Invité de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le député écologiste de Paris dénonce l’incarcération de l’écrivain en Algérie, où il risque la prison à vie. Mais critique ses propos qui, selon elle, portent sur « d’une forme de suprémacisme ».
« C’est scandaleux qu’il soit emprisonné, c’est scandaleux que son avocat n’ait pas le droit d’entrer en Algérie, cela ne fait aucun doute »déclare Sandrine Rousseau à propos de Boualem Sansal, mardi 10 décembre, au micro de Sud Radio. Une fois ces mots prononcés, la députée écologiste de Paris n’a pas manqué de livrer son analyse pour le moins tranchée sur les causes de l’incarcération de l’écrivain.
Un « oui mais » que Richard Malka a dénoncé dans les colonnes de Marianne. « Je connais Boualem Sansal, un grand écrivain, d’un courage rare, un véritable combattant contre l’islamisme. Et c’est précisément de cela qu’on lui reproche. Y compris en France, où certains pseudo-intellectuels, avec un mépris insupportable, disent qu’il faut la défendre… mais ajoutez un oui, mais», a déclaré l’ancien avocat de Charlie Hebdo.
Sandrine Rousseau affiche en effet un soutien ambivalent à l’écrivain franco-algérien. « Je tiens également à préciser que les propos et positions tenus (par Boualem Sansal, NDLR) sont des propos tenus par l’extrême droite », maintient-elle. Avant de souligner : « Il n’est pas nécessaire qu’il soit en prison, il doit être défendu, c’est un droit humain fondamental. Rappelons cependant qu’il n’est pas un ange dans ses positions. »
Mercredi 11 décembre, la demande de libération de l’écrivain âgé de 80 ans a été rejetée par la cour d’appel d’Alger. Fin novembre, son avocat François Zimeray a déclaré à BFMTV que « le risque d’emprisonnement à perpétuité est réel pour le type d’infraction » qui en serait accusé.
« Un sérieux dérapage »
Arrêté en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, Boualem Sansal serait donc devenu un “terroriste” aux yeux du régime. Il aurait ainsi nui » la sécurité de l’État, l’unité nationale, l’intégrité territoriale ou encore le fonctionnement normal des institutions « . D’après Yves Thréard, directeur éditorial adjoint de Figaro, « l’arrestation de Boualem Sansal pourrait être liée aux propos qu’il aurait tenus sur le Sahara oriental. » Boualem Sansal serait soupçonné de prendre le relais « les thèses expansionnistes marocaines du parti Al Istiqlal », défenseur de l’indépendance.
Yves Thréard précise sur le tournage de Figaro en direct que« Au moment de l’indépendance, les Algériens conservaient le territoire du sud-ouest de l’Algérie, qui appartenait historiquement au Maroc. Cela donna lieu, après l’indépendance de l’Algérie, à un conflit assez violent entre l’Algérie et le Maroc appelé la Guerre des Sables. Le Maroc a été très offensif dans ce conflit. »
Habituée des positions polémiques, Sandrine Rousseau dénonce des propos « relatif à une forme de suprémacisme », de l’écrivain franco-algérien. « Le suprémacisme reste l’idée selon laquelle il existe des civilisations supérieures aux autres. C’est précisément ce qui nous mènera au chaos. La montée en popularité de ces thèses, que ce soit aux Etats-Unis, que ce soit en partie en France ou ailleurs dans le monde, nous conduit inévitablement à la confrontation. », ajoute-t-elle.
Après le rejet de la demande de libération de Boualem Sansal, son dossier doit désormais être renvoyé devant le juge d’instruction, selon le quotidien gouvernemental algérien. El Moudjahid.