Moins d’une semaine après la dernière baisse, la BCE se dit prête à abaisser à nouveau ses taux. « Si les données qui arrivent continuent de confirmer notre scénario de base »DONC « La direction est claire : nous prévoyons de baisser encore les taux d’intérêt »a déclaré sa présidente, Christine Lagarde, lors d’un discours en Lituanie lundi.
Le scénario en question est celui d’un retour de l’inflation vers l’objectif de 2% courant 2025 dans la zone euro. Il n’en est déjà pas loin (2,3% sur un an en novembre). « Le processus de désinflation est en bonne voie. Selon les services de l’Eurosystème, l’inflation globale serait en moyenne de 2,4% en 2024, 2,1% en 2025, 1,9% en 2026.a-t-elle déclaré dans un communiqué jeudi dernier.
La BCE baisse encore ses taux… toujours avec prudence
Le patron de la BCE n’est pas le seul à considérer que d’autres réductions se profilent à l’horizon. « Il y aura d’autres baisses de taux l’année prochaine. Autres, au pluriel »a insisté le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur BFM Business vendredi dernier. Sans vouloir donner plus de détails pour autant. “Nous ne sommes pas engagés par avance sur une trajectoire tarifaire”se souvient-il.
Une politique toujours « restrictif »
Avec cette quatrième réduction, la BCE a amplifié le tournant opéré vers l’assouplissement des conditions de financement bancaire. Et, en retour, réduire les taux de crédit pour les particuliers et les entreprises. En baissant progressivement ses taux, l’institution monétaire peut stimuler la croissance tout en veillant à ce que celle-ci ne relance pas l’inflation.
Pour rappel, la BCE a lancé une période de resserrement monétaire drastique à partir de l’été 2022. Objectif : faire face à une inflation élevée liée à la guerre en Ukraine et à la reprise post-Covid. Avant de lancer la stratégie inverse à partir de juin de cette année, avec une première baisse de ses taux de 0,25 point de pourcentage. Puis deux identiques en septembre et octobre. Avec ce quatrième, le taux de référence s’élève désormais à 3 %.
« La politique monétaire actuelle reste restrictive »a toutefois rappelé Christine Lagarde.
S’adapter à l’économie, pas seulement à l’inflation
La BCE peut se permettre de s’engager dans cette voie en raison d’une inflation proche de son objectif de 2 % – à comparer à un pic de plus de 10 % observé à l’automne 2022. L’inquiétude porte désormais davantage sur « des perspectives de croissance plus faibles que prévu et une incertitude accrue liée aux événements géopolitiques »a indiqué le président. Ainsi, confiant dans un retour « durable » l’inflation dans les moments forts de son mandat, elle souhaite désormais mettre en place une politique “approprié” sur les taux, basés sur des données économiques et non plus seulement liés à l’inflation.
Il est possible de « revenir à une situation où l’horizon de la politique (monétaire) peut s’ajuster en fonction de la nature, de l’ampleur et de la persistance des chocs, selon les besoins », a souligné le premier gardien de l’euro.
BCE : Christine Lagarde très optimiste sur le retour de l’inflation à 2% dans la zone euro
Consensus autour du taux « neutre »
Les marchés anticipent également plusieurs baisses de taux en 2025. Ils estiment que la BCE les réduira pour ramener le taux de référence autour de 2%, un niveau dit « neutre » qui ne pénalise ni ne soutient l’économie. Un avis partagé par le gouverneur de la Banque de France. Alors que la BCE avait jusqu’à présent insisté sur le maintien des taux « suffisamment restrictif aussi longtemps que nécessaire »elle a supprimé le terme “restrictif”. Cela signifie que « on préférerait aller vers ce qu’on appelle le « taux neutre » »estime François Villeroy de Galhau. Ce taux serait en “une fourchette comprise entre 1,7 et 2,5%”a-t-il précisé.
« Nous sommes encore nettement au-dessus » de ce niveau et “il y a de la place” pour d’autres réductions, il a soutenu.
Plusieurs prévisions tablent sur des réductions de 0,25 point de pourcentage lors des six réunions de la BCE en 2025 jusqu’en septembre. Cela augmenterait le taux de référence de 3 % actuellement à 1,5 %. À suivre.
(Avec l’AFP)