L’armée libanaise déploie jeudi des troupes et des véhicules blindés dans le sud du pays, au deuxième jour du cessez-le-feu qui a mis fin à deux mois de guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah pro-iranien. L’armée doit veiller à son application délicate.
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28 novembre 2024 – 13h11
(Keystone-ATS) Le Parlement libanais doit se réunir le 9 janvier pour élire un président de la République, dont le pays est privé depuis plus de deux ans par les différends entre le Hezbollah et ses adversaires, a annoncé l’agence d’information libanaise Ani.
Aucun incident majeur dans la trêve n’a été signalé jusqu’à présent, malgré la ruée, dès son entrée en vigueur mercredi à 3 heures du matin, de dizaines de milliers d’habitants déplacés par les hostilités pour regagner leurs foyers dans le sud, le sud du pays. banlieues de Beyrouth et à l’est du pays, tous les bastions du Hezbollah bombardés pendant deux mois par l’aviation israélienne.
Toutefois, deux personnes ont été blessées jeudi dans des tirs israéliens « sur la place » du village méridional de Markaba, a indiqué l’agence de presse libanaise. L’armée israélienne, qui a averti la population de ne pas s’approcher des positions qu’elle conserve encore, a indiqué avoir tiré en direction de “suspects (…) arrivant avec des véhicules” dans certaines zones et “ne respectant pas les conditions du cessez-le-feu”.
L’armée libanaise “poursuit son déploiement au sud du Litani (le fleuve à une trentaine de kilomètres de la frontière, NDLR), effectue des patrouilles et installe des postes de contrôle”, a indiqué jeudi à l’AFP une Source militaire, précisant que les soldats “n’avancent pas dans les zones”. où se trouve toujours l’armée israélienne.
Dans le village chrétien de Qlaaya, près de la frontière, les soldats libanais ont été accueillis à leur entrée mercredi soir par des habitants en liesse, qui leur ont lancé des fleurs et du riz en agitant des drapeaux libanais. “Nous voulons seulement l’armée libanaise au Liban”, scandait la foule, selon un correspondant de l’AFP. L’armée a indiqué mercredi qu’elle commençait à “renforcer sa présence” dans le sud, “en coordination avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban”, la FINUL.
« Prêt à affronter » Israël
L’accord de cessez-le-feu vise à mettre fin au conflit meurtrier qui a débuté il y a plus de 13 mois entre Israël, l’armée israélienne et le mouvement islamiste libanais, qui a provoqué le déplacement de 900 000 personnes au Liban et 60 000 dans le nord d’Israël.
Parrainé par les États-Unis et la France, il prévoit le retrait sous 60 jours de l’armée israélienne du Liban, où elle est entrée le 30 septembre, une semaine après qu’Israël a lancé une campagne de frappes massives contre le Hezbollah.
Le mouvement libanais doit se retirer au nord du fleuve Litani et démanteler ses infrastructures militaires au sud. L’accord comprend un soutien technique américain et français à l’armée libanaise. Sa mission s’annonce délicate : Israël se réserve « une liberté totale d’action militaire » au Liban, « si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer », a prévenu son Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Le Hezbollah a de son côté revendiqué mercredi une “victoire” sur Israël, affirmant que ses combattants “resteront pleinement prêts à faire face (…) aux attaques de l’ennemi israélien”. Le mouvement chiite va coopérer avec l’Etat libanais pour renforcer le déploiement de l’armée, a assuré à l’AFP l’un de ses adjoints, Hassan Fadlallah. Mais ses membres « sont les enfants des villages » du sud, d’où « personne » ne peut les chasser, a-t-il ajouté.
Affaiblie par les frappes israéliennes, qui ont notamment décimé sa direction, la formation, armée et soutenue par l’Iran, reste un acteur incontournable de la scène politique libanaise. Le Hezbollah a ouvert un front « de soutien » au Hamas contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien. Des mois d’échanges de tirs transfrontaliers ont suivi, avant l’escalade de septembre.
« Renaître »
Le flux incessant d’habitants rentrant chez eux pour retrouver leurs villes et villages dévastés se poursuit jeudi, sur des routes en proie à des embouteillages géants, ont constaté des correspondants de l’AFP.
Dans la ville méridionale de Tyr, où la fumée s’élève encore des bâtiments bombardés, des pêcheurs attendent au port le feu vert de l’armée pour reprendre la mer. “Quand il y a eu l’escalade, nous avons complètement arrêté de travailler et avons été menacés par les Israéliens”, explique l’un d’eux, Madhi Istanbuli.
« Malgré l’ampleur des destructions et notre douleur, nous sommes heureux d’être rentrés », confie Oum Mohamed Bzeih, une veuve de 44 ans qui a retrouvé sa maison dévastée dans le village de Zebqine. « On se sent renaître. » Selon les autorités libanaises, au moins 3 823 personnes ont été tuées dans le pays depuis octobre 2023, la plupart depuis fin septembre de cette année. Côté israélien, 82 soldats et 47 civils sont morts en 13 mois, selon les autorités.
A Nahariya, ville côtière israélienne à portée de roquettes du territoire libanais, Baha Arafat, un homme de 44 ans, a également exprimé mercredi son soulagement. « Il n’y a pas d’abri dans la région et les derniers jours ont été tendus. »
“Il y a un sentiment de plus grande sécurité, nos enfants peuvent retourner à l’école”, se réjouit Yuri, 43 ans, déplacé de son kibboutz Yiron, près de la frontière, à Haïfa. Mais « nous ne nous sentons pas complètement rassurés », car « le Hezbollah a encore de la force », ajoute-t-il.