Plus de 50 % des entreprises montréalaises ne communiquent pas exclusivement en français dans leurs interactions avec la clientèle, ce qui démontre qu’il reste « beaucoup de travail » pour prévenir l’érosion de la langue de Molière dans la métropole, affirme la Ville.
« C’est une statistique inquiétante, c’est sûr. Et ça démontre qu’il faut continuer à travailler», explique en entrevue la responsable de la langue française au comité exécutif et mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois.
Environ 47 % des entreprises montréalaises effectuent leurs communications exclusivement en français avec leur clientèle québécoise, selon un sondage réalisé en juin dernier par la firme BIP Research auprès de 425 commerçants, pour le compte de la Ville, qui La presse obtenu dans le cadre d’une demande d’accès à l’information.
À l’inverse, 43 % des répondants déclarent le faire à la fois en français et en anglais, 5 % en anglais seulement et 5 % dans une ou plusieurs autres langues.
Si elle reconnaît le problème, Mmoi Bourgeois affirme néanmoins que le fait d’avoir réalisé ce sondage «démontre que nous sommes proactifs et que nous voulons vraiment travailler avec le gouvernement sur la notion de promotion du français pour faire des affaires à Montréal».
« Il reste clairement beaucoup de travail à faire. Mais je pense en même - que plusieurs choses récentes que nous avons faites dans la Ville démontrent que nous ne restons pas les bras croisés à regarder la situation se dégrader”, poursuit l’élu, qui cite entre autres la nomination d’un commissaire à la France. langue française et la création d’un comité montréalais sur la langue française.
Positif aussi
Néanmoins, la quasi-totalité (95 %) des répondants au sondage estiment que le français « constitue un atout pour Montréal ». La grande majorité d’entre eux, dans une proportion de 88 %, estiment également qu’il est important que les clients soient accueillis et servis en français dans une entreprise.
Les données sont « encourageantes », estime Caroline Bourgeois.
Cela me rassure que le français soit perçu comme une force, et non comme une contrainte. Et surtout, cela montre que la situation n’est pas irréversible.
Caroline Bourgeois, responsable de la langue française au comité exécutif de la Ville de Montréal
Cependant, seulement les deux tiers des entrepreneurs (68 %) conviennent qu’adopter le français constitue un avantage concurrentiel pour se démarquer dans son secteur d’activité. À peine plus de la moitié d’entre eux (54 %) estiment également qu’adopter le français augmente la productivité du personnel.
À la question de savoir si le français pourrait être plus présent comme langue opérationnelle dans leur établissement, les commerçants interrogés étaient partagés : 48 % étaient d’avis que oui et 52 % étaient d’avis que non.
Vers une rencontre économique ?
La Ville dit travailler à la tenue d’un « French Business Meeting », un événement qui pourrait avoir lieu en mars prochain, dans le cadre du Mois de la Francophonie.
« On ferait ça avec les chambres de commerce, les sociétés de développement des affaires et les entreprises de partout, pour se demander clairement : comment peut-on faire des affaires en français à Montréal ? », explique M.moi Bourgeois, affirmant vouloir renouveler l’expérience, si elle se passe bien.
En octobre dernier, la présidente du comité de langue française de la ville, Louise Harel, appelait la population « à bousculer cette idée que tout va mal » en ce qui concerne la langue française à Montréal.
«C’est le sentiment qui est le plus répandu, mais en même -, je ne vois pas où cela nous mènerait, cette sorte de résignation face à une sorte d’obligation de renoncer», a soutenu l’ancien ministre péquiste. . dans la mêlée de presse, évoquant toutefois aussi « un changement de direction, un virage important » à opérer.
Le rapport final de sa commission recommande, entre autres, que la Ville de Montréal mette sur pied un bureau de la langue française et de la Francophonie, pour « prioriser la tenue d’activités et d’événements culturels en français dans les institutions municipales et dans l’espace public ». , ou encore de « renforcer la représentation de la Ville » dans les grands événements francophones.
Nous suggérons également que l’administration Plante « élabore des ententes-cadres triennales » de financement avec le ministère de la Langue française pour promouvoir le français à long terme. Cela briserait la logique du « financement de projets », estime M.moi Harel.
Avec la collaboration de William Leclerc, La presse