Elections législatives en France | La barre des 200 désistements contre le RN a été franchie – .

(Paris) D’ultimes tractations ont précédé la clôture, mardi à 18 heures, du dépôt des candidatures pour le second tour des législatives, tandis que la barre des 200 désistements a été franchie, pour tenter de constituer un “front républicain” face à un Rassemblement national, au bord de la majorité absolue.


Publié à 07:23

Mise à jour à 10h04



Fabrice RANDOUX

Agence France-Presse

A ce stade, selon un comptage réalisé par l’AFP, 118 membres du Nouveau Front populaire de gauche ont choisi de se retirer, ainsi que 78 de la coalition macroniste Ensemble pour la République. Auxquels s’ajoutent trois députés rattachés au parti de droite Les Républicains (LR) et un élu d’outre-mer sans étiquette, sur un total de plus de 300 courses à trois.

Souvent sans enthousiasme, les désistements de candidats macronistes ou de gauche interviennent dans l’écrasante majorité des circonscriptions où au moins trois candidats étaient qualifiés et où le parti Le Pen est en position de l’emporter.

PHOTO SYLVIE HUSSON, AFP

Tableau explicatif du mode de scrutin aux élections législatives

L’objectif est d’empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue de 289 députés. Si cela était réalisé, les adversaires du parti d’extrême droite seraient alors confrontés à la tâche complexe de former une majorité ou un gouvernement alternatif capable de diriger la France.

De son côté, Jordan Bardella, prêt à entrer à Matignon, a dénoncé des « alliances du déshonneur » et appelé les électeurs à lui accorder la majorité absolue « face à la menace existentielle pour la nation française » que représente, selon lui, le Nouveau Front populaire.

La ministre Dominique Faure (Parti radical), qui avait annoncé lundi son maintien dans la course à la présidence, s’est finalement désistée. Les regards se tournent notamment vers l’Hérault et la secrétaire d’Etat Patricia Mirallès. Plusieurs candidats du camp macroniste qui envisageaient de maintenir leur candidature se sont désistés mardi.

Illustration de ces retraits : dans le Calvados, le candidat LFI s’est retiré pour privilégier la réélection d’Élisabeth Borne, que la gauche avait pourtant vigoureusement combattue sur les réformes des retraites et de l’immigration.

Dans l’autre sens, malgré le « ni RN ni LFI » prôné par Édouard Philippe, un candidat d’Horizons en Seine-Maritime, Laurent Bonnaterre, s’est retiré, offrant ainsi la possibilité à une députée LFI sortante Alma Dufour de conserver son siège.

Il y a quelques exceptions, comme le Renaissance Loïc Signor qui reste dans la circonscription de l’Insoumis Louis Boyard, député “contre la République” selon le parti présidentiel.

Loin de ces équations nationales, à Paris, le candidat sortant Renaissance et dissident Gilles Le Gendre s’est retiré et appelle à voter à gauche contre le candidat macroniste poussé par Rachida Dati.

« Pas une seule voix » pour le RN

Emmanuel Macron a déclaré à ses ministres que “pas une voix” ne devait “aller à l’extrême droite”, rappelant que la gauche s’était mobilisée contre le RN en 2017 et en 2022, permettant sa propre accession à l’Élysée.

Une manière de répondre à ceux qui, dans la majorité comme Bruno Le Maire, ont mis dos à dos le RN et La France Insoumise, accusés d’avoir flirté avec l’antisémitisme pendant la campagne européenne.

Et Gabriel Attal a martelé le propos mardi. « Les seuls capables d’avoir une majorité absolue, c’est le Rassemblement national, il faut empêcher ça », a-t-il martelé, soulignant que « retrait ne veut pas dire rassemblement » lors d’un déplacement de campagne.

PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Gabriel Attal

« Je suis le chef de la majorité », a-t-il rappelé au ministre des Finances.

Côté société civile, une intersyndicale composée de la CFDT, de la CGT, de l’Unsa, de la FSU et de Solidaires, a appelé à voter pour les candidats « les mieux placés pour battre l’extrême droite », tout comme un millier d’historiens dans une tribune du Monde.

De son côté, le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a maintenu sa ligne « ni RN, ni LFI ».

Assemblée « plurielle »

Dimanche, la vague bleu marine a déferlé avec plus de 10,6 millions de voix, soit 33,1% des suffrages, un niveau historique hors second tour de la présidentielle de 2022.

Au premier tour dimanche, le RN a fait élire 39 députés, à commencer par Marine Le Pen dans le Pas-de-Calais. Le parti à la flamme, allié à Eric Ciotti, s’est qualifié dans 443 des 577 circonscriptions et est en tête dans 296 d’entre elles.

Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’extrême droite pourrait prendre le pouvoir en France. Et les autres forces politiques ont peu de moyens pour l’en empêcher.

Jordan Bardella a déjà fait savoir qu’il refuserait le poste de Premier ministre s’il ne disposait pas d’une majorité absolue, soit 289 députés.

PHOTO CHRISTOPHE ENA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Jordan Bardella

Mais, si le RN s’en rapproche, avec « par exemple 270 députés », Marine Le Pen a indiqué que son parti chercherait à attirer « des députés par exemple de diverses droites, de diverses gauches, LR, qui ont exprimé dans le passé une proximité avec nous ».

Si le RN ne parvenait pas à gouverner, les macronistes, une partie de la gauche et certains LR pourraient tenter de former une « grande coalition », courante dans les pays européens, mais étrangère aux traditions politiques françaises.

Gabriel Attal a ainsi espéré qu’une « assemblée plurielle » sortirait des urnes, le LR Xavier Bertrand parlant d’un « gouvernement de renouveau national ».

« Beaucoup de ceux qui hier étaient farouchement dans l’opposition réfléchissent », a assuré François Bayrou.

Mais Manuel Bompard a exclu que LFI participe à une telle coalition. « Les Insoumis ne gouverneront que pour mettre en œuvre leur programme, rien que le programme, mais tout le programme », a-t-il affirmé.

 
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