Les économistes s’attendent à ce que les parlementaires, de facto soumis au Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir, donnent dans la journée leur feu vert formel à des centaines de milliards d’euros d’aide.
Ces liquidités devraient notamment servir à aider les collectivités locales endettées mais aussi les banques, afin qu’elles puissent faire face aux prêts non performants sur les quatre dernières années.
L’élection présidentielle américaine a évidemment été suivie de près cette semaine par l’exécutif chinois, au moment où les membres de l’organe suprême du Parlement (le « comité permanent de l’Assemblée populaire nationale ») se réunissent à Pékin.
Car Donald Trump a promis d’imposer des droits de douane de 60 % sur les produits chinois importés. Une menace qui, si elle se réalise, risque d’aggraver la situation de l’économie chinoise, déjà aux prises avec une crise immobilière et une consommation atone.
La Chine pourrait donc vouloir amortir l’explosion potentielle avec un traitement de choc économique, des mesures fortes, attendues depuis longtemps par de nombreux analystes.
La réunion parlementaire, initialement prévue fin octobre, a probablement été reportée pour permettre « aux décideurs politiques de réagir à une éventuelle victoire de Trump », estime Lynn Song, économiste à la banque ING.
“Les chances d’avoir un plan de relance plus large augmentent significativement avec une victoire” du candidat républicain, souligne-t-il.
« Pressions »
Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n’est “pas nécessairement une mauvaise chose pour la Chine, car cela pourrait pousser Pékin à prendre des mesures de relance plus importantes”, a déclaré Qi Wang de l’UOB Kay Hian Wealth Management. .
Les médias d’État chinois ont rapporté cette semaine que les législateurs avaient examiné un projet de loi visant à relever les limites d’endettement des gouvernements locaux.
Cette mesure permettrait notamment aux collectivités locales d’emprunter davantage pour acheter des terrains vacants ou des projets immobiliers inachevés, dans le but de sortir le secteur immobilier de la crise actuelle.
Les autorités ont annoncé plusieurs séries de mesures ces dernières semaines pour stimuler l’activité, notamment des baisses de taux et l’assouplissement des restrictions sur l’achat de logements. Mais de nombreux investisseurs ont critiqué l’absence pour l’instant d’un grand plan de relance chiffré.
La réélection de Donald Trump rend ces mesures encore plus urgentes, selon les analystes. La prudence reste cependant de mise car accumuler de la dette supplémentaire pourrait également déstabiliser les marchés.
“Les mesures de relance pourraient être plus importantes, mais cela veut aussi dire que la pression sera aussi plus forte” en raison des menaces du président élu américain, note Gary Ng, économiste chez Natixis.
Et même avec l’annonce d’un grand plan, “le marché ne pourrait toujours pas se satisfaire de ces stimuli économiques”, souligne-t-il.
Les exportations en hausse
Le Premier ministre chinois Li Qiang s’est déclaré cette semaine « pleinement confiant » dans la capacité de son pays à atteindre son objectif de croissance économique « d’environ 5 % » pour 2024.
Et ce, même si le géant asiatique a connu en juillet-septembre sa plus faible croissance trimestrielle depuis un an et demi (à 4,6%).
Toutefois, des signaux positifs ont été enregistrés récemment.
L’activité des usines a augmenté le mois dernier – une première depuis avril. Les exportations ont également bondi en octobre à leur rythme le plus rapide depuis plus de deux ans, selon les données publiées jeudi.
Mais la Chine ne doit « pas compter sur les exportations pour porter l’économie », prévient Zhiwei Zhang, économiste en chef chez Pinpoint Asset Management.
« Je m’attends à ce que la politique budgétaire soit plus proactive l’année prochaine et devienne un pilier de la croissance », dit-il.