(Lévis) Tous les candidats à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) s’entendent sur la nécessité d’assouplir la Charte de la langue française. Une position qui n’inquiète pas leur chef par intérim quant à sa capacité à reconquérir l’électorat francophone.
Publié à 10h49
Mis à jour à 14h30
Ce débat a été relancé par des militants libéraux qui, la veille, s’étaient prononcés en faveur de l’adoption d’une constitution québécoise.
La Charte de la langue française y serait enchâssée, mais aussi modifiée au passage pour supprimer des articles ajoutés par le gouvernement Legault dans le cadre de sa réforme du texte législatif plus connu sous le nom de « Loi 96 ».
Si la proposition des députés n’engage pas formellement le prochain chef du parti qui sera élu en juin prochain, tous les candidats au poste y sont favorables.
Le député Frédéric Beauchemin et l’ancien ministre fédéral Pablo Rodriguez ont tous deux indiqué dimanche vouloir lever le gel des inscriptions dans les cégeps anglophones. C’est l’une des mesures introduites par la « loi 96 », entrée en vigueur en 2022.
Le premier dit avoir un « enjeu » avec cet aspect précis puisqu’en tant que père : « Ce que j’aurais aimé, c’est envoyer mes enfants au cégep de leur choix, pour qu’ils puissent aller dans l’université de leur choix.
Pablo Rodriguez supprimerait également la clause obligeant les nouveaux arrivants à recevoir les services de l’État en français au plus tard six mois après leur arrivée au Québec.
Il juge ce retard « pas forcément évident », même s’il reconnaît avoir lui-même appris très vite la langue de Molière en « enfant de la loi 101 ». « Une chose que j’ai compris, c’est que si je n’apprenais pas le français, je n’aurais pas beaucoup d’amis, alors je me suis démené », confie-t-il.
Loi « ferraille » 96
S’il gardait le Loi sur la laïcité de l’Étatconnu sous le nom de « Projet de loi 21 », l’ancien maire de Montréal Denis Coderre a déclaré pour sa part qu’il comptait « abandonner » le « Projet de loi 96 » s’il était porté au pouvoir.
L’ancien président de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, juge pour sa part que la réforme du gouvernement Legault comporte des « enjeux majeurs » pour les entrepreneurs, particulièrement lorsque vient le temps de démontrer qu’il est essentiel d’embaucher un employé bilingue. .
“Nous devons nous interroger sur l’efficacité et la pertinence de tout cela”, a-t-il déclaré.
Alors que le Parti libéral a beaucoup souffert de la part de l’électorat francophone lors des dernières élections générales, le chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay, ne s’inquiète pas du message envoyé par les candidats.
« Il est important de travailler sur un bon équilibre, de travailler sur ce qui fonctionne et de laisser de côté tous les éléments qui ne fonctionnent pas », dit-il.
Pour un ordre d’enseignants
Non sans débat, des militants libéraux se sont également prononcés dimanche pour la création d’un ordre professionnel des enseignants.
Cette idée, souvent évoquée dans le débat public, mais n’ayant jamais abouti, a été mise sur le devant de la scène par la controverse de l’école de Bedford. Un noyau d’enseignants y avait créé un climat toxique et bloqué l’accès aux services spécialisés pour les élèves en difficulté, révélait une enquête du ministère de l’Éducation en octobre.
Charles Milliard a été le premier à s’exprimer en faveur de la création d’un tel ordre des enseignants, il y a deux semaines.
“Le métier d’enseignant est une édredon très complexe et la création d’un ordre nécessitera beaucoup de négociations”, a-t-il reconnu dimanche. Or, cela est essentiel pour garantir « la conformité du programme scolaire » à travers la province.
Son adversaire Frédéric Beauchemin s’est montré ouvert à la création d’un tel ordre selon « la structure qu’il prendrait ».
Or, il existe déjà plusieurs mécanismes pour contraindre les enseignants à respecter leurs obligations professionnelles et les sanctionner si ce n’est pas le cas, a rappelé une militante au micro lors des débats. Y compris « les parents, les centres de services scolaires, les commissions scolaires ».
Une position soutenue par le candidat à la direction Marc Bélanger qui a jugé « inutile » un ordre des enseignants. Car contrairement à d’autres professions régies par des ordres professionnels, comme les avocats, les enseignants ont des superviseurs « à qui vous pouvez vous adresser si vous avez une plainte ».