Le romancier Kamel Daoud est accusé d’avoir pillé le récit d’une patiente de son épouse psychiatre pour écrire son dernier roman « Houris », auréolé du prestigieux prix Goncourt. Deux plaintes ont été déposées en Algérie contre l’auteur franco-algérien et son épouse, pour « violation du secret médical » et « diffamation ».
Un « hourra » de courte durée. À peine deux semaines après avoir reçu le très convoité prix Goncourt, l’écrivain Kamel Daoud se retrouve au cœur d’un scandale qui entache son succès. Le romancier est accusé d’avoir volé l’histoire d’un patient à sa femme, qui travaille comme psychiatre, pour son ouvrage “Houris”. L’éditeur affirme de son côté que les personnages du livre sont « purement fictifs ».
Deux plaintes pour « violation du secret médical » et « diffamation »
« Houris » porte la voix canulée d’une femme égorgée le 31 décembre 1999, à l’âge de 5 ans, lors d’un massacre islamiste qui a anéanti un millier de villageois, son père, sa mère et sa sœur en Algérie. Saâda Arbane est algérienne, une canule cache la cicatrice sur sa gorge, comme une empreinte indélébile de la tentative d’égorgement à laquelle elle a survécu, contrairement à sa famille, assassinée dans le village de Tiaret dans les années 1990. Des similitudes qui n’ont pas échappé à cette femme de 31 ans, qui a déposé avec son avocat deux plaintes pour « violation du secret médical » et « diffamation ».
“Dès la parution du livre, nous avons déposé deux plaintes contre Kamel Daoud et son épouse Aicha Dehdouh, la psychiatre qui a soigné la victime (Saâda Arbane, NDLR)”, a déclaré à l’AFP Maître Fatima Benbraham, précisant avoir saisi le tribunal. d’Oran, ville portuaire du nord-ouest de l’Algérie et lieu de résidence de Kamel Daoud et de son épouse. Des plaintes qui portent sur « la violation du secret médical, puisque le médecin (l’épouse du romancier, NDLR) a remis l’intégralité de son dossier de patient à son mari, ainsi qu’à la diffamation des victimes du terrorisme et à la violation de la loi sur le droit national ». réconciliation », qui interdit toute publication sur la période de la guerre civile qui s’est étendue entre 1992 et 2002.
“Son intrigue et son héroïne sont purement fictionnelles”
Saâda Arbane et son avocat ont assuré que leur dépôt remontait au mois d’août, “quelques jours après la parution du livre”, avant l’attribution du prix Goncourt au roman début novembre. « Nous n’avons pas voulu en parler, pour qu’on ne dise pas que nous voulions perturber la nomination de l’auteur au prix », a déclaré Maître Fatima Benbraham.
Un prix qui a fait la joie des éditions Gallimard, dont le nom est depuis apposé sur la célèbre bannière rouge « Prix Goncourt 2024 ». L’éditeur a également dénoncé lundi les « violentes campagnes diffamatoires orchestrées par certains médias proches d’un régime dont personne n’ignore la nature » à l’encontre de l’écrivain depuis la parution du roman. “Si Houris s’inspire des événements tragiques survenus en Algérie lors de la guerre civile des années 1990, son intrigue, ses personnages et son héroïne sont purement fictionnels”, estime Gallimard. Kamel Daoud, de son côté, n’a pas répondu à ces accusations.
Ce n’est pas la première fois qu’un écrivain est confronté à la justice pour des raisons similaires. Christine Angot a par exemple révélé dans son roman « Le Marché des amants » la vie privée de l’ancienne petite amie de son compagnon et a dû indemniser cette dernière à hauteur de 10 000 euros.