Une simulation de tir actif qui s’est déroulée à la base militaire de Longue-Pointe à Montréal ne s’est pas déroulée comme prévu : un employé a été traîné au sol par la police militaire, et des acteurs encagoulés et armés de fusils à blanc ont tiré sur des fonctionnaires à peine informés qu’un exercice allait se produire. aura lieu la semaine prochaine.
Des employés civils du ministère de la Défense affirment qu’ils ont été informés à la dernière minute de cet exercice de simulation de tir actif et qu’ils n’ont pas eu le - de donner leur consentement ou non.
Je vois cet exercice comme un échec complet
» a écrit un employé dans un courriel adressé aux gestionnaires et à son syndicat, le Syndicat des employés de la Défense nationale. Cela a causé un préjudice physique et psychologique injustifié aux employés.
ajoute-t-il.
Suite à cette simulation, au moins deux membres des 202 personnelse Depot Workshops a consulté un médecin en raison du niveau de stress élevé ressenti lors de l’exercice. L’un des deux salariés est toujours en arrêt maladie.
Le 12 novembre, la Garnison de Montréal a publié une photo de la simulation de tir actif dans le bâtiment 10. La publication a été supprimée le même jour.
Photo : Photo fournie à -
Le 202e Shop Depot compte 80 militaires et 220 employés civils, principalement des cols bleus sans formation militaire. Les vétérans et anciens militaires réembauchés comme civils dans la fonction publique font également partie de cette unité.
Véritable simulation, peu de communication
Dans l’après-midi du vendredi 8 novembre, veille d’un week-end prolongé, un courriel a été envoyé indiquant qu’un véritable exercice avec un tireur accompagné de la police
devait avoir lieu entre le 12 et le 15 novembre. Le message expliquait la procédure à suivre, mais il ne donnait aucune indication sur l’heure ni le lieu précis.
Simon Richard et plusieurs de ses collègues ont lu le courriel à leur retour de longue permission, le mardi 12 novembre.
J’ai été choqué; j’étais en colère
explique le technicien en véhicules et équipements lourds.
Dans le passé, il y avait déjà eu cette intention de faire ce type d’exercice dans nos bâtiments. Nous avons eu le - de contacter nos managers pour leur dire que ce n’était vraiment pas une bonne idée de tirer des coups de feu sur nos immeubles ; nous avons une forte concentration d’anciens combattants qui risquent de subir un choc post-traumatique
il maintient.
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Simon Richard est fonctionnaire et n’a aucune formation militaire. Il est technicien de véhicules et d’équipement lourd depuis 14 ans à la Garnison de Montréal.
Photo : - / Emiliano Bazan Montanez
Deux heures après le début de son service, à 8h30, des coups de feu retentissent bruyamment dans le hangar où il se trouve. Des acteurs cagoulés avec des armes à blanc chargées ont fait irruption alors que Simon Richard conduisait une charrette.
Ils ont tiré dans notre direction, dit-il. Nous avons commencé à faire la procédure de tir actif, nous avons crié « tireur actif ! » J’ai garé la voiture en urgence, nous avons débarqué et nous sommes allés nous cacher, nous réfugier, comme l’indique la procédure.
Parallèlement, selon nos sources, un employé qui se trouvait dans un atelier de peinture de véhicules n’a pas entendu les coups de feu grâce à son équipement de protection. C’est en sortant de la pièce, une quinzaine de minutes plus tard, qu’il s’est retrouvé face à face avec les policiers militaires. Ce dernier lui a dit de lever les mains en l’air, puis de s’allonger au sol. Déconcerté, l’employé a obéi et a été traîné au sol, provoquant la déchirure de ses vêtements. La police militaire l’a fouillé, a jeté son portefeuille et lui a retiré ses bottes de travail, avant de lui dire de sortir.
Cet incident a rappelé des souvenirs douloureux à cet employé originaire du Rwanda.
Choqué, humilié, dégradé : ce sont des mots qui revenaient souvent
, mentionne Stéphane Goulet, président de la section locale du Syndicat des employés de la Défense nationale, qui s’est entretenu à plusieurs reprises avec l’employé en congé de maladie depuis l’événement.
Le ministère de la Défense nationale a confirmé à - que l’employé avait été pris pour un participant à la simulation et qu’il avait participé à l’exercice sans son consentement. Nous reconnaissons la gravité de l’incident et nous excusons pour l’impact négatif que cette personne a subi.
a répondu par courriel au bureau des relations avec les médias.
Exercice annuel
Pour les salariés de 202e Dépôt atelier, la procédure bastion verrouillé
se déroule habituellement chaque année, sans acteurs et sans la présence de la police militaire ou du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Une alerte est envoyée sur les écrans des ordinateurs et les salariés doivent se réfugier dans un bureau désigné, jusqu’à ce qu’une deuxième alerte signale la fin de l’exercice. Cependant, cette simulation de tir actif est allée beaucoup plus loin cette année.
Stéphane Wall, superviseur retraité chez SPVM et spécialiste de l’usage judicieux de la force, a participé à l’organisation d’une vingtaine de grandes simulations à Montréal entre 2007 et 2019 destinées à préparer les patrouilleurs et les premiers répondants à toute forme de menace.
Sur les 20 simulations auxquelles il a participé, seules 4 impliquaient de vrais salariés sur leur lieu de travail. Ils étaient bien informés avant la simulation à venir.
Se retrouver au milieu d’une situation où l’on voit des armes pointées, un couteau, voire une arme à feu qui est fausse… Si vous n’êtes pas informé, il est certain que cela pourrait risquer de créer un stress, puis une peur chez certaines personnes.
il maintient.
De son côté, June Winger, présidente nationale du Syndicat des employés de la Défense nationale, soutient qu’en 25 ans de carrière, elle n’a jamais entendu parler d’un exercice réalisé comme celui-ci, même lorsqu’elle travaillait au Centre antiterroriste de la Défense nationale.
Nous sommes habitués à offrir une formation pour préparer les gens à ce qu’il faut faire en cas d’urgence, et nous n’aurions jamais fait ce que ces membres ont subi.
Enquêtes en cours
Selon nos sources, suite à nos questions adressées à la Défense nationale vendredi dernier, le commandant de la 202e Dépôt d’ateliers, Robin Chenard, a convoqué ses employés lundi pour leur rappeler les consignes à suivre auprès des médias. Il les a également informés des discussions en cours pour éviter qu’un exercice ainsi organisé ne se reproduise ailleurs.
Le commandant a indiqué aux employés qu’une enquête interne avait été ouverte, mais qu’ils ne savaient pas pourquoi la chaîne de commandement n’avait pas été informée du lieu précis et de l’heure exacte de l’exercice, ni pourquoi la police militaire avait agi de cette façon. Il a toutefois assumé la responsabilité du courrier électronique envoyé un vendredi après-midi, la veille de longues vacances.
Le ministère de la Défense nationale a décliné nos demandes d’entrevues, mais confirme avoir a lancé une enquête pour faire la lumière sur l’affaire, comprendre les circonstances ayant conduit à l’erreur et éviter qu’un tel incident ne se reproduise
De son côté, le SPVM avons redirigé nos questions vers la garnison de Montréal, responsable de l’exercice. LE SPVM n’a pas souhaité révéler, pour des raisons opérationnelles, combien de policiers ont participé à l’exercice.
Le Syndicat des employés de la Défense nationale a déposé une plainte pour défaut de l’employeur d’assurer la santé, la sécurité et le bien-être des employés pendant leur service, ainsi qu’une plainte auprès de la Commission d’examen des plaintes concernant la police militaire.