« Nous sommes en alerte depuis plusieurs jours, et nous le serons encore plusieurs semaines. Nous sommes conscients que s’il y a des gens qui veulent quitter les États-Unis, ils le feront probablement très bientôt», explique le sergent Charles Poirier, porte-parole de la GRC.
Les personnes sans statut qui vivent aux États-Unis risquent de vouloir quitter le pays après l’élection de Donald Trump, dont la politique migratoire est extrêmement sévère.
La GRC a déployé des policiers sur le terrain et élaboré des plans d’urgence pour faire appel à d’autres en renfort, d’un bout à l’autre du Canada, si cela s’avère nécessaire.
« Ce sont des interventions 24 heures sur 24, sept jours sur sept. C’est très exigeant sur nos ressources humaines. Mais cette fois, nous sommes prêts, avec des policiers qui sont prêts à venir nous aider rapidement.»
— Sergent Charles Poirier, porte-parole de la GRC
La logistique est également bien planifiée pour trouver des bus, des tentes, des bâtiments et des terrains temporaires où pourraient s’installer la police et les migrants clandestins interceptés, en cas d’afflux de personnes.
En 2016, la première crise migratoire a pris par surprise la GRC, qui s’est retrouvée parfois à intercepter jusqu’à 500 personnes par jour, après avoir traversé illégalement des États-Unis vers le Canada. Les premières fois avaient été difficiles.
Sur le terrain, les citoyens ont constaté la présence accrue de la police fédérale depuis deux semaines.
En Estrie, un citoyen de la ville frontalière de Saint-Armand, qui ne souhaite pas s’identifier par crainte des passeurs, raconte qu’un véhicule transportant des migrants illégaux a été abandonné près de chez lui à la fin octobre.
« J’ai l’impression que les gens passent la plupart du temps la nuit et qu’ils savent désormais mieux où se trouvent les caméras, ils sont donc plus difficiles à repérer. Mais on sait qu’il y a des passages», dit-il.
Dans les communes frontalières, nous gardons espoir que la frontière soit désormais mieux protégée.
Alors que nous réclamions une rencontre avec lui depuis des mois, le ministre de la Sécurité publique Dominic LeBlanc s’est finalement rendu à Saint-Armand le 22 juillet pour rencontrer la mairesse Caroline Rosetti et les citoyens qui voient souvent des gens traverser sur leur terrain.
«Pour l’instant, nous sommes surtout heureux d’avoir déjà établi des liens avec le gouvernement fédéral. La table est mise, nous sommes en mode surveillance», ajoute-t-elle.
Des États-Unis au Canada… ou l’inverse ?
La crise migratoire de 2016 a conduit à la création du « passage illégal de Roxham Road », où les autorités canadiennes s’étaient installées pour accueillir les demandeurs d’asile. Illégal, mais toléré, Roxham Road a été fermé en février 2023.
Cela a provoqué un renversement de la tendance migratoire : les migrants ont commencé à entrer au Canada par avion, avant de traverser à pied la frontière terrestre vers les États-Unis.
Pour le moment, l’Entente sur les tiers pays sûrs entre le Canada et les États-Unis est toujours en vigueur. Créée en 2004, elle stipule que les demandeurs d’asile doivent le faire dans le premier pays où ils arrivent.
L’été dernier, sans que les autorités comprennent vraiment pourquoi, des migrants ont commencé à traverser illégalement par centaines… du Canada vers les États-Unis.
Jusqu’en août 2024, les personnes arrivées au Canada, mais choisissant de traverser illégalement la frontière, disposaient de 24 heures pour consulter un avocat lorsqu’elles étaient arrêtées par les autorités américaines. Les migrants avaient également le droit de demander du temps pour rassembler des preuves.
En août, un durcissement des règles américaines a changé la donne : les gens n’ont que quatre heures pour consulter un avocat et n’ont plus droit à un délai. Aujourd’hui, les agents des services frontaliers examinent uniquement les documents que les demandeurs d’asile ont sur eux. Depuis trois mois, les traversées entre les deux pays sont ralenties.