Vidéos sur les réseaux sociaux, déclarations de candidature : l’Allemagne est entrée en campagne électorale après la chute de la coalition d’Olaf Scholz, même si le chancelier résiste toujours aux appels à organiser des élections anticipées rapides.
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08 novembre 2024 – 13h53
(Keystone-ATS) Selon un sondage publié vendredi, les deux tiers des Allemands aspirent à de nouvelles élections sans attendre, renforçant l’opposition qui multiplie les appels en ce sens.
Et 59% des personnes interrogées par l’enquête de l’institut Infratest Dimap se disent satisfaites de l’implosion de la très impopulaire coalition entre les sociaux-démocrates de la chancelière, les Verts et les libéraux du FDP, qui dirige le pays depuis fin 2021.
« Chancelier, cédez ! » », écrit le rédacteur en chef de Bild, le journal le plus lu d’Allemagne.
À la Une, elle s’adresse directement au leader social-démocrate : « Je pense que vous pensez vraiment que vous êtes le seul à pouvoir diriger l’Allemagne. Vous avez peut-être même raison. Seulement, nous, Allemands, n’y croyons plus depuis longtemps. Ce n’est pas Bild qui le dit, mais tous les sondages depuis avril 2022.»
Olaf Scholz ne s’est pas exprimé sur le sujet depuis sa déclaration de mercredi soir annonçant d’une part le limogeage du ministre libéral des Finances Christian Lindner, en raison de profonds désaccords sur la politique économique du pays, et d’autre part son intention de poser la question de confiance à la mi-janvier, en vue d’élections anticipées en mars.
Il a également soigneusement évité de mentionner la crise lors d’une déclaration vendredi avant le sommet des dirigeants de l’Union européenne à Budapest.
Accélérer
Pendant ce temps, la marmite est en ébullition en Allemagne, où les partis se positionnent en vue des prochaines élections. En première ligne, le leader des conservateurs CDU, Friedrich Merz, omniprésent dans les médias.
“Laissons Scholz poser la question de la confiance la semaine prochaine”, a déclaré le dirigeant de 68 ans, qui aurait de bonnes chances de devenir chancelier en cas d’élections.
Un discours d’Olaf Scholz prévu mercredi prochain devant les députés du Bundestag pourrait être une bonne opportunité, a-t-il suggéré, ce que la porte-parole de Scholz, Christiane Hoffmann, a exclu vendredi.
« Les processus démocratiques sérieux prennent du temps. Des élections démocratiques équitables ont des règles et des délais que nous devons respecter », a déclaré le député SPD Dirk Wiese lors d’une séance au Bundestag.
Les sondages créditent la CDU et son allié bavarois CSU avec environ 34% des voix, devant l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’extrême droite.
Si Olaf Scholz n’obtient pas la majorité des voix lors du vote de confiance, ce qui semble inévitable, le président Frank-Walter Steinmeier aura 21 jours pour dissoudre le Bundestag et de nouvelles élections devront avoir lieu au plus tard 60 jours plus tard.
« Pas très responsable »
Christian Lindner, dont le FDP a désormais rejoint le camp de l’opposition, continue de régler ses comptes avec la chancelière, jugeant « irresponsable » sa volonté d’attendre jusqu’en janvier.
Alors que son parti flirte avec les 5 % dans les sondages, il a affirmé vouloir « reprendre (son) poste de ministre fédéral des Finances après les prochaines élections fédérales ».
Du côté des Verts, seul allié restant de Scholz, les préparatifs vont également bon train. Le vice-chancelier et ministre de l’Économie Robert Habeck a annoncé indirectement son entrée en lice via une vidéo postée sur son compte X, réactivé pour l’occasion après environ cinq ans d’absence.
On le voit lire un document. À son poignet se trouve un bracelet inscrit « Kanzler Era » (« l’ère du chancelier »).
“Une auto-proclamation comme candidat à la chancelière avec 9% d’intentions de vote ne manque pas d’humour”, a ironisé Friedrich Merz au leader écologiste.
Mais le leader des conservateurs doit aussi s’attendre à une formation de coalition très compliquée en cas de victoire aux élections, car il rejette toute alliance avec l’AfD (autour de 17-18%). Le SPD (16 %), les Verts et éventuellement le FDP resteront des alliés possibles.
Même Elon Musk, le patron controversé de la plateforme X, proche de Donald Trump, s’est immiscé dans le débat politique national, qualifiant Olaf Scholz de « fou » dans un message en allemand sur son réseau social.