L’ancien président est attristé par la nomination du Béarnais, après avoir plaidé auprès d’Emmanuel Macron pour qu’il lui préfère Sébastien Lecornu. L’influence des « ex » reste grande, de la Macronie à LR, et même un dîner avec François Hollande…
« L’ex » est partout. D’Emmanuel Macron à Gérard Larcher, en passant par François Hollande, qui n’a pas rencontré Nicolas Sarkozy ces dernières semaines, exerçant toute son influence en pleine crise du deuxième quinquennat de Macron ? Il n’a pas hésité à le dire le dimanche de la Tribune, à trois jours du verdict de la Cour de cassation qui doit entériner, ou non, mercredi sa condamnation dans l’affaire des écoutes téléphoniques.
Dimanche 8 décembre, comme révélé le Figaroil a passé deux heures avec le chef de l’Etat pour le convaincre de ne pas nommer François Bayrou, qu’il déteste, à Matignon. Et de choisir plutôt Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées. En sortant de l’Elysée, Nicolas Sarkozy pensait avoir obtenu gain de cause. Manqué. “Je suis désolé pour la France pour ce spectacle angoissant, et désolé pour le président de la République, qui se soumet lui-même à des combinaisons que personne ne peut comprendre”, il a dit au journal. Il juge désormais Emmanuel Macron “insaisissable”, selon un proche. Mais n’entendez pas appeler LR à ne pas participer au gouvernement Bayrou.
« Susceptible, comme tous les faibles »
Habitué de l’Elysée, il n’est plus écouté. Dissolution? Il explique à la Tribune pour n’en avoir entendu parler que le 8 juin, veille des élections européennes, lors de la cérémonie organisée sous l’Arc de Triomphe pour l’arrivée du président américain Joe Biden. Stéphane Séjourné, alors ministre des Affaires étrangères, lui dit : “Cela pourrait nécessiter une dissolution.” “Ce serait stupide!” répond Nicolas Sarkozy, incrédule. Le soir, Emmanuel Macron ne le retient pas pour discuter comme il le fait habituellement. “Quand il ne veut pas parler, c’est parce qu’il prépare quelque chose.” il commente à sa femme. Quelques jours plus tard, il dira sans détour au chef de l’Etat son malaise face à une décision qu’il juge incohérente.
Durant l’été, Emmanuel Macron, en quête d’un Premier ministre, l’a appelé régulièrement. Sarkozy conseille François Baroin, ce sera Michel Barnier. L’ancien président n’a pas vu venir le Savoyard, même si l’ancien commissaire européen lui avait adressé plusieurs messages estivaux. Il lui accorde peu de crédit. Il est « sensible, comme tous les faibles », assure-t-il un élu francilien, regrettant le départ de Gérald Darmanin. Mais il se réjouit que LR accepte de participer à une coalition avec les macronistes.
Tout le monde défile rue de Miromesnil
Ministres, députés et conseillers du président défilent tous rue de Miromesnil. A l’image de Guillaume Kasbarian, ministre macroniste de la Fonction publique dans le gouvernement Barnier, qui s’y rendra le 13 novembre. Nicolas Sarkozy reçoit pour un déjeuner le député RN Sébastien Chenu, puis l’ancien Premier ministre Gabriel Attal le 29 novembre. Le 3 décembre, c’était au tour du leader LR Laurent Wauquiez, à qui il a conseillé de devenir ministre et lui a demandé de recevoir son fils Louis, qui souhaitait se lancer en politique. Lors d’un déjeuner avec Gabriel Attal, le jeune homme a assisté à une séance d’entretien. En novembre, Nicolas Sarkozy est allé déjeuner au Sénat avec Gérard Larcher puis Le 7 décembre, après la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, les couples Sarkozy et Hollande se sont inopinément rendus dîner dans une brasserie du 16e arrondissement. Peu probable.