Les lumières de Noël, pas toujours un cadeau

Pour Dominique Le Sage, de Morin Heights, les guirlandes lumineuses récalcitrantes sont en première place.

Ce qui me stresse chaque année, même si j’adore Noël, c’est vraiment les lumières qui ne fonctionnent pas. Chaque année, nous avons deux ou trois ensembles qui ne marche pas. On jette, on achète à nouveau. C’est un gaspillage d’argent et de plastiquedit-elle.

Dominique Le Sage and her partner, Jacques Gauthier.

Photo : Radio-Canada

Son compagnon, Jacques Gauthier, n’a cependant pas ménagé ses efforts pour égayer l’entourage de sa chère Dominique. Arbres et bosquets scintillent de mille feux, et trois jolies étoiles ornent la façade de la maison.

Jacques est venu à mon secours, dit-elle les yeux brillants. Il lui fallut cinq heures pour effectuer ces réparations. Un saint homme, ce Jacques.

Malgré son travail acharné, certaines sections dûment inspectées ont disparu, dont l’une des trois étoiles. Pourtant toutes les lumières se sont allumées quand je les ai installéesil soupire.

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Jacques Gauthier a eu du mal à allumer toutes les ampoules de ses guirlandes de Noël, en vain.

Photo : Radio-Canada

Autopsie

Au nom de la science, le couple nous a fait don de leurs guirlandes lumineuses défectueuses. À l’Université de Sherbrooke, Audrey Corbeil Therrien et Marie-Josée Gour, professeures à la Faculté de génie, ont procédé à une autopsie. Ampoules LED, fils et connectiques : tout y est.

Nous n’avons constaté aucune rupture dans les fils, explique Audrey Corbeil Therrien. Il a été confirmé que les ampoules fonctionnent. Par contre, nous avons découvert dès le départ, en démontant les ampoules, qu’il y avait de la corrosion à l’intérieur. Les connecteurs des ampoules étaient fortement corrodés. Nous en sortirions et tout s’effondrerait.

Lorsqu’il y a corrosion, le courant ne circule plus. Et comme ces ampoules sont connectées en série, c’est là que commencent les problèmes des consommateurs. L’ampoule ne s’allumera pas et toutes les autres ampoules de la section ne s’allumeront pas non plus.ajoute le spécialiste.

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Marie-Josée Gour et Audrey Corbeil Therrien sont professeures à la Faculté de génie de l’Université de Sherbrooke.

Photo : Radio-Canada

Marie-Josée Gour est surprise des résultats de son analyse. Je ne pensais pas voir ce type d’échec dans les lumières de Noël. C’est élémentaire, mais la façon dont vous mettez tout cela ensemble peut être critiquedit-elle.

Est-il possible d’améliorer le produit ? Oui, répond-elle. Mais le consommateur sera-t-il prêt à payer pour cette amélioration ? Je ne sais pas.

Dominique Le Sage est méfiant. Si je suis assuré que c’est une vraie qualité, je suis prêt à payer un peu plus, mais en même temps, je ne veux pas que les gens soient ambitieux à quel point c’est mieux.

>Bannière La facture.>

Pas le choix : il faut payer !

Nous reprenons la route avec nos guirlandes défectueuses en direction de Joliette, chez Leblanc Illuminations, entreprise spécialisée dans les décorations de Noël à grande échelle. L’atmosphère magique de nombreux centres-villes et centres-villages porte la signature de cette entreprise.

Nous achetons également nos bulbes en Asie, mais selon notre propre cahier des charges, précise le directeur général, Jean-François Hénault. Notre [ampoules] Les LED sont soudées directement au fil de cuivre et encapsulées dans une gaine pour les rendre totalement résistantes aux intempéries.

>>Jean-François Hénault devant les décorations de Noël illuminées.>>

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Jean-François Hénault is general manager of Leblanc Illuminations.

Photo : Radio-Canada

Leblanc Illuminations ne concurrence pas les grands magasins. Ses décors flamboyants sont destinés aux commerces et aux municipalités. Au détail, ses guirlandes vaudraient le double du prix des guirlandes bon marché proposées à mi-hauteur dans les rayons des magasins. On va parler de 75$ pour dix mètres de guirlande, soit une trentaine de piedsprécise-t-il.

En examinant nos guirlandes défectueuses, il a immédiatement découvert leur faiblesse. Je me méfierais de ces produits dont les ampoules ne se détachent que par pression [les ampoules miniatures de type M5]. J’irais plutôt vers des produits où les ampoules sont vissées [de type C9]ou encore des LED encapsulées et soudées sur le câble électriqueil conseille.

>>Une petite ampoule amovible.>>

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Une ampoule miniature de type M5.

Photo : Radio-Canada

Pour trouver des ampoules dévissables de type C9 en magasin, il faut se pencher ou lever la tête dans le rayon des ampoules. Ils sont plus chers mais plus durables ; on peut donc croire qu’au fil des années, les consommateurs en auront pour leur argent.

>>Une ampoule à visser de type C 9.>>

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Une ampoule à visser de type C9.

Photo : Radio-Canada

Les ampoules dévissables de type C9 que nous avons examinées en magasin présentent un grand avantage : elles sont connectées en circuit parallèle. Si l’un d’eux s’éteint, les autres resteront. Dans la période critique des préparatifs des fêtes, ça change tout !

Coût environnemental

Ce qui est très dommage c’est qu’à cause de la casse, les gens vont jeter leurs guirlandes. Pour l’environnement, nous reviendronsdéplore la professeure Audrey Corbeil Therrien.

Jetées à la poubelle ou, pire encore, dans la poubelle de recyclage (conteneurs, emballages et imprimés uniquement), les guirlandes finiront au même endroit : la décharge.

En les amenant dans un écocentre, il est plus probable qu’ils soient vendus au poids à un courtier pour la valeur du fil de cuivre. Dans le meilleur des cas, les guirlandes retourneront en Asie, où le cuivre et le plastique seront recyclés.

>>Une guirlande lumineuse multicolore.>>

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Il existe plusieurs types d’ampoules de Noël sur le marché.

Photo : Radio-Canada

Dans le monde, trois milliards de dollars de lumières de Noël sont exportées chaque année, selon le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies.

Et ça pèse beaucoup : 240 000 tonnes ! Le Canada à lui seul a importé pour 27 millions de dollars de guirlandes en 2023.

Et nos droits dans tout ça ?

Le couple Gauthier-Le Sage a parfois l’impression que leurs guirlandes sont conçues pour ne pas durer. Un complot ourdi par le grand capital dans le but de nous faire dépenser toujours plus ?

Même s’il est tentant de le penser, les spécialistes du domaine ont tendance à croire que les produits sont fabriqués pour être les moins chers possible, car les consommateurs recherchent d’abord un bon prix.

>>Photos de leurs visages dans un sapin de Noël.>>

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Dominique Le Sage et son partenaire Jacques Gauthier adorent le temps des fêtes.

Photo : Radio-Canada

Si vous êtes comme tout le monde, pris dans le tumulte des fêtes, les guirlandes lumineuses ne sont pas un achat éclairé mais plutôt un achat rapide.

Voici quelques conseils tirés de notre rapport :

  • Conservez soigneusement les factures et le recto des cartons. Agrafés ensemble, ils vous seront très utiles en cas de besoin de retourner le produit. On déballe le carton, on le jette et on ne se souvient plus où on a acheté les luminaires. Cela complique la situationobserves Dominique Le Sage.
  • Même si la garantie du fabricant a expiré, vous pourrez toujours obtenir un remboursement ou un échange. Selon la loi, en fonction du prix payé, vous pouvez vous attendre à ce qu’un produit soit utilisé pour un usage normal pendant une durée raisonnable. Si une panne vous semble prématurée, signalez-le au commerçant.
  • Jetez un œil aux garanties. Certaines guirlandes sont garanties dix ans, d’autres un an. C’est un indicateur de la confiance du fabricant dans son produit.
  • Pensez à acheter des guirlandes lumineuses avec des ampoules dévissables. Vous pouvez ajouter des joints, vendus séparément pour quelques dollars. Certes, elles n’ont pas le même aspect que les guirlandes ultra fournies en mini-ampoules, mais elles sont plus durables.
  • La sophistication a un prix. Les guirlandes lumineuses programmables, qui offrent plusieurs modes d’éclairage, sont plus chères et comportent plus de pièces susceptibles de se briser. Optez pour la simplicité.
  • Séchez vos guirlandes. Après les Fêtes, je les rapporte et les laisse à température ambiante, à l’air libre, pendant trois ou quatre jours dans mon salon avant de les ranger dans mon bac de plastique, raconte la professeure Audrey Corbeil Therrien. S’il y a beaucoup d’humidité dans le réservoir, la corrosion a le temps de faire son œuvre.
  • Si vous n’êtes pas trop pointilleux, achetez vos luminaires après les vacances. Il y a moins de variété mais de bons prix.
  • L’important est l’étanchéité à la poussière et aux liquides. Si par miracle, l’emballage indique un indice de protection (IP) des ampoules, c’est une information utile pour connaître l’étanchéité du produit. En extérieur, l’indice de protection minimum est IP44. Plus le chiffre est élevé, plus il est étanche.
  • Les normes CSA, CUL et CE sont un indice non pas de durabilité mais plutôt de sécurité électrique.

Certains commentaires ont été légèrement modifiés par souci de concision et de clarté.

Le reportage du journaliste François Sanche est présenté dans l’émission La facture Mardi à 19h30 (EST), samedi à 12h30 sur ICI Télé et dimanche à 17h30 sur ICI RDI.

 
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