Au total, 54 entreprises bruxelloises, sur les 175 que compte la délégation, ont fait le déplacement avec hub.brussels. “Cela représente un tiers de la délégation belge, ce qui est incroyable pour Bruxelles, par rapport à sa taille.»continue-t-elle.
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“Nous nous concentrons sur l’économie d’impact, au niveau social et environnemental, qui fonctionne très bien à l’international. Cependant, les réglementations de construction ambitieuses imposées par Bruxelles ces dernières années avaient initialement gêné l’ensemble du secteur de la construction. Mais désormais, les acteurs du secteur sont les premiers à se réjouir de pouvoir exporter ce que nous faisons de mieux en matière de construction durable. « Au niveau international, la demande est énorme » dit-elle.
“La demande de produits ou de technologies permettant de réduire la consommation d’eau dans l’agriculture est également importante. Parce que hub.brussels accompagne également les entreprises de ce secteur, comme Fyteko par exemple», dit-elle en désignant le PDG de l’entreprise qui discute avec des Brésiliens sur la terrasse de la maison. Une terrasse ombragée qui laisse entrer un peu d’air frais en cette chaude journée de fin novembre. Le thermomètre extérieur indique un timide 38°C. Le message sur la consommation s’entend sans forcer.
mouette“Nous devons éviter que le commerce extérieur soit considéré comme une compétence fantaisiste, alors qu’il a subi des coupes budgétaires.”
« Il existe également une forte demande pour les technologies liées à l’éducation.», pour surmonter des problèmes de circulation ou accéder à des formations avancées mais parfois très loin du lieu de vie des candidats. Rappelons que le Brésil fait 277 fois la taille de la Belgique et que le pays est confronté à des problèmes bien différents de ceux du plat pays à ce niveau.La société U Hope met par exemple à disposition des professeurs à distance. C’est un exemple de B2G, business to gouvernement, à développer. »explique-t-elle.
Des critiques sur les choix effectués ? « Il n’y a aucune exclusion ! »
Si la volonté de hub.brussels de se spécialiser dans le business à impact est louable, certains estiment que cela pénalise les projets ou les entreprises qui ne ciblent pas spécifiquement des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans leurs plans.
“Nous n’excluons jamais, mais nous spécialisons. Mais n’importe quelle entreprise peut être accompagnée par hub.brussels. Les services de première ligne, tels que l’assistance pour les permis et les plans d’affaires, sont ouverts à tous», rétorque le directeur de l’agence, avant de revenir sur les bénéfices de la mission.
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“Grâce à la princesse, nous parvenons à avoir des contacts de haut niveau. C’est très utile pour tout le monde. Pour les petites entreprises, pour leur donner de la crédibilité, et pour les grandes entreprises, pour avoir accès au plus haut niveau. Nous représentons Syensqo, Tractebel, Fluxys, Schreder, Solvay (dont le site brésilien était à l’honneur au début de la mission, NDLR), mais le tissu économique bruxellois est constitué à 90% de petites entreprises qui doivent savoir qu’elles peuvent venir à l’international. Le message doit passer. »explique-t-elle.
mouette« Bruxelles est internationale et doit le rester »
Si le budget de hub.brussels s’élève à environ 40 millions d’euros, environ un tiers est dédié au développement international et aux exportations.
«Les politiques bruxellois font campagne contre les Bruxellois. Mais ils oublient parfois quelque chose qui remplit les caisses de la Région, qui les nourrit, c’est le commerce international et l’ouverture sur le monde. Bruxelles est internationale et doit le rester”explique-t-elle.
A noter que selon les chiffres de 2023, les exportations annuelles de biens des entreprises bruxelloises atteignent 11,8 milliards d’euros et 32,3 milliards d’euros pour les services (selon les derniers chiffres connus pour 2022). La balance commerciale totale reste néanmoins négative à 8,6 milliards d’euros. Sans surprise, la Région, qui abrite la capitale du pays, importe plus qu’elle n’exporte.
Trop « politisé » ?
Enfin, certains estiment, au sein même de la mission, que l’agence est trop politisée, trop proche du PS, étant donné que sa directrice y est étiquetée et qu’elle est très proche du ministre-président Rudi Vervoort.
Pierre-Yves Jeholet (MR) : « Il faut arrêter. On a dépensé de l’argent public en Région wallonne… Mais ça n’a pas marché.»
“Nous sommes un organisme public indépendant. Nous ne dépendons pas directement des ministres responsables (comme le Secrétariat du Commerce extérieur, le ministre de l’Économie et le ministre-président, NDLR). Par ailleurs, ces compétences pourraient être fusionnées sous la prochaine législature», prévoit-elle, prévoyant les tribulations politiques des prochains mois.
“Il faut éviter que le commerce extérieur soit perçu comme un gadget de compétence, alors qu’il a subi des coupes budgétaires, comme tous les services en fin de mandat. Le commerce extérieur n’est pas réservé aux politiciens. C’est une machine économique», affirme-t-elle.
“Alors, l’agence est-elle politisée ? En partie parce que le conseil d’administration est composé de représentants d’entreprises. Mais le conseil d’administration va changer et nous intégrerons prochainement d’autres représentants des partenaires sociaux.», termine-t-elle avec enthousiasme, avant de reprendre le reste de sa journée bien remplie.