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Cette nouvelle étape juridique de « l’affaire Androcur » cible les délits d’administration d’une substance nocive, d’atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, de mise en danger d’autrui, de non-déclaration d’un effet indésirable et de tromperie aggravée.
SANTÉ – Un « faillite » acteurs en charge de la sécurité d’Androcur. C’est ce que dénonce Amavea, une association de victimes de ce médicament progestatif provoquant des tumeurs cérébrales, qui a porté plainte contre X, mardi 5 novembre.
Révélé par Le mondecette nouvelle étape judiciaire de « l’affaire Androcur » couvre les délits d’administration d’une substance nocive, d’atteinte involontaire à l’intégrité de la personne, de mise en danger d’autrui, de non-déclaration d’un effet indésirable et de tromperie aggravée.
Un médicament prescrit pour l’endométriose
Androcur, une pilule créée pour lutter contre l’hirsutisme (un trouble de la pousse des cheveux), est prescrite par les médecins depuis des années pour lutter contre l’endométriose ou l’acné, mais aussi comme moyen de contraception. Pourtant, dès 2007, les professionnels de santé alertaient sur le risque de méningiome, une tumeur des membranes entourant le cerveau, lié au médicament commercialisé par Bayer. En 2018, des études épidémiologiques ont établi qu’à fortes doses, le risque augmente de 7 après six mois de traitement, et de 20 après cinq ans de prise du médicament.
Pour l’avocat de l’association Amavea et son président, interrogés par l’AFP, « cet excès de risque, identifié par le laboratoire en 2004, a ensuite été reconnu par le cabinet et l’ANSM (agence de sécurité des médicaments, ndlr) en 2008/2009. Cependant, aucune information n’a été communiquée aux professionnels de santé prescripteurs ou aux patients avant 2019. ». Ce n’est qu’en 2011 que le risque de tumeur a été mentionné pour la première fois dans la notice d’Androcur par l’Agence européenne des médicaments.
Déterminer les négligences et établir la responsabilité des acteurs
« Il est désormais évident que les responsables de la sécurité d’Androcur – Agence de Santé, laboratoires, médecins – ont échoué dans la gestion des effets secondaires de ce médicament »écrivent Maître Charles Joseph-Oudin et Emmanuelle Mignaton, la présidente d’Amavea, dans un communiqué accompagnant cette plainte.
« Amavea, représentant des milliers de victimes, souhaite qu’une enquête soit menée pour déterminer les négligences commises et établir la responsabilité des acteurs impliqués »poursuivent-ils en demandant la nomination d’un juge d’instruction. Selon la plainte, « à partir de 1998, des cas de méningiomes étaient régulièrement signalés aux laboratoires commercialisant Androcur ».
Cette année seulement, « La Haute Autorité de Santé et le Laboratoire mettent en œuvre un plan de gestion des risques qui prévoit, entre autres, la diffusion d’informations ciblées auprès des patients prenant Androcur »ils ont critiqué.
Ce n’est pas la première action en justice dans cette affaire. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) fait l’objet de requêtes devant le tribunal administratif de Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Demandé par Le mondel’ANSM n’a pas souhaité commenter.
Les prescriptions d’Androcur ont chuté de près de 90 % entre janvier 2018 et décembre 2023, selon l’ANSM. Fin novembre 2023, moins de 10 000 patients étaient traités par Androcur contre environ 90 000 fin 2017.
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