Une quinzaine de producteurs suisses de boissons gazeuses se sont engagés à réduire la teneur en sucre de leurs boissons d’ici 2023 en signant la Déclaration de Milan. Ces entreprises ont jusqu’à fin 2024 pour adapter leurs revenus. L’enquête On En Speak révèle un résultat mitigé.
Alors que 80 pays ont adopté une taxe sur le sucre, la Suisse préfère un engagement volontaire du secteur. Les producteurs de boissons gazeuses se sont engagés dans la Déclaration de Milan en 2023 à réduire la teneur en sucre de leurs produits de 10 %.
De quoi agacer la députée socialiste fribourgeoise Valérie Piller Carrard qui déplore que le Fanta suisse contienne plus du double de sucre que le Fanta britannique. Fin 2024, c’est toujours le cas.
Reyn Ffoulkes, porte-parole de Coca-Cola Suisse et Autriche, confirme qu’il n’y a eu aucun changement récent dans la formulation ou la teneur en sucre de Fanta. Il précise que Coca-Cola adapte ses recettes conformément aux réglementations locales et européennes.
Réductions non quantifiées
Quant aux autres producteurs signataires contactés, ils ne donnent pas plus de détails sur la baisse des taux de sucre, mais donnent des indications.
Henniez, Volg (pour les sodas) et Coop (pour certains produits) affirment avoir déjà atteint ou dépassé les objectifs de la Déclaration de Milan.
Aldi, Coop (pour les autres produits), Lidl, Ramseier et Rivella ont commencé à réduire la teneur en sucre et poursuivent cette réduction. D’autres producteurs comme Migros, Rhäzüns et Volg (pour les boissons énergisantes) réduiront encore la teneur en sucre.
Plusieurs marques précisent qu’elles réduisent le sucre petit à petit, pour que cela soit moins perceptible par les clients. Les producteurs ont jusqu’au 10 janvier pour fournir des données précises sur leurs produits à l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV).
Pour Nathalie Farpour-Lambert, pédiatre spécialiste de l’obésité infantile, responsable du programme Counterpoise aux HUG et consultante auprès de l’Organisation mondiale de la santé, la Déclaration de Milan ne suffit pas et les lois doivent être modifiées.
En effet, le pédiatre affirme que «le sucre consommé dans la population suisse dépasse les 100 grammes par jour, alors qu’on devrait en consommer au maximum 25 grammes. Cette surconsommation contribue à de nombreuses maladies chroniques, notamment l’obésité, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Avec un demi-litre de boisson sucrée, on atteint le double de l’apport journalier recommandé.
L’effet des taxes sur le sucre
Parmi les 80 pays ayant opté pour une taxe sur le sucre, le Royaume-Uni propose l’un des modèles les plus attractifs avec 27 centimes le litre pour les sodas contenant plus de 8 grammes de sucre pour 100 ml. Cela représente 45 000 tonnes de sucre en moins dans les boissons gazeuses chaque année. British Fanta ne contient donc que 4,5 grammes de sucre pour 100 ml, contre 10,3 grammes en Suisse. Mais la recette britannique est complétée par des édulcorants.
Le problème, pour Nathalie Farpour-Lambert, c’est que cette compensation en édulcorants n’est pas clairement indiquée sur le flacon, alors que « les édulcorants ont des effets néfastes liés aux maladies cardiovasculaires ».
Pour le pédiatre spécialiste de l’obésité infantile, il faut absolument réduire la consommation de boissons sucrées et privilégier l’eau comme boisson principale, qui peut être parfumée d’une tranche de citron, d’orange, de concombre ou de feuilles. menthe. La boisson sucrée ne doit être qu’exceptionnelle.
Radio subject and web adaptation: Frédérique Volery