Violence dans le secteur culturel

Violence dans le secteur culturel
Violence dans le secteur culturel

Wajdi Mouawad a été mis à l’honneur pendant 45 minutes jeudi, alors qu’il témoignait devant les députés français à Paris.

L’auteur et réalisateur, qui a débuté sa carrière à Montréal, a été invité à s’exprimer devant la Commission d’enquête sur les violences dans le secteur culturel, présidée par la députée Sandrine Rousseau, à l’Assemblée nationale française. M. Mouawad auditionnait devant la Commission, en tant que directeur du Théâtre national de la Colline, dans le cadre de ce qu’on appelle le #metoo du théâtre en .

L’homme de théâtre est d’abord revenu sur l’affaire Bertrand Cantat, qui a fait couler beaucoup d’encre, ici et en Europe, en 2011. À la demande du metteur en scène, l’ex-chanteur de Noir Désir faisait partie du chœur du spectacle. femmes au Festival d’Avignon. Mouawad a parlé du rôle de la justice et de la réinsertion sociale. « Ce sont des questions complexes. Nous louons les projets de théâtre en prison avec des détenus, mais nous ne pourrions pas avoir une pièce de théâtre avec un ex-détenu », a-t-il déclaré. “Le métier de chanteur ne justifie pas de voir des agresseurs être applaudis sur scène”, a répondu M.moi Rousseau.

Féminisme et Inquisition

En 2021, Mouawad réinvite Cantat à collaborer sur un autre spectacle. Dans la même saison, il confie également au metteur en scène Jean-Pierre Baro la création d’une pièce de théâtre. Rappelons que Cantat a été condamné à huit ans de prison pour le meurtre de Marie Trintigant en 2003. De son côté, Jean-Pierre Baro a fait l’objet d’une plainte pour viol, qui a été classée sans suite. Face aux protestations de 2022, Baro a finalement renoncé à réaliser la création prévue par le directeur de La Colline.

Revenant sur une vieille déclaration de Mouawad, la députée Sarah Legrain a laissé entendre qu’il avait assimilé « le mouvement féministe à l’Inquisition ». La réalisatrice a vivement réagi : « Je n’ai jamais assimilé le mouvement féministe à l’Inquisition. Jamais ! Cela irait à l’encontre de mes convictions. »

Faire profil bas par respect pour les victimes

Interrogé par le député Erwan Balanant sur la notion de désir dans la création, l’auteur de‘Les incendies a expliqué que ce mot est très important, voire moteur des métiers artistiques. « Un auteur dont on ne veut pas, on ne monte pas ses pièces. C’est la raison pour laquelle j’ai commencé à réaliser mes propres textes. »

Les membres de la Commission ont ensuite abordé la limite du désir dans une relation créative. “Ce mot, désir, est problématique lorsqu’il devient destruction, prédation”, estime M.moi Rousseau. Ce à quoi Wajdi Mouawad a acquiescé. « J’entends clairement ce que vous dites. Et à La Colline, il existe des règles et des conventions pour protéger les acteurs au travail. »

« Le mouvement féministe voit un autre cadre que le cadre juridique, pour sauver la vie des femmes », a souligné la présidente de la Commission. « Aucune féministe n’est contre la réhabilitation. En revanche, nous sommes contre la mise en avant et la valorisation d’un agresseur, d’une personne qui a commis un fémicide”, a conclu M.moi Rousseau.

Voir la comparution de Wajdi Mouawad devant la Commission d’enquête sur les violences dans le secteur culturel

 
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