Pour Trump, les Syriens devront « se débrouiller seuls »

Pour Trump, les Syriens devront « se débrouiller seuls »
Pour Trump, les Syriens devront « se débrouiller seuls »

Les États-Unis, comme le reste du monde, ont été surpris par l’offensive éclair des rebelles syriens, menés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui a conduit en quelques jours au renversement du président. Le syrien Bachar al-Assad, dans un pays miné par plus d’une décennie de guerre civile.

Mais cette nouvelle oblige le gouvernement américain à revoir d’urgence sa stratégie qui, ces dernières années, incapable de soutenir une alternative viable au leader syrien, s’était largement désengagée pour se concentrer sur la lutte contre le groupe jihadiste. État islamique (EI). Dans ce contexte, les États-Unis disposent d’environ 900 soldats en Syrie.

Depuis la chute de Damas, Washington s’est fixé deux grandes lignes d’action : empêcher toute résurgence de l’EI – le Pentagone a mené dimanche des frappes contre les cibles du groupe – et tenter d’influencer la transition politique en Syrie. , appelant à un processus « inclusif et non sectaire », comme l’a fait mardi le secrétaire d’État Antony Blinken. Il a déclaré que les États-Unis « reconnaîtront et soutiendront pleinement le futur gouvernement syrien issu de ce processus ».

Antony Blinken se rendra vendredi en Turquie, très impliquée en Syrie, pour discuter de la situation dans le pays, a indiqué mercredi une Source officielle turque. Les responsables américains passent pour l’instant sous silence le fait que les États-Unis considèrent HTS, autrefois lié à Al-Qaïda, comme un groupe « terroriste » et soulignent qu’à ce stade, le groupe « utilise les bons mots ».

Qu’était Trump ?

Mais samedi, à la veille de l’annonce de la chute d’Assad, Donald Trump a appelé avant tout à ne pas « s’immiscer » en Syrie, jugeant, pour résumer, que les Etats-Unis n’y étaient pour rien. Il a répété la même chose dans une interview au magazine français Paris-Match publié mercredi : « Il y a beaucoup de crises dans le monde. Ces derniers jours, nous avons eu des nouvelles en Syrie. Ils devront se débrouiller seuls, car nous n’y sommes pas impliqués et la non plus.»

Donald Trump prendra ses fonctions le 20 janvier. Lors de son premier mandat, de 2017 à 2021, il a tenté de retirer les troupes américaines de Syrie, avant de l’abandonner sous la pression internationale. « Reste à savoir si, lors de son deuxième mandat, il retirera une partie ou la totalité de ces forces », estime Brian Finucane de l’International Crisis Group. Pour Steven Cook, du Council on Foreign Relations, les États-Unis doivent répondre aux préoccupations réelles concernant l’EI, mais « en ce qui concerne leur implication dans l’élaboration de la politique syrienne, je pense qu’il n’y a rien de bon à en tirer ».

John Turner, professeur d’histoire au Colby College, estime cependant que « si les États-Unis restent à l’écart et ne défendent pas leurs intérêts (…), nous courons le risque de répéter ce qui s’est passé lors de la chute du régime communiste ». en Afghanistan au début des années 1990 », avec l’arrivée au pouvoir des talibans qui servaient alors de refuge à Al-Qaïda. « Une issue similaire en Syrie, bien plus importante sur le plan stratégique, serait désastreuse pour nos intérêts à long terme », souligne-t-il.

Une marge de manœuvre limitée

Pourtant, la marge de manœuvre des États-Unis semble limitée, au-delà « d’exprimer leur intérêt à contribuer à influencer le cours des événements », juge Colin Clarke, directeur de recherche au Groupe Soufan. Mais il estime que « l’administration Trump doit arriver dès le premier jour avec une politique syrienne cohérente et commencer à travailler avec les autres acteurs là-bas, principalement les Turcs ».

Quant aux relations avec HTS, Robert Ford, le dernier ambassadeur américain en Syrie, affirme que le groupe s’est modéré et que les déclarations du chef des rebelles syriens, Abu Mohammad al-Jolani, vont dans le bon sens. « Je ne dis pas que vous devriez faire confiance à Jolani. Il est clairement autoritaire. C’est clairement un islamiste qui ne croit pas que les chrétiens aient le même droit au pouvoir que les musulmans. Mais je suis sûr que je veux le tester sur certaines de ces choses », dit-il.

Selon lui, les États-Unis devraient encourager le HTS et les autres acteurs syriens à tendre la main et à rassurer les diverses communautés du pays, notamment les chrétiens, les Kurdes et les alaouites, dont est issu Bachar al-Assad. Au-delà de cela, Washington devrait prendre du recul et laisser les Syriens décider de leur avenir, estime-t-il.

(afp/euh)

 
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