Montage Moustique : images ©Belga Image
Depuis plusieurs jours, DIGI mène une campagne de communication dont beaucoup sont jaloux. Et pour cause, elle n’en finit plus de faire la Une des journaux. Ses abonnements à 5 € pour des services qui semblent comparables à ceux d’autres marques… Visiblement, quelque chose ne va pas. Bon, pour l’instant, rien de négatif à l’horizon pour le consommateur. C’est ce qui doit forcément inquiéter les autres opérateurs du pays, qui se retrouvent dans une situation inconfortable suite à l’arrivée de la société d’origine roumaine sur le marché belge. Une question taraude les esprits : les consommateurs se tourneront-ils vers ces offres attractives, au détriment des grands opérateurs actuels ?
Les prix du marché bouleversés ?
Le groupe Orange a communiqué ce jeudi matin que « Hey ! a baissé ses prix. Même s’ils n’en parlent pas dans leur communication, c’est évident que ces réductions sont une réponse à l’arrivée de l’entreprise roumaine sur le marché. “Grands groupes qui ont des marques plus petites comme Hey! ou Scarlet (Proximus), s’adaptera. D’autant que cela fait un moment que les prix n’ont pas changé chez les deux enseignes que nous venons de citer. Les opérateurs les utiliseront pour concurrencer directement DIGI. Je pense qu’ils attendaient de voir ce que proposait ce nouveau concours», demande Antoine Destrument, spécialiste télécoms chez Selectra qui donne ses conseils sur la plateforme CallMePower.be.
Mais pour les opérateurs traditionnels, c’est tout le contraire. “C’est assez inhabituel, car de grands opérateurs comme Orange, Proximus, VOO, etc. ont annoncé une augmentation de prix en janvier. Ils savaient que DIGI arrivait, donc c’était un peu surprenant.» Et en effet, alors que Hey ! réduit ses prix, Orange a adressé ce jeudi matin un email à certains de ses clients, pour leur rappeler les hausses de prix, déjà annoncées il y a quelques mois. Pour les abonnements GSM, ils varient entre 40 centimes et 1,40 €, que ce soit en pack ou à l’unité.
Différents coûts
Les grandes marques ne suivront probablement pas le mouvement de réduction. “Il n’y aura pas d’effet d’alignement net, cela ne s’est jamais produit car je pense qu’il existe plusieurs types de consommateurs, de clients et de profils. Ils n’ont certainement aucun intérêt à se lancer dans une guerre des prix car ils doivent défendre leurs marges et leur activité. Ils sont confrontés à des coûts qu’ils doivent rentabiliser car ils sont les premiers à avoir développé et investi dans le réseau. Ce sont des coûts fixes qui doivent pouvoir être rentabilisés sur le long terme, et dont les nouveaux acteurs ne disposent pas forcément. Tout cela entre en jeu. Je ne m’attends pas à une véritable grande révolution, mais ils en tiendront compte pour avoir des offres plus attractives ou au moins avoir une technique un peu plus défensive.», analyse Nicolas Neysen, professeur de stratégie numérique à HEC Liège.
La question de l’augmentation des prix se pose également chez certains consommateurs, qui souhaiteraient à terme s’orienter vers le DIGI. “Il peut y avoir des difficultés de lisibilité dans les offres. On peut se dire : ok, c’est l’offre qu’ils proposent actuellement, est-ce que ce sera toujours la même dans six mois, seront-ils toujours là dans un an ? De nombreuses questions peuvent se poser« . La société roumaine avait communiqué qu’il ne s’agissait pas de prix de call, mais reste à savoir si l’avenir le confirmera…
Des opérateurs en danger ?
Il est encore tôt pour pouvoir envisager les suites que l’opérateur donnera à son réseau, et les services qui seront proposés. “Pour l’instant, je pense que cela aura un effet assez important. Mais je ne sais pas si c’est si inquiétant pour les autres opérateurs. Ils ne doivent pas être contents, évidemment. Mais pour l’instant, comme DIGI ne propose réellement que du mobile et un peu de fibre, le réseau est très limité. Beaucoup de gens ne voudront pas s’inscrire car ils voudront combiner un abonnement Internet avec un abonnement téléphonique. Les consommateurs ne changeront peut-être pas tout de suite. Mais ça pourrait venir», explique Antoine Destrument.
Le Belge est fidèle
Malgré un marketing basé sur des prix bas, il n’est pas sûr que les Belges changent d’opérateur aussi facilement. “C’est un peu comme une partie de poker. La question est : dans quelle mesure considérons-nous que les consommateurs, les clients actuels, seront tentés ? Il y en aura bien sûr pour qui l’aspect prix est fondamental et qui considèrent que c’est un critère principal de choix, ils changeront donc d’opérateur. Mais ce sont des gens habitués à comparer, à la recherche des prix les plus bas. Cela ne représente pas l’ensemble du marché. Il existe d’autres variables sur lesquelles nous pouvons juger de la qualité d’un service. Je pense notamment au service consommateur, au service après-vente, au dépannage, à la stabilité du réseau, etc.», ajoute Nicolas Neysen. Pour beaucoup, le critère du prix ne suffit pas à lui seul comme argument pour changer d’opérateur, surtout dans notre pays… »Le Belge est assez fidèle à ses contrats télécoms, en - normal. Cela change très peu d’opérateurs», conclut Antoine Destrument.
Le consommateur partira-t-il ou non ? Il est trop tôt pour le dire. Mais DIGI peut réellement révolutionner le marché des opérateurs belges, comme cela a été fait dans d’autres pays. Une chose est sûre, c’est un bouleversement qui va laisser des traces car le nouvel opérateur a un bon contact avec la clientèle. Alors, qui pourrait se mettre en travers de son chemin ?