(Ottawa) Les premiers ministres provinciaux et territoriaux souhaitent rencontrer rapidement leur homologue fédéral Justin Trudeau pour discuter de la relation canado-américaine, notamment sur le plan commercial. Cette demande intervient alors que le Conseil de la fédération plaide pour des négociations bilatérales avec les États-Unis et le Mexique.
Publié à 15h18
Mis à jour à 17h57
Le premier ministre de l’Ontario et actuel président du Conseil de la fédération, Doug Ford, a demandé cette réunion dans une lettre publiée lundi.
« Alors que nous nous préparons à accueillir la nouvelle administration américaine, il est important d’agir maintenant et de travailler ensemble pour saisir cette opportunité de renforcer le partenariat historique avec les États-Unis », peut-on lire.
L’avenir de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) préoccupe les dirigeants provinciaux et territoriaux. Ils exigent de la « clarté » sur la manière dont le gouvernement fédéral entend préparer le terrain pour la révision de l’accord commercial.
La sécurité des frontières, l’énergie, la défense et la résilience des chaînes d’approvisionnement entre voisins figurent également sur la liste des questions que souhaitent aborder les 13 premiers ministres du Conseil de la fédération.
Au bureau du premier ministre Justin Trudeau, il a été rapporté que ce dernier avait « reçu la lettre du premier ministre Ford », sans toutefois commenter directement la demande de rencontre.
« En s’appuyant sur l’approche d’Équipe Canada, notre gouvernement s’engage à travailler les provinces et les territoires pour faire avancer les priorités communes du Canada et des États-Unis en termes de commerce, d’investissement, de paix et de sécurité sur le continent », a-t-on indiqué.
L’ACEUM en danger ?
Le Conseil de la fédération a soutenu la semaine dernière qu’il serait sage de négocier des accords bilatéraux plutôt qu’un accord tripartite. Sans exclure cette possibilité, le premier ministre Justin Trudeau a exprimé un parti pris en faveur d’un accord tripartite.
Lui et sa ministre des Finances, Chrystia Freeland, ont toutefois fait valoir que les craintes des États-Unis concernant le poids de la Chine dans les échanges commerciaux du Mexique n’étaient pas sans fondement.
« J’ai personnellement entendu des membres de l’administration Biden, des gens qui ont été de fervents partisans du président Trump et qui sont ses conseillers, exprimer de très sérieuses inquiétudes quant au fait que le Mexique sert de porte dérobée à la Chine », a déclaré la ministre Freeland mardi dernier.
« Je crois que ces préoccupations sont légitimes » et le Canada « partage ces préoccupations », a-t-elle déclaré.
Le premier ministre Justin Trudeau dit avoir fait part de ces inquiétudes à la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum lors de leur tête-à-tête en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro le 18 novembre.
Exclure le Mexique, ” sexymais peut-être pas prudent »
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, ne voit pas nécessairement une rupture sous un jour positif.
« Je comprends la tentation du premier ministre Trudeau et du premier ministre Ford de dire : « Le Mexique est le plus gros problème auquel les États-Unis sont confrontés ; faisons-leur un cadeau, concluons un accord sans le Mexique, peut-être qu’ils se retrouveront mieux », a-t-il expliqué jeudi dernier.
Car selon lui, d’importants investissements canadiens et québécois seraient « lourdement pénalisés » par l’exclusion du Mexique. Et c’est sans compter qu’un traité de libre-échange entre Ottawa et le Mexique serait « complètement alourdi par le géant entre le Mexique et nous ».
Bref, « c’est sexymais à ce stade-ci, ce n’est peut-être pas prudent», a déclaré le chef du Bloc.
Une autre réunion du comité du Cabinet
La victoire de Donald Trump le 5 novembre a incité le gouvernement à ressusciter un comité du Cabinet sur les relations canado-américaines deux jours plus tard. Le comité, dissous depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, est présidé par la ministre Freeland.
Il s’est réuni ce lundi soir pour la quatrième fois.
Les premiers ministres du Conseil de la fédération se réuniront pour leur part à Toronto les 15 et 16 décembre.