Karine* vit dans l’anxiété depuis le début de la grève. Le membre du syndicat Postes Canada est atteint d’un cancer de stade 4 avec métastases cérébrales. Pour traiter ce problème, elle doit suivre quotidiennement une forme de chimiothérapie orale. Or, sans assurance, elle se retrouve prise dans un cauchemar administratif pour obtenir ce traitement qui coûte près de 10 000 $ par mois.
« J’ai honte pour Postes Canada. Qui prend de telles décisions ? Jouer avec la vie des gens est inhumain», tonne la femme au bout du fil. “J’espère que les gens se comporteront bien et que nous gagnerons quelque chose, au moins nos médicaments.”
Karine contacte actuellement la Régie de l’assurance santé du Québec (RAMQ) pour voir s’il est possible de basculer au régime public d’assurance médicaments pendant la durée de la grève, mais la complexité des démarches administratives l’épuise. De plus, les médicaments qu’elle a actuellement en sa possession s’épuiseront pendant la période des Fêtes alors que plusieurs services administratifs seront fermés.
Elle explique que toutes ces démarches lui demandent beaucoup de - et d’énergie et lui causent beaucoup de stress, alors qu’elle devrait pouvoir consacrer toute son énergie à sa santé.
Loin d’être un cas isolé
Patricia est caissière à Postes Canada. Même si elle était en arrêt de travail, ses prestations de santé, tout comme son assurance, ont été supprimées pendant toute la durée de la grève. Elle doit également prendre des médicaments qui lui sont essentiels.
«Je trouve inhumain, immoral, complètement de m’empêcher de me guérir. Comment voulez-vous que je retourne au travail si je ne suis pas en mesure de récupérer mes médicaments ? »
Même si le seul revenu qu’elle reçoit actuellement est son fonds de grève de 56,20 $ par jour, elle se demande comment elle y parviendra. Son ordonnance est sur le point d’expirer.
« Ce n’est pas avec 56 dollars par jour que je vais réussir à faire quoi que ce soit, mais je vais continuer à me battre », assure-t-elle.
Maxime, un autre employé de Postes Canada en congé de maladie, est atteint d’une tumeur au cerveau qui lui provoque des crises d’épilepsie. Pour y remédier, il doit prendre des anticonvulsivants.
C’est en se rendant à l’épicerie pour récupérer ses médicaments qu’il apprend que son assurance médicaments n’est plus valide. Une situation qu’il qualifie d’anxiogène. Il déplore même de ne pas avoir été informé de cette situation avant de se rendre à la pharmacie.
« J’ai du mal à exprimer ma déception face à cette façon de faire », nous confie-t-il.
Réaction de Postes Canada
Par courriel, Postes Canada a indiqué qu’elle avait offert au syndicat la possibilité de couvrir les frais d’assurance de ses membres pendant la grève, ce qui aurait été refusé par la partie syndicale.
« Une fois la grève commencée, nous avons informé le [syndicat] que les conventions collectives expirées ne s’appliqueraient plus et que les conditions d’emploi des membres du personnel seraient modifiées, y compris les avantages sociaux. Le centre d’appels des avantages sociaux est toujours ouvert pour répondre aux questions des salariés », explique un porte-parole de l’entreprise publique.
*L’employée a demandé à ne pas être identifiée par crainte de représailles de la part de son employeur.