché public.
De même, les deux tiers des clients des marchés publics habitent à moins de 10 km du marché qu’ils fréquentent.
Cette régionalisation de l’alimentation locale a été confirmée par une enquête réalisée par la firme Léger pour le compte de l’ilot. On apprend que plus de la moitié (55 %) des Québécois se disent plus enclins à acheter un produit qui présente une région d’origine comparativement à un produit qui semble être québécois, en général.
Statut d’autonomie alimentaire
À l’automne 2023, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), en collaboration notamment avec Équiterre, publiait l’étude Des filières de produits au cœur de l’autonomie alimentaire : analyses et propositions pour une politique bioalimentaire structurante. Conclusion : le taux d’autosuffisance de la province est passé de 75 à 35 % en 50 ans. Cette conclusion va à l’encontre de celle du MAPAQ qui calcule que l’autonomie alimentaire augmente. Selon Olivier Flamand-Lapointe, analyste en agriculture durable chez Équiterre, cela s’explique par le fait qu’une grande partie de notre production quitte la province et que nous importons encore un grand nombre d’aliments. Un exemple : 90 à 95 % des haricots secs québécois sont exportés et nous achetons les mêmes haricots importés. « Notre système agroalimentaire est de plus en plus mondialisé. On peut penser aux accords de libre-échange signés ces dernières années. Cela ouvre la porte aux produits alimentaires étrangers. »
Apprendre encore plus
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- La souveraineté alimentaire à 53%
- Un peu plus de la moitié (53,3 %) des achats du réseau de distribution alimentaire québécois (épiceries, restaurants, cafétérias, hôpitaux, etc.) ont été effectués auprès de fournisseurs québécois (producteurs, pêcheurs et transformateurs) en 2021. La part était de 52,7 % en 2020 et 51,8% en 2019.
Source : MAPAQ
- 29 000 fermes
- Selon le Recensement agricole, 48 144 exploitations agricoles étaient actives au Québec en 1981, alors qu’il y en avait 29 380 en 2021.
Source : MAPAQ
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- Les aliments du Québec
- 40 % des produits sont certifiés Aliments du Québec et 60 % sont des aliments préparés au Québec.
Source: Aliments du Québec
- Culture en serre
- Entre 2019 et 2023, le nombre d’entreprises a augmenté de 35 % : on compte désormais 1 246 entreprises serricole au Québec.
source : Serruriers du Québec