«On avait peur, on n’était pas préparés»… Nouveau leader, Nicolas Lunven a fait flipper son équipe

«On avait peur, on n’était pas préparés»… Nouveau leader, Nicolas Lunven a fait flipper son équipe
«On avait peur, on n’était pas préparés»… Nouveau leader, Nicolas Lunven a fait flipper son équipe

La prochaine fois que vous prendrez un mauvais chemin sur votre itinéraire de vacances, restez calme et rassurez votre partenaire : « Oui, nous avons dévié de la route principale, mais ce n’est pas grave, cela nous permettra d’arriver avant tout le monde. » Face à l’expression dubitative de votre copilote, n’hésitez pas à sortir la carte joker de votre poche : « Nous allons faire comme Nicolas Lunven sur le Vendée Globe. »

Ce jeudi en fin d’après-midi, le skipper d’Holcim-PRB est devenu le nouveau leader de la course autour du monde, avec une quinzaine de milles d’avance sur Yoann Richomme, toujours aux avant-postes depuis le départ des Sables-d’Olonne, Dimanche. Tout le contraire de Lunven, qui s’est même classé avant-dernier au passage du cap Finisterre, au large du Portugal, il y a deux jours.

Nicolas Lunven à l’extrême gauche.– Paprec-Arkéa

Pour éviter les désagréments du dispositif de séparation du trafic (DST) au cap Finisterre, le Breton a décidé de mettre le cap vers l’ouest. Très très ouest, au point de voir presque la Statue de la Liberté. « Je ne voulais vraiment pas prendre de risques », expliquait Lunven à Classe Imoca. Le passage interne du DST semblait trop risqué la nuit, avec toutes les manœuvres, le vent, le trafic côtier et les cargos. J’ai donc opté pour un itinéraire plus sûr, même s’il était légèrement moins favorable. »

Le roi de la météo

Le petit coquin n’avait pas du tout prévenu son équipe de cette option, faisant un peu flipper tout le monde sur le terrain. « Au sein de l’équipe, on avait un peu peur, nous confie Baptiste Chardon, directeur technique d’Holcim-PRB. Mais on s’est dit que globalement, au niveau météo, il était clairement plus fort que nous. C’est sûr que c’est quelque chose qu’il a préparé, mais en tout cas, nous, l’équipe technique, ce n’est absolument pas quelque chose qu’on a préparé avec lui. »

Avec des vents moins forts, une distance de 230 milles des côtes, et un problème de safran qui l’a obligé à s’arrêter pendant deux à trois heures, on imaginait Nicolas Lunven partir pour un tour du monde difficile. Non. Après avoir fait cap vers le sud, pour éviter de se retrouver sur les plages de Cancun, le skipper a emmené toute la flotte vers l’ouest. Par quel miracle ?

« « L’avantage c’est qu’il n’a eu qu’à faire un ou deux empannages [une manœuvre qui permet de changer de bord en vent arrière]puis après une longue ligne droite, détaille Baptiste Chardon. Charlie Dalin, je pense qu’il a fait 16 ou 17 empannages en vingt-quatre heures. À un moment donné, un empannage prend vingt-cinq minutes, il faut tout ranger, c’est fatiguant, c’est l’usure. Même si c’était moins rentable sur le routage, Nico s’est simplifié la vie. » »

On préserve le bateau, mais…

Au point que cette « ligne droite » lui a permis d’établir le record de milles parcourus en vingt-quatre heures pour un Imoca : 546,6 milles marins (soit 1 012,3 km) et une première place, étant cette fois celle des plus à l’est du continent. flotte, un jour plus tard, devant Richomme, Dalin ou Ruyant. Suffisant pour avoir des ambitions de victoire finale ? « Je pense que la philosophie de Nico est d’essayer de préserver la monture, poursuit le directeur technique. Les Anglo-Saxons ont une belle phrase, ils disent «pour finir premier, tu dois d’abord finir» (pour finir premier, il faut finir premier). »

Mais on n’est pas à l’abri d’une autre trajectoire folle du Breton. Et si sur la carte de course vous voyez un bateau s’éloigner de la compétition, vous pouvez être presque certain qu’il s’agit de l’Imoca de Nicolas Lunven. « Il ne faut pas oublier que Nico est un compétiteur, conclut Chardon. Ce n’est peut-être pas celui qui tire le plus le bateau comme un fou. En revanche, en ce qui concerne la météo, je pense que c’est incroyablement fort. Donnez-nous des rafales de vent à l’opposé de la course et nous rirons un peu.

 
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