Lors des commémorations du 80e anniversaire du Débarquement, ce jeudi, l’un des invités d’honneur était le président ukrainien Zelensky qui effectue aujourd’hui une visite officielle en France. Il doit rencontrer Emmanuel Macron à l’Élysée. Mais au fond, que cherche Zelensky à Paris ?
La guerre et la poursuite de la politique par d’autres moyens, écrivait au XIXe siècle le célèbre stratège prussien Carl von Clausewitz. Mais on peut aussi inverser la phrase, comme l’a fait le philosophe français Michel Foucault. C’est la politique qui est la continuation de la guerre par d’autres moyens. En fait, les deux formules sont vraies et étroitement liées. Et c’est à la lumière de cette analyse que l’on peut comprendre le rapprochement très net qui s’opère entre Paris et Kiev.
Un coup de tonnerre dans le ciel médiatique français
Que recherche Zelensky à Paris ? Premières armes. L’annonce faite par Emmanuel Macron jeudi soir de vendre le Mirage 2000 a résonné comme un coup de tonnerre dans le ciel médiatique français. Mais il faudra six mois pour former les pilotes. Et ces avions ne seront disponibles qu’à la fin de l’année. Par ailleurs, les Mirage 2000, opérationnels depuis 25 ans, sont des avions vieillissants, de plus en plus remplacés en France par le Rafale. Mais Macron n’a pas proposé de Rafale. Par ailleurs, cette offre vient, après celle de plusieurs pays de l’Otan, fournir à l’Ukraine des F-16, un avion équivalent.
Alors merci Paris, mais ce n’est pas le principal. Il y a aussi cette annonce récurrente d’Emmanuel Macron de fournir à terme des troupes au sol, même si au départ ce ne sont que des instructeurs. Cette proposition a déclenché une crise entre la Russie et la France, les Russes menaçant de bombarder ces éventuels instructeurs. Quant aux murs de Moscou, ils étaient recouverts d’affiches évoquant la Bérézina et la défaite de Napoléon face aux Russes en 1812.
Que se passera-t-il lorsque la politique prendra le pas sur la guerre ?
Les alliés occidentaux, européens mais aussi surtout américains, sont capables de protéger l’Ukraine, de lui donner les moyens de résister à la poussée russe et même de frapper la Russie sur son territoire. Mais jusqu’où sont-ils prêts à aller ? Réparer le front avec un armistice ? Reconquérir le Donbass ? Reprendre la Crimée annexée par Moscou en 2014 ? Kiev aimerait que quelqu’un réponde à ces questions. Jusqu’à présent, en vain. Washington, Paris, Bruxelles, Berlin ne veulent pas que la Russie gagne et ont les moyens de l’empêcher.
