Le dernier cycle de négociations sur un traité mondial contre la pollution plastique s’ouvre lundi à Pusan, en Corée du Sud. Le diplomate qui présidera les débats, Luis Vayas Valdivieso, exhorte les pays à ne pas laisser passer « une opportunité unique dans une génération ».
La pollution plastique est si répandue qu’elle a même été détectée dans les nuages, dans les fosses océaniques les plus profondes et dans pratiquement toutes les parties du corps humain, y compris le cerveau et le lait maternel.
Si tout le monde s’accorde sur l’existence du problème, les opinions divergent radicalement sur la manière de le combattre.
A Pusan, les délégations ont une semaine pour se mettre d’accord sur des questions épineuses comme le plafonnement de la production de plastique, l’éventuelle interdiction des substances chimiques toxiques ou encore le financement des mesures qui seront prévues par le traité.
Il existe de réelles divergences sur plusieurs éléments clés
a reconnu dimanche Inger Andersen, responsable du programme des Nations Unies pour l’environnement. Je suis convaincu que nous pouvons y parvenir, mais chacun devra faire sa part.
En 2019, la planète a produit environ 460 millions de tonnes de plastique, un chiffre qui a doublé depuis 2000, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Plus de 90 % du plastique n’est jamais recyclé et plus de 20 millions de tonnes finissent chaque année dans l’environnement, souvent après seulement quelques minutes d’utilisation.
Le plastique représente également 3 % des émissions mondiales de carbone, principalement en raison de sa production à partir de combustibles fossiles.
Deux camps
A Pusan, deux camps s’opposent. Il y a d’abord le Coalition de hautes ambitions
(HAC), qui regroupe de nombreux États africains, européens et asiatiques. Ces pays veulent un traité couvrant l’ensemble cycle de vie
plastiques, de la production aux déchets.
Dans le camp adverse, d’autres pays, principalement de grands producteurs de pétrole comme la Russie et l’Arabie Saoudite, souhaiteraient que le traité ne concerne que la gestion des déchets.
L’HAC fait campagne pour des objectifs mondiaux contraignants visant à réduire la production et les déchets, et pour l’imposition de changements dans la conception des plastiques afin de faciliter leur réutilisation ou leur recyclage. Elle a mis en garde les parties contre intérêts particuliers
cela pourrait faire dérailler un accord.
Ces divisions ont paralysé les quatre cycles de négociations précédents, qui ont abouti à un projet de traité de plus de 70 pages qui était, de l’avis de tous, totalement irréalisable.
Luis Vayas Valdivieso avec le ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Adrian Wyld
Luis Vayas Valdivieso, le diplomate équatorien qui préside les négociations, a conçu un plan alternatif. Plus lisible, le texte de 17 pages met l’accent sur des points communs, comme la nécessité de promouvoir les plastiques réutilisables.
Il laisse cependant de côté les questions les plus controversées, au grand désarroi des pays et des organisations environnementales les plus ambitieuses.
M. Valdivieso a néanmoins estimé dimanche qu’un une compréhension commune a émergé
tout en rappelant aux délégations qu’elles n’ont que 63 heures de travail pendant cette période semaine cruciale
pour parvenir à un accord.
Ce traité est une opportunité unique
dit-il.
Certains observateurs prédisent que les négociations vont se prolonger, surtout après les difficiles conférences des Nations Unies sur le climat et la biodiversité de ces dernières semaines.
Vers un accord
Mme Andersen et M. Valdivieso insistent pour qu’un accord soit conclu à Pusan. Ce qui inquiète certains ONGqui craignent que les délégations s’entendent sur un traité souple et timide juste pour sauver la face en signant quelque chose.
La position des États-Unis et de la Chine, qui ne se sont ouvertement rangés du côté d’aucun des deux camps, s’avérera cruciale.
Plus tôt cette année, les États-Unis avaient laissé entendre qu’ils soutiendraient les limites de production, mais ont depuis changé d’avis, selon les médias.
Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche suscite également des interrogations sur le niveau d’ambition de la délégation américaine à Pusan. Certains négociateurs se demandent également à quoi sert de rechercher le soutien des États-Unis pour un traité qui risque de ne jamais être ratifié par Washington.
Quelques heures avant l’ouverture des négociations, ONG a remis aux délégués une pétition avec près de trois millions de signatures appelant à un traité juridiquement contraignant.
Les gouvernements peuvent et doivent rédiger le traité exigé par la population.
et qui protégera le monde et la nature maintenant et pour les générations à venir
a déclaré Eirik Lindebjerg, responsable mondial de la politique en matière de plastiques à l’ONG Fonds mondial pour la nature (WWF).