Haroun Bouazzi, un élu de Québec Solidaire, doit expliquer publiquement certains des propos qu’il a tenus au début du mois.
Plus précisément au Gala d’Excellence de la Fondation Club Avenir, vénérable organisation à but non lucratif œuvrant pour « l’intégration des communautés maghrébines dans la société d’accueil ».
Le député de Maurice-Richard a affirmé voir « chaque jour à l’Assemblée nationale » la mécanique du racisme, « la construction de cet Autre […] qui est maghrébin, qui est musulman, qui est noir, qui est indigène et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure.
Ayant également été quotidiennement à « Assnat », je me demande vraiment à quoi fait référence M. Bouazzi.
Calomnier
Son raisonnement faisait état d’un prétendu double langage. Lors de la polémique autour de l’école de Bedford, les responsables du climat toxique auraient été définis comme des « Maghrébins » et leur culture désignée comme un « danger ». Alors que dans un autre cas, celui des éducateurs d’un centre jeunesse de la Cité-des-Prairies (neuf éducateurs accusés d’avoir eu des comportements inacceptables auprès de mineurs), l’origine de ces derniers n’a pas été évoquée.
Nous sommes entourés de calomnies. Tout d’abord, les deux cas sont complètement différents. Dans le premier cas, la religion est un élément déterminant. Deux rapports l’ont démontré. Dans l’autre, pas du tout.
Ensuite, tous ceux qui ont parlé de Bedford se sont bien gardés de mettre tous les Maghrébins dans le même sac ! Marwah Rizqy du PLQ. Ministre Bernard Drainville. Et PSPP : « Les enseignants qui ont voulu résister à cet entrisme religieux, ce sont des Maghrébins !
Bouazzi a préféré suggérer que tous les Maghrébins ont été diabolisés. Fort de son aura de député, devant un parterre de personnes réunies par une organisation désireuse de construire des ponts, il a sciemment cherché à les briser en alimentant une méfiance, voire un sentiment de rejet, à l’égard de la « société d’accueil ».
Nous devons nous parler
De telles fausses déclarations auront pour effet de décourager plusieurs membres des communautés maghrébines d’entretenir des liens avec ceux que l’on appelle désormais les « Kebs ».
C’est ainsi que nous produisons et encourageons des réflexes de repli comme ceux qui animaient le groupe de tendance islamiste de l’école de Bedford.
Pour travailler dans la direction opposée, différentes personnes ont besoin de se parler et de se fréquenter dès leur plus jeune âge.
Grâce, par exemple, à cette initiative extraordinaire dont un lecteur m’a parlé récemment : le programme Correspondance scolaire. Cela semble trivial, mais c’est merveilleux.
Hier, j’ai contacté Isabelle Bergeron, une enseignante de la région de Nicolet qui a fondé, il y a six ans, ce programme par lequel des élèves de différents endroits correspondent en français, par la poste.
Par exemple, des étudiants de Côte-des-Neiges ont échangé des lettres manuscrites avec des jeunes de Nicolet. Par la suite, ils sont venus visiter la région. Dans ce groupe de 25 jeunes, un seul avait déjà quitté l’île ! « Je voulais qu’ils comprennent qu’en dehors de l’île, ils sont toujours chez eux et nous voulons qu’ils se sentent chez eux. » Je vous en reparlerai.