Faire dormir des adolescents dans des chambres sans fenêtres, avec des rideaux au lieu de murs : le ministère de la Santé et des Services sociaux a violé les droits des jeunes de la DPJ hébergés dans des unités de débordement inadéquates, tranche la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse ( CDPDJ) suite à une enquête.
Publié à 10h36
Mis à jour à 10h48
Cette dernière “démontre notamment que les jeunes ont été exposés à des conditions de vie inadéquates marquées par une proximité excessive, un manque d’intimité et des aménagements déficients”, lit-on dans le document rendu public jeudi matin.
L’enquête de la CDPDJ a été lancée en 2022 suite à la publication d’articles dans les médias, selon lesquels des jeunes pris en charge par la protection de la jeunesse dormaient dans des espaces sans fenêtres et séparés par des panneaux ou des rideaux, faute de place ailleurs.
Dans sa synthèse des conclusions et recommandations, datée de novembre 2024, la CDPDJ mentionne également des unités d’hébergement sans cuisine, où les enfants sont nourris avec des repas surgelés ou des repas instantanés.
Selon la Commission, le CISSS de la Montérégie-Est avait entrepris des démarches pour améliorer les services. Mais l’enquête démontre un « manque de réponse aux demandes de financement ». [de la part de Québec] pour la création de nouvelles places d’hébergement, ce qui conduit à la réutilisation fréquente de ces unités temporaires face à une demande accrue.
Des mineurs y sont hébergés « dans des conditions de grande proximité et d’absence d’intimité pour des durées pouvant varier de quelques jours à quelques semaines » depuis décembre 2021.
« La DPJ a contacté le MSSS et l’a informé de la situation et de ses besoins de financement pour 107 places dans un centre de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation depuis 2020. […] La situation perdure alors que ses demandes restent sans réponse ou à l’étude par le MSSS depuis plusieurs mois», révèle le document d’enquête.
« Les conditions d’hébergement des jeunes doivent respecter leur bien-être et leur besoin d’intimité, et ne pas être dictées par le manque de ressources ou des solutions temporaires inadéquates. La Commission fera les suivis nécessaires pour déterminer l’état actuel de la situation et s’assurer que les jeunes se trouvent dans un environnement approprié », a déclaré Suzanne Arpin, vice-présidente de la Commission responsable du mandat jeunesse, dans un communiqué. de la presse.
La CDPDJ fait trois recommandations au ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. Elle demande que de tels unités de trop-plein ne soient plus utilisées, que Québec évalue les impacts sur les enfants des enjeux soulevés avec cela pour s’assurer que leurs droits soient respectés et que le ministre s’engage auprès de la commission, d’ici trois mois, à mettre en place des mesures en Montérégie.