la « Balance », comme un poisson chez LVMH

la « Balance », comme un poisson chez LVMH
la « Balance », comme un poisson chez LVMH

P.petites combinaisons et compétences relationnelles. Les aventures de « Squale », l’ex-maître-espion de Nicolas Sarkozy, dans le monde des grands patrons n’ont pas la splendeur de celles de Georges Smiley, le héros de John le Carré. Ils seront examinés par le tribunal correctionnel de Paris à partir de ce mercredi 13 novembre et jusqu’au 27 novembre.

L’ancien patron de la DCRI répondra de onze chefs d’accusation, dont « trafic d’influence » et « atteinte au secret défense »

Bernard Squarcini, l’ancien patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, transformée en Direction générale de la sécurité intérieure, la DGSI, en 2014, le contre-espionnage français), répondra de onze chefs d’accusation, dont “abus de confiance”. , « trafic d’influence », « compromission du secret défense ». A ses côtés, dix autres prévenus, dont des policiers, des dirigeants de sociétés de renseignement économique, mais aussi un haut responsable de LVMH et un préfet, Pierre Lieutaud, ancien numéro 2 du coordonnateur national du renseignement (CNR). Alors que l’ancien policier, qui bénéficie de la présomption d’innocence, nie avoir commis des délits, les juges d’instruction divisent cette affaire tentaculaire, qui s’étend de 2008 à 2016 et fait soupçonner une pratique habituelle de détournement de moyens de renseignement intérieur à des fins privées. fins, en quatre parties.

Épisode 1 : Les services secrets de Bernard Arnault

Fin 2008, l’entourage de Bernard Arnault est en pleine effervescence. Dans des messages adressés au PDG de LVMH, un homme affirme détenir des photos compromettantes du milliardaire et réclame 300 000 euros. Bernard Arnault, soucieux sans doute d’éviter toute publicité à cette affaire, n’a pas porté plainte. Mais, en décembre, sur ordre de Bernard Squarcini, grand patron de la toute jeune DCRI, une dizaine de policiers ont été mobilisés pour se cacher devant les cybercafés et filer un homme soupçonné d’être à l’origine du chantage. En une semaine, les contre-espions ont identifié les auteurs, dont les noms ont été livrés à… LVMH. Qui va s’empresser de tenter de régler l’affaire en interne, impliquant un ancien commissaire divisionnaire à la retraite recruté par la multinationale.

Sur place, certains policiers se sont interrogés sur cette mission top secrète dont l’ordre venait « de très haut »

Bernard Squarcini a indiqué avoir effectivement été alerté d’une « tentative de déstabilisation » par Pierre Godé, secrétaire de Bernard Arnault et numéro 2 du groupe. Quant au PDG, il a assuré n’avoir jamais entendu parler de l’initiative de son adjoint. Ce qui ne dira jamais le contraire puisqu’il est décédé en 2018.

Bernard Squarcini estime avoir agi dans le cadre de la mission de la DCRI, qui consiste notamment à défendre les intérêts économiques du pays. Mais sur place, certains policiers rompus aux missions antiterroristes ou de contre-espionnage se sont interrogés sur cette mission top secrète dont l’ordre venait « de très haut » mais n’était enregistré nulle part et qui ressemblait davantage au travail d’un détective privé. . Les juges partageaient cet étonnement, déplorant que « les intérêts fondamentaux de la nation ne[aient] pourrait être pleinement protégé lors de cette mission officieuse, une partie du personnel étant occupée à satisfaire des intérêts privés.

Épisode 2 : proximité présumée avec les réseaux corses

En 2010, le parquet de Nanterre ouvre une enquête sur le cercle Wagram. Comme beaucoup d’autres cercles de jeux parisiens, il avait été repris par le grand banditisme corse. Bernard Squarcini, qui a des relations dans le milieu corse, s’intéresse de près à l’enquête menée par ses confrères du Service central des courses et des jeux (SCCJ). Il est notamment soupçonné d’avoir cherché à éviter une perquisition en son absence du gérant du bar du cercle Wagram, dont il est proche.

“Il faudrait les infiltrer”, suggère Pierre Godet à Bernard Squarcini, ignorant que son interlocuteur est sur écoute

Est-ce pour cela que le policier du SCCJ qui a placé la jeune femme en garde à vue a été mis sur écoute sur ordre de Squarcini ? Simple enquête liée à des soupçons d’infiltration par le Mossad, le renseignement étranger israélien, a répondu l’ancien patron des contre-espions. Les juges n’étaient pas convaincus. D’autant que la jeune femme a ensuite été recrutée dans l’entreprise privée de Bernard Squarcini.

Épisode 3 : « Squale » face à « Fakir »

En 2012, le parcours policier de Bernard Squarcini, connu pour être proche de Sarkozy, n’allait pas résister au changement de majorité. Comme beaucoup d’anciens « grands flics », il fonde ensuite une lucrative société de conseil en sécurité appelée Kyrnos. Son principal client ? LVMH, qui dans quelques années lui versera des centaines de milliers d’euros pour ses services.

“Tu es fort!” Vous avez réussi à faire travailler le coordinateur national du renseignement à votre avantage ! »

Il faut dire que depuis 2013, les salariés de la multinationale nourrissent quelques inquiétudes face à un groupe de militants constitué autour du journal « Fakir » et de son fondateur, le futur député François Ruffin, qui compte semer la zizanie lors de l’assemblée générale des actionnaires. . « Il faudrait les infiltrer », suggère Pierre Godé à Bernard Squarcini, ignorant que son interlocuteur est sur écoute. Avec l’aide de pharmacies sous-traitantes, des taupes sont placées au sein de la rédaction. Emails internes, trombinoscopes… Rien n’échappe aux hommes de LVMH et le projet de journal touche à sa fin. Époustouflé, Pierre Godé en redemande, sans se soucier de la légalité de la démarche. D’autant que Ruffin, affublé de son t-shirt « I Love Bernard », prépare un documentaire sur le big boss. Et personne n’imagine que le film sera un panégyrique ! Hélas, cette fois, l’opération de surveillance va tourner au fiasco et figurera au cœur du documentaire du militant intitulé « Merci patron ! « .

Épisode 4 : une tournée des « petits gars blancs »

Même après son départ, Bernard Squarcini était à l’aise dans le monde du renseignement. Le maître espion devenu un as du stratagème n’hésite pas à faire appel à ses anciens confrères. A la DCRI, une secrétaire répond toujours aux demandes de Squarcini. Et il y a rarement un ancien collègue qui lui refuse la consultation d’un dossier secret défense ou l’envoi d’une information sur des affaires en cours, voire d’une note. “Tu es fort!” Vous avez réussi à faire travailler le CNR à votre bénéfice ! », s’exclame le numéro 2 de l’organisation, ignorant également que d’autres policiers ont placé l’écoute électronique « Scale ».

En quittant le service, Bernard Squarcini avait également emporté quelques « souvenirs » : des notes sur le terrorisme islamiste mais aussi sur les affaires Takieddine, Gaubert… Au printemps 2013, en pleine affaire Cahuzac, Bernard Squarcini propose à ses amis Sarkozy le transmission d’un « petit bonhomme blanc ». Cette expression désigne une note non signée des services de renseignement, de fiabilité incertaine. La note, dont Bernard Squarcini conteste le caractère confidentiel, affirme que les fonds cachés en Suisse par le ministre du Budget étaient destinés à financer la campagne de Dominique Strauss-Kahn. Ravi de sa prise, le « Squale » l’a également transmise à la secrétaire de Bernard Arnault.

LVMH a préféré payer plutôt que paraître

Dix millions d’euros. Il s’agit du montant de l’amende payée par la société LVMH dans le cadre d’un accord conclu avec la justice. Dans ce système, la multinationale du luxe a reconnu son implication dans certains aspects de l’affaire. Mais elle s’est épargnée les désagréments d’une comparution devant le tribunal correctionnel.

 
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