Avec sa start-up basée sur l’intelligence artificielle, Eléonore Crespo veut révolutionner le business planning
A 35 ans, Eléonore Crespo est l’une des rares femmes à la tête d’une start-up française valorisée à plus d’un milliard de dollars, Pigment, dont le logiciel de business planning basé sur l’IA ambitionne de remplacer Excel.
«Le pigment, c’est ce qu’est le GPS avec boussole», résume en souriant l’ingénieur formé à l’Ecole des Mines de Paris.
Lorsqu’une entreprise cherche à augmenter ses revenus, l’outil d’analyse de données de Pigment doit « l’aider à se mettre sur l’autoroute » ou même à changer complètement de trajectoire en cas de crash, comme une inflation plus élevée que prévu qui risque d’affecter son activité, continue-t-il en poussant la métaphore.
Eléonore Crespo est partie du constat que les grandes entreprises géraient leurs revenus et leurs marges sur des feuilles Excel qui n’étaient pas “faites pour avoir beaucoup de données en même -, au même endroit”.
Pour se démarquer des géants comme Microsoft, SAP ou Salesforce, sa start-up se concentre sur l’intelligence artificielle (IA) générative qui permet de centraliser et de connecter les données d’une entreprise pour apporter des réponses immédiates.
Grâce à cette technologie, « nous sommes capables de construire des modèles à la vitesse de la lumière », qu’ils soient financiers, commerciaux ou pour les équipes RH, ajoute le trentenaire.
Cette « démocratisation des données » doit permettre aux entreprises « d’accélérer la prise de décision », selon elle.
– Prisme international –
Une vision qui semble séduire. Pigment, qui compte près de 400 salariés, a réussi à lever 134 millions d’euros en avril, l’une des plus grosses levées de fonds du secteur tech français en 2024.
Les fonds serviront à gagner des parts de marché, à investir dans de nouveaux pays et à accélérer dans l’intelligence artificielle en doublant l’équipe d’ingénierie, explique l’entrepreneur.
Les États-Unis constituent déjà le premier marché pour la start-up, dont les bureaux sont répartis à Paris, New York, Toronto, Londres et bientôt San Francisco, et qui compte 500 clients dans le monde.
Un prisme international qui s’explique par le parcours d’Eléonore Crespo, qui a travaillé chez le géant parapétrolier Schlumberger au Texas, JCDecaux à New York, Google et le fonds d’investissement anglo-saxon Index Ventures.
L’accent mis sur l’intelligence artificielle, en plus d’être dans l’air du -, est également lié à l’expérience de la jeune femme, titulaire d’un master de physique quantique de l’ENS Paris-Saclay.
« Pour bien comprendre le fond de l’intelligence artificielle, encore faut-il avoir des connaissances assez poussées en physique », constate-t-il, dans les locaux lumineux de Pigment, au cœur de la capitale.
Ses modèles ? Bret Taylor, président d’OpenAI ou Demis Hassabis, fondateur de Deepmind (racheté par Google en 2014), « les penseurs du siècle prochain », confie-t-il.
– « Chef d’orchestre » –
Engagé pour l’écologie et les questions d’inclusion dans le numérique, le chef d’entreprise s’est récemment associé à la secrétaire d’État chargée de l’Intelligence artificielle du gouvernement Barnier, Clara Chappaz, pour élaborer il y a deux ans un pacte visant à instaurer plus d’égalité dans une start-up « très masculine ». » univers.
« Nous sommes encore dans un monde assez asymétrique », observe-t-il.
« Plus nous aurons d’exemples, plus nous nous retrouverons dans un cercle vertueux qui démontrera que c’est possible », conclut l’entrepreneur, qui dit n’avoir jamais été freinée personnellement dans ses ambitions.
Fille d’un professeur de lettres classiques et d’un médecin, Eléonore Crespo, qui a grandi en Savoie, a été très tôt attirée par les mathématiques et la physique pour « comprendre les choses le plus possible ».
“Je me souviens d’un élève très motivé, très organisé, qui posait beaucoup de questions et était très curieux”, raconte à l’AFP Philippe Mustar, qui était son professeur à l’Ecole des Mines.
Aujourd’hui encore une fois, c’est une figure “énergique”, “ambitieuse”, “à laquelle tout le monde s’accroche et qui sait motiver les troupes”, affirme Romain Niccoli, avec qui il a cofondé Pigment en 2019.
« Eléonore est capable de présenter une vision et de fédérer, mais plus comme une réalisatrice qui met la main à la pâte que comme un leader inaccessible », explique-t-elle.
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